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Billet de blog 16 décembre 2012

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Un nouveau terrorisme... intellectuel : φ, la philosophie.

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Que sais-je ?

De cette peur du savoir, ou plutôt de la négation du savoir, naît la certitude de tout savoir.

Socrate ne savait rien. Il l'affirmait. Il avait donc toute liberté pour tout apprendre et tout savoir.

Interdire le savoir, c'est interdire la transparence, la communication, le jeu des questions et des réponses dans le champ de l'ironie socratique.

Interdire d'apprendre et de faire apprendre, c'est condamner l'homme à l'ignorance, à la mort de l'esprit.

Pour comprendre, il faut interroger le savoir, celui qui sait ou prétend savoir. L'intelligence est un outil inutile, si elle ne peut s'exercer  à partir des connaissances communiquées par l'homme, donc rendues accessibles à l'homme. On parle alors de culture.

Il ne s'agit pas seulement de la "culture générale", ce pensum imposé aux lycéens pour avoir leur baccalauréat. Mais de la culture d'entreprise, de la culture d'un pays, d'une ethnie, cette culture qui transmet des idées, des us et coutumes,  ce bouillon de cultures qui peut devenir un chaudron des sorcières, lorsqu'elle n'est plus connaissance.     

Refuser le savoir, refuser les questionnements, c'est murer la science de l'homme, c'est l'emmurer vivant dans des certitudes où le corps se statufie et où le cerveau se pétrifie.

Plutôt que d'engager des hommes vivants pour les emmurer dans le silence d'un caveau, mort lente du cerveau, prémices d'une nouvelle ère brune, utilisons des robots qui ne se poseront jamais la question de savoir pourquoi ils sont vivants et pourquoi ils doivent mourir.

Utilisons des robots qui ne poseront jamais la question de savoir pourquoi ils doivent obéir à un ordre illégal et pourquoi ils doivent désobéir à cet ordre, puisque  le légal tire sa légalité de l'illégal comme le létal tire sa nocivité de la léthargie, l'incapacité de distinguer le bien du mal. Pourtant cette distinction du bien et du mal est nécessaire, puisqu'elle est le contraire de la marque de la Bête. Elle est  la marque de la supériorité de l'homme sur l'animal, de l'homme moral, de l'homme civilisé, celui qui a choisi de cueillir le fruit de l'arbre de la connaissance et d'en mourir pour devenir comme un dieu.

Si le gardien de la civilisation devient un animal, privé de la capacité de distinguer entre le bien et le mal, qui gardera la civilisation humaine ?

Si le gardien de la paix devient le germe de la guerre, incapable de discerner entre ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, qui gérera la paix dans la "res-publica" ? 

Un code de déontologie pour priver l'homme de sa faculté de penser le bien et le mal, c'est la manifestation étatique d'un  terrorisme intellectuel extatique, d'un Etat transporté hors de ses limites humaines.

Un code de la déontologie qui vise à anéantir l'homme et les hommes de la cité,  en réduisant les gardiens  de la paix à l'état d'animaux,  hommes privés d'âme, ânes bâtés dodelinant de la tête, entre la carotte d'un avancement ou d'une prime et le bâton de la sanction disciplinaire ou de la réforme médicale, c'est un code de la "déontofolie", une folie qui pourrait avoir pour nom la mégalomanie galopante de certains hommes de pouvoir. C'est pour cette raison que d'aucuns appellent ces hommes des "mulets".

Il ne suffit pas de pouvoir, il faut le vouloir. La volonté appartient à l'être pensant, l'homme qui pense, le contraire d'un robot mécanique. Même un esclave peut être libre, s'il pense. Priver l'homme du droit de penser le bien et le mal, c'est annihiler sa volonté, puisqu'il ne peut plus l'exercer. Il ne peut plus vouloir. Il ne peut plus savoir. Il ne peut plus qu'obéir.

Obéir au nom de l'alimentaire, l'élémentaire survie animale de la soupe qu'on sert et dans laquelle il ne faut pas "cracher", le dogme de la "maison-poulaga", c'est la  sacralisation de la bouche et de l'anus, la scarification du stade sadique anal qui explique les bavures et les souffrances FM, euh pardon SM, des "flicaillons" de la base, une base qui se situe en dessous du pantalon, comme une infantilisation de l'homme, une régression au stade oral.   

Lorsque le pouvoir ne peut plus expliquer le savoir, communiquer par l'intelligence, faire comprendre la nécessité morale ou juridique d'une instruction ou d'un ordre, instruction qui est déjà une communication d'un savoir (instruire), il lui reste à ce pouvoir les armes de l'infantilisation, de la décapitation, de la dé-cérébration, armes de la terreur qui servent le pouvoir et desservent les hommes libres de la cité.

Le terrorisme intellectuel, ce n'est pas la philosophie. C'est l'absence de philosophie.

Quand le métier de gardien n'aura plus sens dans la cité et ne sera plus porteur de valeurs morales, alors la cité mourra par ses gardiens et les hommes s'entretueront.

Opérons notre "glasnot" ,nous agents de l'Etat, si nous voulons un Etat fort, garant des libertés publiques. La glasnost (гласность : publicité [des débats] en russe, traditionnellement traduit par transparence) est une politique de liberté d'expression et de  publication d'informations, introduite par Mikhaïl Gorbatchev en URSS en 1985. 

La connaissance est joyeuse. Elle libère l'homme, offerte à tous, comme la lumière du soleil, à la sortie de la caverne, comme une nouvelle naissance. L'obéissance aveugle est triste. Elle asservit l'homme, comme un couvercle lourd, à l'entrée du caveau, comme une indicible souffrance. C'est la mort annoncée de notre démocratie.

Friedrich Nietzsche

Le Gai Savoir « La gaya scienza »

traduction de l’édition de 1887

par  Henri Albert

J’habite ma propre demeure,

Jamais je n’ai imité personne,

 Et je me ris de tous les maîtres

Qui ne se moquent pas d’eux-mêmes.

Écrit au-dessus de ma porte

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