B, comme Brigitte.
B, comme qui fait le BIEN, ce qui est BON
BON, comme "BON-hello", eh oui.
Hello, Brigitte !
A ton tour de nous raconter ton histoire, l'histoire d'une institution policière qui prend l'eau, comme un bateau ivre qui tangue et chavire, un bateau sans nautonier, conduit par un escamoteur qui nous a tous menés en bateau.
Sachez que vous pouvez retrouver toutes les aventures délirantes, mais pas marrantes, de BB sur le site du bureau national de SUD INTERIEUR.
Le texte qui suit n'est pas de moi, mais d'un camarade.
[ Brigitte Bonello est première de cordée.
Elle a décidé d'escalader et vaincre l'imposture administrative qui la malmène. Cette fonctionnaire de la police nationale résiste et se défend depuis des années contre son exclusion du travail dans des conditions très douteuses, au mépris du droit de la fonction publique et de la déontologie médicale.
La lutte sociale est une aventure humaine.
Elle est faite de souffrances mais aussi de rencontres. Reculer à cause des premières, c'est se priver des secondes. La sympathie que l'on croise dans les moments difficiles est sincère, désintéressée, authentique. Elle permet d'accéder à la richesse humaine, diverse mais aussi unique et universelle. La méchanceté fait contraster la bonté. Ce contraste est un moteur puissant, un source d'espérance.
La lutte sociale est une montagne ou un océan.
C'est se heurter à plus fort mais, à la différence de la mer ou la montagne, elle est imposée. Il faut relever le défi ou abdiquer. Brigitte Bonello montre qu'il est possible de persévérer, même privée de revenu. La persévérance permet de vaincre. Le syndicaliste, l'employé, l'ouvrier, le cadre ne se heurtent pas à la nature mais à de l'humain. Si la nature est parfois dangereuse, elle n'est jamais méchante. La nature ne fait pas souffrir par plaisir.
Membre de l'observatoire du stress des entreprises, je vois que l'organisation des entreprises repose sur des concepts critiquables et sanctionnés en droit, dont l'humain est exclu. Le suicide au travail très largement impuni n'est pas fortuit. L'indécence atteint son comble quand l'employeur invoque la vie de famille du disparu pour s'exonérer. L'expression assumée d'un tel mépris est fascitoïde.
Contre la banalisation du mépris au nom de la « croissance ».
Brigitte Bonello a décidé de marcher contre la banalisation de la nocuité arrogante et prétentieuse et la dénoncer au long de sa route, en promouvant le bonheur et la beauté de savoir dire « NON ». Il arrive de dire « oui » par lassitude. « NON » est une affirmation de soi. Un trait de caractère. A la collaboration du « oui », Brigitte Bonello s'est résolument inscrite dans la résistance du « NON ».
La revendication au respect des passagers provisoires du temps.
Certains décident d'arrêter prématurément le voyage et d'autres s'accrochent. C'est dans ce contexte, que Brigitte Bonello a pris contact avec moi et a eu le courage de briser mon isolement de pestiféré de l'administration, laquelle fabriquait des faux pour m'accabler judiciairement. Ce qu'elle a fait, Brigitte Bonello, elle est la seule à l'avoir fait, d'elle-même.
La lutte sociale passe par la rupture de l'isolement.
Nous résistions chacun de notre côté contre l'inertie de la médiocrité et le fascisme mou de l'indifférence. Elle a eu raison de m'appeler. A deux, on est plus fort. Nous avons fait d'autres rencontres. Ces rencontres nous ont confirmé dans la conviction de mener une lutte répondant à un problème profond. Nous nous sommes retrouvés à SUD intérieur (1), qui nous soutient efficacement, là où les autres syndicats majoritaires se sont abstenus d'agir, au bénéfice de ceux qui nous accablent. C'est contre cela que s'attache à combattre tous les jours Brigitte, persévérant dans un effort impressionnant de détermination et d'imagination.
Dénoncer les comportements inadmissibles dans l'administration.
Brigitte Bonello, travailleuse handicapée, a été exclue de son poste de fonctionnaire d'Etat par un stratagème qui manque manifestement à l'impartialité et la rigueur administratives. Cet accommodement sulfureux des institutions avec l'Etat de droit s'est manifesté caricaturalement lors de l'internement psychiatrique de Laurent Cuenca. Cet homme a passé – et souffert arbitrairement - 15 jours en asile psychiatrique selon la fantaisie d'un maire adjoint et d'un secrétaire général de préfecture, démontrant que les abus de pouvoir n'ont aucune limite.
Exclue du ministère de l'intérieur, Brigitte Bonello crée un « ministère de l'extérieur ».
