Véronique HURTADO (avatar)

Véronique HURTADO

Rêveries d'un blogger solidaire

Abonné·e de Mediapart

304 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 avril 2014

Véronique HURTADO (avatar)

Véronique HURTADO

Rêveries d'un blogger solidaire

Abonné·e de Mediapart

Un grand merci à mon administration qui m'accorde merci, l'administration qui gère le ministère de l'intérieur, coeur de l'Etat.

Véronique HURTADO (avatar)

Véronique HURTADO

Rêveries d'un blogger solidaire

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Trêve pascale, fête de Dieu,  alors que j'étais à la merci d'une seigneurie locale qui veut que l'on crève, plutôt que l'on rêve d'un autre monde,  dans une lutte sans merci,  Dieu merci, mon administration m'accorde merci.

Aussi je vous propose un court voyage dans un monde sans foi, ni lois, celui du Moyen-Age,  où les bâtisseurs d'églises posaient les fondations d'une autre société, une société chrétienne, qui imposait ses règles, dont celle de la Paix de Dieu, suivie de la Trêve de Dieu.

Après la dissolution de l'empire carolingien, le pouvoir royal n'était plus capable d'assurer la sécurité intérieure du royaume face aux nouvelles formes d'invasions mobiles qu'étaient les invasions des Vikings et les invasions des Sarrasins. La France présentait un visage instable, aux formes changeantes et mouvantes.

Le pouvoir royal était trop central. Les défenses devaient être locales. La jouissance des terres passait d'une élite foncière à une élite guerrière. Les découpages n'étaient plus linéaires, à cause des prises de guerre d'envahisseurs autoritaires ou des prises de butins de gredins protestataires, nouveaux propriétaires saignant les paysans et dédaignant les travaux des champs.

L'esprit chrétien est un esprit communautaire. Je n'oserais pas écrire "communiste", même s'Il n'en renie pas le terme "politique". Le peuple souffrait grandement de ces conflits locaux. Plus de sécurité nulle part, plus de travail, à cause de canailles, alors que la misère et l'injustice frappaient les ouailles.   

A l'approche de l'an mil, la violence des seigneurs était proverbiale. Raoul GLABER, moine chroniqueur, écrivait d'une plume peu cordiale :  " « On croyait que l’ordre des saisons et les lois des éléments qui jusqu’alors avaient gouverné le monde étaient retombés dans un éternel chaos, et l’on craignait la fin du genre humain ».

Les foules recherchèrent la protection des cieux et la Paix de Dieu fut à la base un mouvement populaire « millénariste ». Ce fut la première récupération politique d'un mouvement populaire par un roi de France, craignant de ne plus avoir de  royaume, Robert le Pieux.

Peu avant l'an mil, en 989, les ecclésiastiques, les hommes d'églises, se réunirent en concile, le concile de Charroux, pour imposer la Paix de Dieu, c'est à dire faire respecter la paix sociale et faire interdire de guerroyer ou de rudoyer tout être, bêtes des champs ou têtes de manants.

Le mouvement de la Paix de Dieu, par des décisions conciliaires, fondait ainsi l'avènement d'un nouvel ordre social contre les violences seigneuriales. Le concile de Charroux a défini les devoirs et les droits liés aux trois ordres de la société médiévale : les principes, les nobiles et les vulgaris plebs.

D'où le fameux adage : « Noblesse oblige », selon lequel tout  seigneur devait protéger les populations qui vivaient sur ces terres, convention spirituelle liant le chevalier à Dieu par un serment  qu'il prêtait. Le seigneur devait assurer la survivance de la veuve et de l'orphelin,  sécuriser les chemins contre les bandits et autres vils mercenaires, pas seulement contre les dragons. En échange de quoi, le noble chevalier recevait pitance de ses paysans, pour avoir su préserver leur subsistance.

En toute circonstance, le preux guerrier se devait d'adopter un comportement exemplaire, car étant de filiation nobiliaire. Etre noble, c'était avoir plus de devoirs que les autres. La pire des infamies pour ces grands feudataires aurait été de « dégénérer », de ne pas honorer le nom de leurs ancêtres par un comportement abdicataire. Dans les tournois, le héraut d'armes criait aux chevaliers : « Souvenez-vous de qui vous êtes fils et ne fortignez pas (ne dégénérez pas)  ».

Et dire que nous avons remplacé aujourd'hui les Chevaliers du Moyen-Age par la noblesse quadrupède du XXIème siècle, bêtes à quatre pattes accroupies devant le Veau d 'Or et ventre sur pattes, ventripotents bourgeois de l'alimentaire, cochons bouffant  les glands verniculaires tombés sous les feuilles de chênes.

