11H30 vers Paris.
Le contrôleur contrôle un monsieur qui veut acheter son billet dans le train. Silence absolu.
Tandis qu'il sort son arme de service, sa facturatrice automatique, la PAF intervient :
" Z'avez pas vot'billet, alors ?" [Noter l'intelligence du fonctionnaire zélé : remarquable déduction.]
Le contrôleur tente de terminer l'opération. On sent qu'il est gêné par l'intervention de la PAF, un peu comme s'il avait honte.
Mais le PAF(iste) lui fait signe de suspendre la transaction. Pour une fois qu'il peut en coincer un !
"J'ai pas mon billet, là maintenant". Répond l'homme aux traits fatigués.
Il a tout l'air d'un prolétaire qui part au travail sur le rail. L'affaire "déraille".
Levez-vous, s'il vous plaît, on va faire une palpation corporelle de sécurité, vous comprenez ?"
Le PAFiste [qui d'autre qu'un PAFiste ?] laisse voir la crosse apparente d'une arme, sur laquelle on peut lire quatre chiffres. Tiens, c'est là qu'ils ont décidé d'afficher le matricule du policier, sur la crosse de son arme de service ? Pas pratique pour la lecture... 3 2 4 2, je crois.
Le pauv'gars, blanc de peau, un "resquilleur" pour sûr, a entre 30 et 40 ans, l'âge où ils sont les plus dangereux, et porte un blouson de cuir élimé.
[- J'en étais sûre !
Non, non, tu te trompes d'époque. Il est marron, son blouson, pas noir. C'est pas un "blouson noir".
- Il est p'tre albinos, le PAFiste ? Il confond le noir avec le marron. Noir, marron, c'est pareil pour la PAF !
- Pas d'insultes, s't'plaît ! Le mot "albinos", j'suis pas sûre qu'il connaisse, leur vocabulaire est limité.]
Le passager se lève et suit le PAFiste dans le sas de sécurité, ou tout comme, l'espace entre deux wagons, là où ça tangue et ça chavire. Les autres passagers font ceux qui n'ont rien vu. Eux ont leur billet.
Deux ou trois autres PAFistes rejoignent leur collègue et entourent le pauv'gars, dangereux criminel qui allait acheter son billet dans le train. Sans doute que c'est interdit par la loi !
Le contrôleur, embêté, rejoint le groupe de la PAF, comprimé dans le SAS, mais en sécurité avec l'affreux délinquant. Il a fini d'imprimer le ticket pour le passager.
On ne voit pas trop ce qui se passe.
Finalement, c'est fou ce qu'on se sent en (in)sécurité dans ce SAS de sécurité ! Personne n'a plus envie de faire ni pipi ni caca.
L'homme qui n'avait pas eu le temps d'acheter son billet à la gare [Le pauv', il s'en souviendra longtemps !] revient s'asseoir tout seul dans son fauteuil de passager avec son billet de train.
Je ne savais pas que la PAF travaillait pour la SNCF. On en apprend tous les jours ! P't-être qu'ils ont décidé de travailler enfin ? Alors comme y'a pas de travail à la PAF, ils contrôlent les contrôleurs, en contrôlant les passagers à qui les contrôleurs allaient remettre un billet de train qu'aurait dû être acheté avant de monter dans le train, pas pendant. Ils ont tout compris, les PAFistes, pas comme vous.
Vous comprenez ? Rien ? Travaillez pas à la PAF, des fois ?
J'me demande s'ils touchent une commission, les PAFistes, lorsqu'ils contrôlent les contrôleurs qui font leur travail? P'tre que ça les énerve, ceux qui travaillent.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) publie le 26 janvier 2012 un rapport de 64 pages sur les contrôles d’identité abusifs en France. [...]
"Human Rights Watch a constaté que ces contrôles arbitraires peuvent avoir lieu même en l’absence d’un signe quelconque d’infraction. Les propos insultants, voire racistes, ne sont pas rares, et certains contrôles donnent lieu à un usage excessif de la force par la police.
