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Billet de blog 7 septembre 2013

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Quand les hyènes rieuses chassent l'homme.

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Le loup est un prédateur naturel, mais pas un charognard. Il chasse en meute et peut attaquer des adversaires à sa taille. Mais seul, le loup n'est pas courageux.  De fait, c'est un peureux.

Le charognard, lui, est un prédateur qui chasse les animaux affamés, malades et handicapés, les plus faibles, ceux qui ne peuvent pas se défendre. Il les préfère rendus à l'état de  cadavres, tués par d'autres prédateurs plus courageux que lui.

Grégoire Chamayou

Les chasses à l'homme

Chasse aux esclaves fugitifs, aux Peaux-Rouges, aux peaux noires ; chasse aux pauvres, aux exilés, aux apatrides, aux Juifs, aux sans-papiers : l’histoire des chasses à l’homme est une grille de lecture de la longue histoire de la violence des dominants. Ces chasses ne se résument pas à des techniques de traque et de capture : elles nécessitent de tracer des lignes de démarcation parmi les êtres humains pour savoir qui est chassable et qui ne l’est pas. [...] Si la chasse à l’homme remonte à la nuit des temps, c’est avec l’expansion du capitalisme qu’elle s’étend et se rationalise. En Occident, « de vastes chasses aux pauvres concourent à la formation du salariat et à la montée en puissance d’un pouvoir de police dont les opérations de traque se trouvent liées à des dispositifs d’enfermement… Le grand pouvoir chasseur, qui déploie ses filets à une échelle jusque-là inconnue dans l’histoire de l’humanité, c’est celui du capital. »

Grégoire Chamayou Agrégé de philosophie, Grégoire Chamayou est chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Cerphi ENS Lyon.

Sortie 25 mars 2010 248 pages - 13 euros

ISBN978-2-3587-2005-2

Comment appeler les hommes qui chassent les pauvres, les  malades et les handicapés ?

Des charognards. 

Pourquoi faire la Révolution ?  Les moutons sont contents et tendent leurs cous aux loups vêtus de leurs plus beaux atours qui les égorgent et  laissent ensuite leurs carcasses aux vautours et autres charognards. Quelle belle ascension, messieurs les montagnards   !

Quand le mal devient le bien, quand frapper le plus faible est normal, alors tout va mal. Le contrat social est rompu.

Sans doute il est une justice universelle émanée de la raison seule ; mais cette justice pour être admise entre nous doit être réciproque. À considérer humainement les choses, faute de sanctions naturelles les lois de la justice sont vaines parmi les hommes ; elles ne font que le bien du méchant et le mal du juste, quand celui-ci les observe avec tout le monde sans que personne les observe avec lui. Il faut donc des conventions et des lois pour unir les droits aux devoirs et ramener la justice à son objet.

  • Du contrat social (1762), Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, 1992, p. 61-2

  •  

    J'ai examiné d'assez près la police des grandes maisons, et j'ai vu clairement qu'il est impossible à un maître qui a vingt domestiques de venir jamais à bout de savoir s'il y a parmi eux un honnête homme, et de ne pas prendre pour tel le plus fripon de tous. Cela seul me dégoûterait d'être au nombre des riches. Un des plus doux plaisirs de la vie, le plaisir de la confiance et de l'estime, est perdu pour ces malheureux. Ils achètent bien cher tout leur or.

    • Dans une note de Rousseau. Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. GF Flammarion, 1967 (ISBN 2-08-070148-7), partie IV, Lettre X à Milord Edouard, p. 345

    • Pourquoi, dans une ville si riche, le bas peuple est-il si misérable, tandis que la misère extrême est si rare parmi nous, ou l'on ne voit point de millionnaires ? Cette question, ce me semble, est bien digne de vos recherches ; mais ce n'est pas chez les gens avec qui vous vivez que vous devez vous attendre à la résoudre. C'est dans les appartements dorés qu'un écolier va prendre les airs du monde ; mais le sage en apprend les mystères dans la chaumière du pauvre. C'est là qu'on voit sensiblement les obscures manoeuvres du vice, qu'il couvre de paroles fardées au milieu d'un cercle : c'est là qu'on s'instruit par quelles iniquités secrètes le puissant et le riche arrachent un reste de pain noir à l'opprimé qu'ils feignent de plaindre en public. Ah ! si j'en crois nos vieux militaires, que de choses vous apprendriez dans les greniers d'un cinquième étage, qu'on ensevelit sous un profond secret dans les hôtels du Faubourg Saint-Germain, et que tant de beaux parleurs seraient confus avec leurs feintes maximes d'humanité si tous les malheureux qu'ils ont faits se présentaient pour les démentir !

      • Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. GF Flammarion, 1967 (ISBN 2-08-070148-7), partie II, Lettre XXVII. Réponse de Julie, p. 218

       Traquer les gueux et les miséreux sont chasses de chacals et de hyènes. Pour l'hygiène, dites-vous ? L'hygiène des riches et des puissants, rieurs et amateurs de si belle chair, vaut bien que l'Etat emploie quelques éboueurs, trieurs de viande. La vie d'un pauvre ne coûte pas cher.

       

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