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Billet de blog 14 mai 2013

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Secouez bien, secouez bien ! O rage et moi, aurais-je imaginé un tel tintamarre ? Y'en a marre !

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"ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?"

Tombent les feuilles comme en automne, les dépêches se succèdent, oublieuses du succès d'une année, celui du PSG,  pour célèbrer la défaite d'un jour, celle d'un ministre.

Paris vaut bien une messe. Et la messe est dite.

La gauche aurait-elle à nouveau pêché par naïveté ?

Que déclarait Lionel JOSPIN le 03 mars 2002 ?

Sur la question de l’insécurité, j’ai pêché par naïveté. Je me disais pendant un certain temps que si on fait reculer le chômage, on fera reculer l’insécurité."

Le péché originel de la gauche :

Délinquance: le PS “naïf”, un vieux refrain

03/08/2010 | 16h44 Les InROKCS lab

[Ils se sont passé le mot ou quoi? Les “éléments de langage” ont encore sévi chez les ministres et divers porte-parole de l’UMP. Devant la levée de boucliers qui accueille les derniers projets sécuritaires du gouvernement, les préposés à la riposte ont accusé la gauche des pires maux : “l’angélisme” et “la naïveté”.] [...]"

C'était le 03 août 2010.

C'était le 12 mai 2013, jour de fête !

Tous les jeunes étaient là, "black, blanc, beur" !

C'était beau.

C'est la France.

Puis, ils sont arrivés comme les loups qui envahissent les rues de la ville, les rues de Paris.

Pour les coups et les sous.

Pour "casser", voler et piller.

Les médias montrent en boucle les images de groupes de jeunes plutôt bronzés, toujours les mêmes images.

Comme d'habitude, les syndicalistes policiers s'expriment en lieu et place des chefs de service et/ou des policiers de la base. On comprend mieux pourquoi l'expression syndicale est réduite à son plus simple appareil/apparatchik/apparence, que le droit de dire ce qui ne fâche pas, ni à droite (Sait-on jamais en cas d'alternance ?), ni à gauche (Attention à ma carrière !). Vive l'expression syndicale libre ! Les journalistes ne mâchent pas leurs mots, eux.

Les médias s'étonnent. Etait-ce imprévisible, ce désordre  qui détonne ? Ne pouvait-on mettre un policier derrière chaque jeune des cités (le non-dit) ? Mais que fait la police ?

Il est singulier, sinon amusant, de constater combien des journalistes habituellement réfractaires aux missions de maintien de l'ordre et aux notions sécuritaires, tout à coup, s'affolent, poussent des cris d'orfraie et s'effraient, demandant du "flic", encore du "flic" et toujours du "flic".

« Le trop de confiance attire le danger.  » De Pierre Corneille

Extrait du Le Cid

Les médias fustigent le laxisme ambiant, le velléitaire maire de Paris et le trop volontaire, mais absent, ministre de l'intérieur. Justement, notre "Cid", Manuel VALLS est ministre de l'Intérieur, pas de la Terreur. 

"Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ? ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Oeuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d'où tombe mon honneur !"

Je les écoute, ces oiseaux de malheur, ces corbeaux qui croassent et qui se repaissent des carcasses d'événements partiels jetés au hasard du temps, un temps qui n'est pas celui des médias.

Ils nous préparent le lit de l'Horreur sociale, comme si déjà l'Horreur économique ne suffisait plus. 

Comme le choix de l'objectif de ces caméras posé sur les "Beurs et les Blacks" plutôt que sur les "Crânes rasés", à peine vus, entrevus, arrivant par bandes entières pour casser et faire régner leur ordre, le désordre.  Bilan : des affrontements jusque tard dans la soirée, des commerces saccagés, 30 blessés et 21 interpellations.

Bref, une réussite ! Oui, une réussite.

30 blessés sur combien de fêtards ? 10 000, il paraît.

Les policiers blessés en service sont-ils comptés dans le chiffre des 30 victimes ?

Dans tous les cas, les blessés ne sont pas des victimes de violences policières. Une grande réussite, dont la moindre ne fut pas celle de la réconciliation entre le peuple français et sa police. C'était ça, la solution ? Faire la fête, une grande fête ! A Paris. Pari réussi. 

Le peuple veut la liberté, mais veut la sécurité.

Le peuple ne veut plus de policiers, mais veut plus de gardes du corps, de garde-barrières, de garde-fous, de "gardes".

Où étaient les CRS, les "CRS-SS", ces affreux fâchos qu'on adore lorsqu'ils ne sont plus présents ?

Où étaient les "flics", ces bons-à-riens qui servent à rien ?

La démonstration est magistrale. La gauche a réussi à faire dire au peuple français : "On veut des flics !" Le peuple clame : "Plus de police !" Même ces journalistes, tous habitant Paris ou pas très loin, en réclament.

