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Billet de blog 17 avril 2013

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Du devoir d'exigence et de la tentation de l'obsolescence

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le "tout jetable" est une arnaque. Une arnaque dangereuse qui nous conduit vers la ruine, une ruine programmée par une société de  consommation dévorée par l'envie du désir. Le désir de tout avoir, de tout posséder, de tout savoir.

L'envie du désir, un pléonasme ? Non, pas tout à fait. On peut ne plus désirer, ne plus rien désirer et avoir envie de retrouver le désir de vivre, par exemple.

Notre société de consommation a consommé le politique comme elle a consommé l'homme jetable.

La solution à tous les problèmes n'est pas la réparation. Elle est le remplacement du produit, de l'homme politique.

Le moindre vice de fabrication apparaît comme un vice caché qui légitime la destruction de l'objet politique. C'est un bien mobilier, mobile, qui ne supporte pas la notion de durée, contraire à l'appétit de consommation. Encore moins la notion de réparation.

Le désir doit être satisfait dans l'instant présent. Le politique n'a pas d'avenir. Il est ou a été. Il a été dans les promesses qui doivent se réaliser dans l'instant présent.   

Et pourtant le politique est homme. Il est donc vicié, taché, pécheur par sa nature humaine. Complexe, mystérieuse et mouvante nature. Emouvante ! Capable de mettre en mouvement l'émotion. Eprouvante et épouvante, lorsque la tache s'étale sous les yeux de tous devant une caméra !

C'est d'ailleurs sur l'émotion que se joue le spectacle de la politique humaine. Sur l'instantané, le cliché pris sur le vif, le déplacement exprès d'un ministre à la suite d'un fait-divers qui ne marquera la mémoire des hommes que le temps que survienne un autre fait-divers qui ne marquera la mémoire des hommes que le temps... d'un divertissement.

La mobilité des ministres, pris dans le tourbillon des événements, l'oeil du cyclone les emportant loin du centre critique de la réflexion, est prétexte à un jeu médiatique qui devient le "JE" cinématique de l'image humaine. 

L'homme politique fautif n'a aucune chance de pouvoir réparer sa faute ou être réparé. Est-ce souhaitable ? Quel message véhicule cette intransigeance, ce devoir d'exigence éthique, dit "éthique" ? Quel texte supporte la faute, quelle émotion transporte l'homme au-delà de la fonction, vers la sanction populaire ? Est-ce l'onction démocratique, cette impermanence du politique ? Alors que la royauté imposait la permanence d'un homme, qu'importent ses fautes et les erreurs commises.

La société du "kleenex" politique, l'homme politique dans lequel les Français se mouchent sans vergogne et avec morve, a-t-elle encore un avenir ? Car pour avoir un avenir, encore faut-il avoir un présent. Et le présent est menacé et menaçant, pesant de tout son poids, comme le couvercle du spleen parisien, si cher au poète BAUDELAIRE.

Avons-nous bien pesé le poids de ces remords tardifs et sans intérêts lorsque le problème est la Loi française, ou plutôt l'absence de contrôle fiscal et la volonté de ne pas contrôler la faute,  le vice, la tache, le péché qui est la chose la plus communément partagé entre tous, la dissimulation d'une partie de ses revenus, l'égoïsme humain, le refus du partage ? Faut-il être retors pour ne voir que les torts de l'homme politique et oublier les maintes et maintes fois où il y eut report des lois contre les paradis fiscaux. La faute à qui ?

Je préviens. Il est toujours plus facile d'être sévère avec l'autre plutôt qu'avec soi-même.

Notre société a besoin de temps, le temps de la réconstruction, de la réconciliation. Pour se réconcilier, il faut pardonner. Pour pardonner, il faut admettre qu'on puisse réparer. Se faire réparer. Se faire pardonner.

Sinon les haines vont se cristalliser. Et ces petits cristaux de haine vont finir par former un monde de glace, comme des blocs de cristaux de neige, un monde durci par le froid de l'hypocrisie, l'hypocrisie qui commande que la faute est toujours la faute de l'autre. Elle n'est jamais sienne.

Ce qui est faux. Politiquement et humainement. L'humain commande le politique. L'humain est faute.  

Accepter la faute, c'est accepter de reconnaître une erreur. Laisser la possibilité de faire reconnaître une erreur, c'est permettre de la réparer.

Un monde où il n'y a pas ou plus d'erreurs serait une erreur. Une erreur politique grave ! Car il n'y aurait pas d'issue aux voix qui s'élèvent pour demander un changement radical, un changement total, totalitaire.

L'erreur est problème. Le problème contient la solution qui la fait exister. Identifier le problème, c'est trouver la ou les solutions. L'erreur est précaire. Son contraire est  totalitaire.

Et celui qui connaît la solution est celui qui a connu le problème.

Et celui qui peut réparer la faute est celui qui a commis la faute.

Personne d'autre !

Il n'y avait meilleur policier pour traquer les voleurs que Vidocq !

Et qui était Eugène-François Vidocq ? Un voleur. 

Eugène-François Vidocq, né le 24 juillet 1775 au 222, rue du Miroir-de-Venise à  Arras, France, et mort le  11 mai 1857 au 2 rue Saint-Pierre-Popincourt à Paris (actuellement 82 rue Amelot), était un policier avant d'être aventurier et détective français.

Forçat évadé du bagne, il fut également chef de la police de sûreté. À la tête de cette brigade de sûreté, d'abord officieuse et qui deviendra par la suite le service de sûreté de la préfecture de police, ancêtre de la direction régionale de la police judiciaire parisienne, il est le père de la police judiciaire. Il est également le fondateur de la toute première agence de détective privé de l'histoire.

Source WIKIPEDIA -

"Monsieur, je vous demande excuse, je ne l'ai pas fait exprès." Marie-Antoinette d'Autriche.

C'est ainsi que commencent les révolutions et que tombent les têtes couronnées.

 Et c'est ainsi que le régime de la Terreur instaura l'idée de l'infaillibilité humaine. Le gouvernement révolutionnaire a comme ressort la vertu appuyée sur la terreur, « la vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle la vertu est impuissante ».

La loi des suspects est adoptée le 17 septembre 1793. Sont jugés « suspects » d’après l’article 2 :

« Ceux qui, soit par leur conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie ou du fédéralisme et ennemis de la liberté […]. Ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme. Les fonctionnaires suspendus ou destitués de leurs fonctions par la Convention nationale ou ses représentants. Les nobles, les maris, les femmes, pères, mères, fils ou filles, frères ou sœurs, qui n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution. Ceux qui ont émigré du 1er juillet 1789 au 8 avril 1792, bien qu’ils soient rentrés en France »

Nous sommes tous suspects d'avoir fauté. Réfléchissons ensemble comment nous éviter de succomber à la tentation, plutôt que de désigner des suspects à la vindicte populaire. Les temps sont troubles et troublés. Attention à ne pas trop remuer cette tourbe funeste.

La meilleure façon de ne pas succomber  à la tentation est de supprimer la tentation. Supprimons l'existence des paradis fiscaux. Nous supprimerons la tentation de Jérôme CAHUZAC. Nous supprimerons sa faute, notre faute. Plutôt que de supprimer l'homme politique, ce qui ne supprime pas le problème et laisse subsister la tentation, source de la faute collective. 

Il faut une union républicaine pour agir. Trahir n'est pas agir. Haïr n'est pas agir.

Pour que l'avenir de la France ne soit pas crépusculaire et totalitaire, agissons ensemble, plutôt que les uns contre les autres.  

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