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Billet de blog 4 août 2013

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Le culte des gens qui ont pour culte l'argent.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sont tout-puissants ceux qui ont l'argent.

Sont tout-puissants les gens qui ont l'argent.

Même si l'Etat est pauvre.

Surtout si l'Etat est pauvre.

Parce que la France s'appauvrit quand les riches s'enrichissent.

  • Et toi, qu'as-tu ?

  • Rien.

  • Donc tu n'es rien.

  • Et toi, que gagnes-tu ?

  • Peu de chose.

  • Donc tu es peu de chose.

Les signes extérieurs de richesse singent la condition simiesque de l'homme.

IMITATION !   Le mot magique.

Le nez collé sur un écran, des singes projettent des images sur lesquelles d'autres singes projettent leur propre vie et leurs envies.  

Aucune imagination (capacité à imaginer, créer des images).

Plus besoin :les images sont fournies gratuitement et abondamment. Le cerveau du singe humain devenu inactif diminue tandis que grandit la taille des écrans de télévision devenus réflectifs. 

Plus besoin de se gratter, "gratte-gratte-gratte", sauf aux jeux du hasard, l'attrape-puces piège le singe humain : cartes bleues, vertes ou oranges, portables ou GPS,  dis-moi quelle est ta carte et je te dirais qui tu es. La carte Platinum devient le planétarium céleste et remplace sur terre le Paradis des riches. Puisqu'ils n'iront pas au Paradis. Jamais.

Ce ne serait pas grave si le Paradis n'existait pas, puisque l'Enfer n'existerait pas non plus. A chacun son ciel ! Ou son abîme.

L'argent est devenu Roi depuis que la France n'a plus de Roi. Les Princes Charmants n'épousent plus Cendrillon. Ils se reproduisent entre eux et sont menacés d'atavisme.

Il n'y a pas que l'ascenseur social qui est cassé. La mixité sociale est du passé. L'homme devenu singe ne fréquente plus que ceux qui lui ressemblent. Par imitation !

Alors que les idéalistes rêvaient d'un INTERNET ouvrant sur le monde et ses différences, l'alter/autre, le WEB, la toile d'araîgnée s'est refermée sur l'"ego"/moi, le Roi.  Narcisse se noie dans son propre reflet, tandis que la nymphe Echo  répète ses mots/maux. L'onde parabolique "Echo" projette son amour qu'elle croit être l'amour et renvoie l'image du Moi triomphant. Toute ressemblance est vraisemblable. Echo singe Narcisse qui se noie dans la glace de son miroir, comme le chanteur  d'un karaoké moderne aboie dans un micro son désespoir de ne pas être à la place du chanteur qu'il imite et qu'il aime.

Tout passe par l'image du moi, l'image d'un "soi" qui devient "moi", soi-même, moi-même, un moi qui ne peut être différent de l'image du miroir, un écran. On n'aime plus que "soi-même", c'est à dire "moi-même". Si le "soi" n'est pas le reflet du "moi" dans le miroir, le "soi" est condamné à finir dans un mouroir social, parce qu'être autre que "moi" n'est pas être "soi". La  télévision fait écran contre l'autre, l'"alter/altérité".

Sauf pour le pauvre.

Les ondes renvoient en écho ce monde narcissique et magique où la faim et la soif n'existent pas, où la laideur et la vieillesse se désistent d'un coup de bistouri et où la maladie et la mort ne touchent pas les houris des écrans qui veillent sur elles.

Le pauvre se meurt dans la rue, en rêvant d'être riche. Un jour.  Il ne connaît plus la peur.

Pendant ce temps, ce temps où il rêve, ce temps où il crève, il ne se bat pas. Il ne combat plus. Il regarde dans un miroir un "soi" qu'il aime être "moi", son "soi/moi" ou son "moi/soi". Il n'a qu'une seule certitude : lui aussi il sera riche. Lui aussi il est comme "soi". Il est "soi-même".

C'est son habitude. Il allume la télévision. Il regarde les riches qui trichent à être heureux. Il est heureux, le pauvre. Il est comme eux. Le petit écran crée l'illusion de la proximité démocratique. Il faudrait avoir le cran de tourner le bouton. D'éteindre la télévision, cet écran aristocratique et "bidon".

Le temps passe. Le pauvre trépasse dans sa crasse, cette crasse qu'il lègue à ses enfants pour seul avenir, avec, pour éclairer le taudis, la télévision  qui veille ou tout autre écran. Le pauvre ne se lasse jamais de la télévision. C'est sa seule raison de vivre, puisque son imagination, sa capacité à créer ses images, son avenir, a été formatée  par les riches.

Le riche a la paix. Une paix sociale grâce à l'Echo de Narcisse qui renvoie à l'amour de soi. En plus, il est aimé, le riche, comme jamais il n'a été aimé  ! Autant que l'homme qui se singe est capable de s'aimer lui-même.  La télévision a permis à l'homme de la rue de se croire invité chez les riches. Il lui  suffit de regarder par une fenêtre, celle de son petit écran de télévision, pour s'imaginer être le riche.  "Paru, disparu", peu importe. Il est ce reflet, ce reflet d'une vie de richesse, un "cache- misère" qui se terre dans la boite à images d'une mondiovision devenu l'illusion d'optique la plus réussie de tous les temps.

Si les Aristocrates avaient inventé le cinéma, ce grand écran "esthétique", ou la télévision, ce petit écran "dramatique",  ils n'auraient jamais été contraints d'abandonner leurs privilèges. Il n'y aurait jamais eu de Révolution française.

C'est le piège du petit peuple, la télévision, ce miroir de Narcisse que tendent les riches aux plus pauvres qu'eux,  invitant ces gueux à s'asseoir sur un siège devant un petit écran, pour  regarder les riches vivre bien, très bien.

"Aux vertus qu'on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets ?" BEAUMARCHAIS.

Les pauvres vivent mal, de plus en plus mal. C'est normal. Ils aiment les riches qui n'aiment pas les pauvres.

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