Comment résister au plaisir de vous faire savoir que le mouvement de la Paix de Dieu a ressurgi en Catalogne (Eh oui, ma  foi !) avec le synode d'Elne (Village de ma douce Milick, catalane de cœur et de foi), dit concile de Toulouges (Village de Mach2, qui franchit le mur du son et passe au-dessus des cons), concile réuni  en 1027 pour instaurer la Trêve de Dieu. En 1033, l'évêque Oliva De BESALU acheva sa tournée « spirituelle » dans son village de Vic, après avoir obtenu le respect de la trêve dominicale, dite Trêve de Dieu, interdisant exactions et combats  le dimanche.

Dans les années 1030-1040, la Congrégation de Cluny mit toutes ses forces spirituelles au service de la Paix de Dieu.  La guerre n'était plus autorisée que 80 jours répartis tout le long de l'année. Cette décision fut prise lors du concile de Narbonne en 1054 (Narbonne, ville-frontière entre le nord et le sud de la France pour les Catalans). Le calendrier chrétien rythmait le temps autorisé des moissons et des semailles et le temps prohibé des malfaçons et des batailles.

En interdisant toute activité militaire pendant les périodes liturgiques, l'Eglise catholique souhaitait éradiquer la guerre sur ses terres chrétiennes.

La trêve de Dieu condamnait formellement le meurtre entre Chrétiens « Nul chrétien ne tue un autre chrétien, car celui qui tue un chrétien c'est le sang du christ qu'il répand. » C'est grâce à ce mouvement, la trêve de Dieu institué exclusivement par des clercs, évêques et moines réformateurs, que la paix médiévale fut instaurée en France.

Ce mouvement de paix séculaire se poursuivit dans la seconde moitié du XIème siècle où furent promulguées à la fois des dispositions de paix et de trêve, les deux  étant désormais irréductiblement liées.

La Trêve de Dieu n'est pas le seul mouvement non-violent initié par l'Église. Des serments religieux étaient contenus dans les serments de vassalité, conférant une autorité spirituelle à l'autorité temporelle, aux fins de juguler la malévolence et les violences qui en découlaient.

J'emploie le terme de malévolence dans le sens donné par Francis ZIMMERMANN, lors de la présentation de son cours à l'EHESS, en 2009 : Le point de départ [...]est l’expression sanskrite maitrî sarvabhûtesu, « l’amitié pour tous les êtres », formulation exacte de ce qu’on appelle en bioéthique aujourd’hui le Principe de non-malévolence le désir de ne pas faire de mal à quelque être que ce soit. »  

C'est ainsi que s'est édifiée la France chrétienne, grâce à la combinaison concertée des autorités spirituelles (potestas) et séculières (auctoritas) depuis le Ve siècle.

Pourquoi ce rapide, modeste et peu exemplaire cours d'histoire française ? Parce qu'Il  nous demande de réfléchir à la disparition de nos repères territoriaux. Plus grande est la surface géographique à gérer, plus géante est la difficulté politique à fédérer un espace « extra-intra »-national.

L'exemple de l'espace européen SCHENGEN devrait nous faire réfléchir à cette volonté d'abolir les frontières intérieures nationales, après avoir aboli les frontières extérieures de notre pays.

Le système des régions, ces grandes entités qui seront légions en Europe, coagulant les peurs identitaires et copulant avec les terreurs budgétaires, est un système pensé par des hommes sans passé, sans foi et sans lois.  

Leur seul but est de pouvoir gérer à l'identique, en Europe, sinon à l'échelle mondiale, des régions sans têtes, des régions sans Etats, donc sans défense.

La France a toujours eu une tête. C'est une nation historique, une terre sacrée,  et les noms symboliques de ceux qui gouvernèrent ce « pays-nation » racontent une histoire qui se veut éternelle. C'est dans le contexte de la Paix de Dieu qu'un certain Hugues CAPET, Duc des Francs, puis Roi des Francs, fonda la dynastie des Rois Capétiens. La France avait trouvé son nom.

Et que veut dire « Capet » en latin ? « Caput, capitis », la tête.

« De capite » étrange destin d'une dynastie royale.

Non pas le manteau de Saint-Martin, « Il » n'est pas d'accord.

Vous ne savez pas lire votre propre Histoire.

Je peux vous prédire, sans mentir, des vagues et des hordes barbares, parce que vous aurez ouvert, hagards, vos frontières intérieures, aboli vos départements, par hasard, sans réfléchir, territoires sacrifiés sur l'autel de quelques économies budgétaires qui mettront le peuple de France genou à terre.

Les régions seront internationales et nos élus européens le savent bien.

Ce qui est prévu est la disparition des têtes des « Etats-Nations ».

Ce qui est prévu est la disparition des Etats, au profit d'entités politiques, des régions, sans défense et donc sans Histoire, au double sens du terme de :

- « ne pas faire d'histoires »,  ne pas résister à la mondialisation financière et abdicataire.    

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.