Exclue du SGAP de Lyon, Brigitte Bonello a décidé de s'installer devant la porte de l'immeuble qui abrite le SGAP, avec son propre bureau et sa chaise, qu'elle amenait chaque matin et remmenait le soir, en créant un « ministère de l'extérieur », qu'elle a tenu des années, tous les jours, quelque soit la météo, distribuant des tracts et dénonçant les injustices administratives, inspirant la sympathie aux habitants du quartier.
Un duel déséquilibré relevé tous les jours
La hiérarchie l'a menacée, poursuivie, violentée. Elle a résisté. Je suis admiratif d'une telle persévérance quand on connaît l'étendue des capacités de nuisance de l'administration à l'égard des agents qui déplaisent, pour des raisons inconnues parce qu'illégitimes.
Prendre la route pour élargir la voie étroite de l'intérêt général.
Après deux grèves de la faim dans le hall de l'immeuble du SGAP à Lyon, Brigitte a décidé de rejoindre Paris à pieds pour solliciter un entretien avec Manuel Valls, qui ne lui a pas accordé (2). Le premier ministre dirige l'administration. Manuel Valls ne peut donc marquer son entrée en fonction qu'en accueillant favorablement une demande d'entretien, des plus justifiées, puisque la situation de Brigitte interpelle l'Etat sur sa mauvaise gestion des personnels et l'incidence de cette mauvaise gestion sur les coûts sociaux au mépris de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF).
L'austérité n'est pas légitime, encore moins si la haute fonction publique s'exonère d'une gestion dont le cas de Brigitte Bonello établit la fantaisie coûteuse pour les comptes publics et méprisante pour l'humain.
Prendre la route à la rencontre d'une opinion attendant qu'on passe la voir.
Brigitte a traversé la « diagonale de la misère » des nationales et des départementales, la France ignorée des transhumances autoroutières. Un monde authentique et scandalisé par l'injustice faite à Brigitte Bonello. La solidarité et la générosité naturelles se trouvent dans la main serrée, la parole partagée, le regard croisé. L'humain fait le quotidien et non le « marché ». C'est très sensible dans les instantanés, les portraits qu'a fait Brigitte. Des sourires, des accolades sont le portrait du pays, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs. Il n'y a pas d'altérité dans la nature humaine. Brigitte a marché avec quelques temps de distance sur le même chemin que Jérôme Kerviel. Lui donne lieu à un "feuilleton" construit par les médias, elle ne connaît que leur indifférence.
Dénoncer l'incohérence infractionnelle de la gestion des personnels dans la fonction publique.
Brigitte est un tracteur. Son énergie est phénoménale. Il est dommage que l'administration refuse de tirer le meilleur parti d'une telle fonctionnaire et consacre autant de moyens à la détruire plutôt qu'à lui offrir une place où ses capacités serviraient l'intérêt général. La situation de Brigitte Bonello montre comment l'Etat fabrique lui-même de la précarité et de la misère en détruisant la santé de ses agents.
Une indignation partagée, une revendication amplifiée
La marche de Brigitte et ses rencontres montrent combien sont nombreux les personnes sensibles aux enjeux de la lutte sociale. Il y a de la place pour rejoindre et accompagner Brigitte Bonello. dans une grande marche des gens de bonne volonté, de Marseille à Paris. Il est très décevant qu'en France, au XXI° siècle, il revienne à une femme handicapée et seule de devoir défendre le respect des valeurs et des principes fondamentaux de la République parce que les institutions, censément en charge de les mettre en oeuvre et d'y veiller, persistent à les mépriser manifestement. C'est une honte et les gens complices de cette situation ne méritent que d'être désignés à l'opprobre publique.
Brigitte Bonello est un révélateur des dysfonctionnements démocratiques
L'inertie et l'indifférence des responsables politiques face à l'injustice que vit Brigitte Bonello est un élément d'explication à la mécanique du détournement des instituions au bénéfice de la minorité agissante promouvant l'optimisation immédiate du profit au mépris du bien-être général. La caution silencieuse et l'inertie derrière laquelle s'abritent ceux qui n'agissent pas est le signe de l'abdication du politique face à l'argent. Une telle désertion de ses fonctions est un signe grave de lâcheté.
Je souhaite que ces quelques lignes parviennent à Brigitte et qu'elles lui permettent de rencontrer l'adhésion populaire à la hauteur de ses efforts, pour son engagement, dont bien peu d'entre nous sommes capables. ]
Patrick C.
(1) Lire sur le site du syndicat un résumé des deux affaires : http://www.sudinterieur.fr/2013/09/05/brigitte-bonello-un-autre-exemple-de-descente-aux-enfers/ et http://www.sudinterieur.fr/2013/02/25/harcelement-et-chape-de-plomb-dans-la-police-nationale/
(2) Relancée par le syndicat SUD Intérieur le jour de son arrivée à PARIS le 27 mars, la directrice des ressources humaines du ministère n'a même répondu à cette sollicitation