Une belle réussite, cette fête populaire du PSG, cette liesse sans laisses pour les loups déchaînés, sans chiens de garde pour nous en protéger, dans l'air irrespirable des bombes fumigènes où certains ont cru finir dans une tombe   !

Oui, le peuple demande de la sécurité quand on lui offre la liberté.

Se rappelle-t-il ce peuple que la liberté implique aussi un devoir : celui de se bien comporter. Car le meilleur ennemi de la liberté, c'est la sécurité, cette obscurité de l'esprit qui vous privera de votre liberté, au nom de votre sécurité.

Je n'ai pas voté pour un Etat sécuritaire.

J'ai voté pour retrouver la liberté. La liberté d'être moi, de faire, de défaire, de dire et d'écrire.

La liberté a un prix, celui du courage. Les policiers ne pourront jamais remplacer les parents défaillants, les patrons-voyous, les assistant(e)s de services sociaux. Les policiers sont d'abord là pour traquer les délinquants et les criminels. 

La liberté est un cadeau du peuple au peuple, s'il sait s'en montrer digne.   

Le sport, fédérateur de toute cette jeunesse, contient à peine une rage,

"ô rage ! ô désespoir ! ô jeunesse ennemie !"

qui est comme l'éclair précédant le tonnerre pendant un orage, un orage social, un orage normal dans des cités où la jeunesse ne trouve plus sa place, ni son image dans les glaces des palaces.

Et si Lionel JOSPIN avait eu raison ? S'il était le plus sage ? Une société sans emploi est devenue une société sans loi, sans légitimité  reconnue. 

Le travail est un droit social, celui qui construit les maisons de la cité républicaine. 

Les "sans-toits", les "sans-droits", les "sans-foi, ni loi" n'ont plus le choix. Ils ne vont pas crever nus dans nos rues, devant nous. 

Sans travail, l'homme vit, vaille que vaille, sans argent, sans sergent.

Car l'argent des uns qui travaillent fait le bonheur des autres, ceux qui veulent des sergents. Ce n'est pas une trouvaille.

L'argent public a pour source l'argent privé.  Privé d'argent, sans travail, le peuple n'a plus de sergents.  

Alors mettons-nous au travail, tous ensemble, pour que la liberté soit encore offerte à cette jeunesse, pour que la Liberté conduise le peuple de France vers la richesse !  Pas vers la misère et le désespoir, dans l'errance et la souffrance.         

« Aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années.  »De Pierre Corneille

Extrait du Le Cid

Cette jeunesse qui fait si peur a peur de son propre malheur. Cette jeunesse, genèse du désir, meurt sans avenir et compte ses heures pour l'heure du réglement de comptes.

Honni soit celui qui, un jour, a osé déclarer : "Génération sacrifiée".

Quand un pays est prêt à sacrifier sa jeunesse, c'est qu'il est déjà mort, au seuil d'une vieillesse handicapante et méchante, l'âge du refus du partage.

Le 12 mai 2013, c'était la Fête de la Jeunesse et la défaite de la vieillesse.

Le 12 mai 2013, c'était la fin des certitudes et des habitudes.

Le 12 mai 2013, les jeunes ont retrouvé la  rue et la Liberté.

Le 12 mai 2013, la gauche a perdu ses illusions.

Mais on ne lâche pas de jeunes fauves, sans les avoir bien dressés d'abord.

L'éducation sera la solution. Pas la police !

Et cette solution sera de gauche, une solution ouverte à l'espérance, une solution respectueuse d'une jeunesse en deshérence.   

Vous voulez plus de sécurité ? Alors recrutez plus d'enseignants, d'éducateurs de rue et de travailleurs sociaux.

La police n'est pas la réponse à tout.  

La police n'est jamais la bonne réponse dans un Etat libre.

Quant à certains sinistres de l'UMP qui raillent le ministre de l'intérieur et confondent jeunesse avec racaille, je leur répondrais que les vraies canailles sont les voleurs de travail. 

"Le temps est venu de panser nos blessures.

Le moment est venu de réduire les abîmes qui nous séparent.

Le temps de la construction approche.

Nous avons enfin accompli notre émancipation politique.

Nous nous engageons à libérer tout notre peuple de l'état permanent d'esclavage à la pauvreté, à la privation, à la souffrance, à la discrimination liée au sexe ou à toute autre discrimination.

Nous avons réussi à franchir le dernier pas vers la liberté dans des conditions de paix relative. Nous nous engageons à construire une paix durable, juste et totale." Nelson MANDELA

Il y a 15 ans exactement, le 27 avril 1994, un président noir était élu, pour la première fois, à la tête de l'Afrique du Sud; c'était Nelson Mandela.  Extrait du discours d'investiture prononcé, le 10 mai 1994, par celui qui fut longtemps la victime la plus symbolique de l'apartheid.

L'apartheid social est la mort annoncée de la société française.

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