À un moment ou l’autre de leur vie, la plupart des gens en France ont été interpellés par la police pour un contrôle d’identité.
N’importe qui peut en théorie faire l’objet d’un contrôle d’identité, et un simple contrôle ne devrait normalement prendre que quelques minutes et devrait généralement se résumer à la présentation de sa carte ou autre preuve d’identité à la demande d’un policier.
Néanmoins, les recherches effectuées en 2011 à Paris, Lyon et Lille et dans leurs régions indiquent que le système de contrôle d’identité peut donner lieu à des abus de la part de la police française, laquelle se sert de ce système comme outil central dans le cadre de ses opérations et dispose de vastes pouvoirs pour interpeller et contrôler les individus, qu’elle les soupçonne ou non d’une activité criminelle. Elle se livre notamment à des contrôles répétés -« innombrables », selon la plupart des personnes interrogées -, parfois accompagnés de violence physique et verbale. Les contrôles peuvent consister en des interrogatoires prolongés, l’ordre de vider ses poches, la fouille des sacs et des palpations intrusives - y compris dans le cas d’enfants qui n’ont pas plus de quatorze ans, qui ont expliqué avoir dû mettre les mains contre un mur ou une voiture pour subir une palpation de sécurité."
Je me pose juste une question, la seule question qui n'a pas été posée d'ailleurs par le PAFiste :
"- Z'avez vot'carte d'identité ?"
Pourquoi ?
Parce qu'une palpation corporelle de sécurité sans contrôle d'identité, je ne connaissais pas, HWR non plus.
Pas une seule fois, le policier de la PAF [T'es sûre que la PAF fait partie de la police nationale ?] n'a demandé sa carte d'identité nationale ou tout autre papier d'identité au passager qui avait pris son train, sans avoir eu le temps d'acheter un ticket. Il lui a demandé de se lever pour une palpation corporelle de sécurité, avant de contrôler son identité, s'il a jamais contrôlé son identité.
S'il y avait bien une question, la bonne question à poser, c'était d'abord la question des papiers d'identité, s'agissant d'un contrôle d'identité effectué en cas de suspicion de délit ou de crime.
J'y pense : le législateur devrait combler une grave lacune, en faisant rajouter au nombre des délits communs le fait de vouloir acheter son billet de train dans le train par un contrôleur en train d'en délivrer un.
Le passager ne fut pas délivré, lui qui fut embarqué promptement dans le sas de sécurité. Peut-être une déformation professionnelle avec les étrangers embarqués de force dans le sas des avions par les excellents PAFistes, non ? Non. Bon, alors, non. Définitivement, non ?
"Les autorités françaises justifient ces pratiques en les présentant comme des mesures de sécurité et elles ont été approuvées par certains tribunaux. Il est possible que dans certains cas, comme l’affirment les responsables de la police, la police ait de bonnes raisons d’intervenir - par exemple lorsque des habitants appellent la police pour troubles du voisinage ou lors d’activités illégales telles que la consommation de marijuana. Par ailleurs, le profilage effectué par des policiers peut constituer un outil légitime de prévention et d’enquête, entre autres lorsque les descriptions de suspects incluant l’origine ethnique ou nationale sont basées sur des informations précises et dignes de foi.Human Rights Watch reconnaît que les policiers sont souvent confrontés à des situations dangereuses et menaçantes et qu’ils doivent maîtriser des individus violents afin de garantir leur propre protection et celle des autres.
En France, la façon dont les contrôles d’identité sont menés suscite toutefois de sérieuses inquiétudes. Aucune base juridique écrite n’existe concernant les palpations lors des contrôles d’identité. Les membres des forces de l’ordre ignorent trop souvent les directives nationales et internationales qui soulignent l’importance d’un traitement respectueux. Le recours au profilage ethnique s’avère discriminatoire et enfreint à la fois le droit national et international lorsque la police prend systématiquement pour cible certains groupes lors de ses contrôles, même quand ces actions découlent de stéréotypes inconscients plutôt que d’une politique intentionnelle.
