TRAGIQUE, CHOQUANT, HORREUR, TRISTESSE NATIONALE, …. Que de superlatifs. Les réseaux sociaux s’affolent. « Ce tremblement intérieur ressenti par tant de nos concitoyens. […] Dès demain une souscription nationale sera lancée. Et bien au-delà de nos frontières […] parce que c’est ce que les français attendent. Parce que c’est ce que notre Histoire mérite. Parce que c’est notre destin profond » annonce (sobrement) le président. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Quelqu’un aurait-il lu les statistiques parlant de la précarité en France ? Lu un article parlant de personnes mortes dans une salle d’attente des urgences, faute de moyens dans la santé publique ? Lu un article évoquant le taux de suicide des policiers ? Vu les conditions des personnes âgées dans les maisons de retraite ? Constaté l’inégalité salariale entre homme et femme ? Constaté une répression des manifestations à coup de LBD?
Et bien non. Tout ce bruit pour des planches en bois qui brûlent. Certes très anciennes. Mais juste un bien matériel. Oui avec une Histoire. Un monument qui rapporte sans doute beaucoup d’argent à Paris. Qui participe au « rayonnement de la France dans le monde entier ». Mais voilà, rien d’irréparable. C’est dommage et regrettable. Mais pas un « terrible drame ». Laissons ces mots aux personnes sans domicile fixe ou aux personnes devant recourir aux services des restaurants du cœur pour nourrir leurs enfants (130 millions de repas pour la 33ème campagne). Et puis nous pouvons compter sur la charité chrétienne de la famille Arnault et la famille Pinault pour lancer la reconstruction. Oui vous savez ces dons déductibles des impôts (et cette magnifique publicité gratuite au passage dans tous les journaux)…. Je n’en doute pas que dans les prochains jours tous nos amis exilés fiscaux feront un joli don pour redorer leur blason et redonner à la France tout son prestige (puis qu’apparemment il ne repose plus que sur les belles vitrines de luxe des champs Élysées, bien mieux protégées que l’arc de Triomphe…).
Aujourd’hui tout le monde se souvient de Victor Hugo. « Quand Victor Hugo évoquait la «grande flamme furieuse» de Notre-Dame de Paris » nous dis le Figaro.
Mais personne ne se souvient de Victor Hugo pour évoquer l’œuvre des Misérables quand le peuple réclame depuis des mois plus de justice sociale. Alors pour rappel, relisons la préface. « Tant qu'il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d'une fatalité humaine la fatalité, qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle : la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans certaines régions, l'asphyxie sociale sera possible ; en d'autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu'il y aura ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci ne seront pas inutiles. »
Et tout cela nous aurait presque fait oublier les annonces prévues de tête de…enfin de Macron quoi. Oui cette grande messe que nous attendions tous hier soir. Celle qui devait changer le destin de la France. Le discours poignant d’un président annonçant une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, un retour de l’ISF, l’instauration du RIC, la suppression de la CSG pour les retraités, un remerciement pour les gilets jaunes pour avoir relancé la fraternité en France et lui avoir montré la marche à suivre… Enfin je n’en doute pas cela n’est que partie remise. Parce qu’après tout, un président qui fait passer un incendie avant le sort des citoyens c’est quand même bien. Il y a un ordre dans les priorités. Non ?