La menace de sanction pénale ajoute une dimension coercitive aux contrôles d’identité. En effet, le fait de ne pas coopérer lors d’un contrôle d’identité peut conduire à des poursuites administratives ou pénales, les charges pouvant aller du délit mineur qu’est le « refus d’obtempérer » à celui plus grave d’outrage à agent et de rébellion."
Lorsque vous prendrez votre train, n'oubliez pas d'acheter votre billet avant, jamais pendant, même si le contrôleur est d'accord, des fois qu'il y ait la PAF à bord.
Sinon vous encourrez le risque de vous trouver confronté à une situation dangereuse et menaçante.
"Human Rights Watch reconnaît que les policiers sont souvent confrontés à des situations dangereuses et menaçantes et qu’ils doivent maîtriser des individus violents afin de garantir leur propre protection et celle des autres."
Situations dangereuses et menaçantes, comme l'acte d'acheter son billet de train dans le train ? Circonstance aggravante, le contrôleur était d'accord pour mener à bien cette transaction financière. Heureusement que la PAF était là !
Où ça, là ? - Mais non pas là, chez toi. Rassure-toi. Tu es en sécurité, en-dehors du sas de sécurité, pas dans le train et sans la PAF. Mais tu peux les appeler si tu te sens en danger. Par exemple, si tu as peur d'être cambriolé, ou si tu es en train d'être cambriolé.
Ah bon ? - Oui, j'te l'dis. Sauf que la PAF ne se déplacera pas. Elle a trop à faire sur le chemin de fer à contrôler les contrôleurs. Ca va pas le faire, c'te affaire-là ! Appelle plutôt la gendarmerie ou la sécurité publique.
Comme disait Bourvil : "- Fer ou défer, c'est toujours travailler !" [Alors on déferre, qui, le passager ou celui qui a abusé de son autorité ?]
- "Joker !" répond le PAFiste, "Plan Vigipirate écarlate". Oui, contre les passagers qui achètent leurs billets de train, sur le chemin de fer.
Où sont les pirates ?
PLAN VIGIPIRATE
Niveaux d’alerte
Degré d'alerte
Couleur
Signification
Mesures prises
0
Blanc
Absence d'indication de menace
« Posture permanente de sécurité située formellement hors du plan Vigipirate mais qui affirme la nécessité permanente de conduire un processus de planification et de mener des exercices interministériels pour préparer l’État à son plus haut niveau à la gestion d’une crise majeure ».
1
Jaune
Menace imprécise / accentuer la vigilance
« Accentuer la vigilance, face à des risques réels mais encore imprécis, par des mesures locales avec le minimum de perturbations dans l’activité normale, et se mettre en état de passer aux postures des niveaux orange et rouge dans un délai de quelques jours ».
2
Orange
Menace plausible / prévenir une action terroriste
« Prévenir le risque d’une action terroriste considérée comme plausible, fût-ce au prix de contraintes et de perturbations modérées dans l’activité normale, et se mettre en état de passer rapidement aux postures des niveaux rouge et écarlate ».
3
Rouge
Menace probable / prévenir des attentats graves
« Prendre les mesures nécessaires pour prévenir le risque avéré d’un ou plusieurs attentats graves, comprenant certaines mesures de protection des institutions, et mettre en place les moyens de secours et de riposte appropriés, en acceptant les contraintes imposées à l’activité sociale et économique ».
4
Écarlate
Menace certaine / prévenir des attentats majeurs
« Prévenir le risque d’attentats majeurs, simultanés ou non, pouvant utiliser des modes opératoires différents et provoquer des effets dévastateurs, et mettre en place les moyens de secours et de riposte appropriés ; des mesures particulièrement contraignantes peuvent être mises en œuvre ». « Protéger les institutions et assurer la continuité de l’action gouvernementale »
Source WIKIPEDIA