Tout ce qui se dresse oppresse.
Coupons tout ce qui dépasse !
Cognons, cognons encore sur les troncs-garçons qui tendent leurs tendres moignons vers des bouchers-paysagistes armés de haches et de scies circulaires : ronrrrrrron, rrrrrrrrronrrrrron, les machines hurlent et les oiseaux qui pullulent s'envolent. Tant de bruit les affole et les fâche ! Il ne ferait pas bon avoir les cheveux coupés par ces nouveaux coiffeurs-visagistes, qui risqueraient de vous les couper, vos oreilles, comme les taureaux, lors d'une corrida, après la mise à mort.
Le but, à bien y regarder : - "Tuer toute vie végétale pour tuer la vie animale". Cependant j'ignore l'origine de cette gale galopante qui pèle mes amis, les arbres. J'ai toujours eu beaucoup de mal, aïe !, à comprendre la mentalité de ces gens-là qui ne respectent rien.
Là où la communauté d'agglomérations commet ses aberrations , l'herbe ne repousse plus et le bitume pousse comme les mauvaises plantes, sans avoir besoin d 'être arrosé et entretenu, lui. Plus de mousse sur les arbres, puisque plus d'arbres. Ouste, à la scierie ! Les arbres trépassent, assassinés, tandis que les passants hallucinés regardent ces sculptures aux bras décharnés, pylones de bois, couvrir la ville, de leurs silhouettes fantomatiques. Même un drone serait plus plaisant à regarder voler dans le ciel que ces ombres muettes d'horreur, statufiées, arbres mutilés et massacrés à la tronçonneuse.
Le prix du bois a dû singulièrement augmenter pour s'autoriser pareilles coupes, aux fins d'améliorer l'ordinaire culinaire de la soupe réservée aux porcs qui bouffent tout.
A quoi bon argumenter ? Même les branches principales, les branches centrales sont sacrifiées à l'appétit dévorant de ces cochons qui aiment le pognon et beaucoup moins le travail : s'enrichir, oui. Entretenir la végétation, non.Vaille que vaille, des arbustes rabougris et amaigris remplacent les arbres centenaires et vénérables, dont les plaies saignantes sont exposées à la vermine et aux champignons. Pas besoin de baume ! Jeu de paumes, jeux de mains et jeux de vilains, demain matin, les arbres n'existeront plus à Perpignan et dans les communautés environnantes. Environnantes, mais sans respect de notre environnement.
Ah, quelle joie de faire partie de la communauté d'agglomérations et de voir ainsi disparaître ce qui faisait la beauté et la rareté d'un village préservé jusqu'alors des coupes sauvages. C'était avant. Les bosquets disparaissent. Sous prétexte d'aérer la haie, on coupe et on recoupe, toujours plus bas, toujours quelques arbustes à l'arrachage, pour tout de suite après cimenter la terre, de peur que le petit arbre ne résiste et que la souche accouche d'une autre vie végétale.
C'est à pleurer, ce spectacle de désolation. C'est moche, c'est triste, c'est tout sec, comme le coeur de ces cochons qui bouffent tout. La nature n'a plus droit de cité dans mon village qui devient comme Perpignan, la ville d'un soleil sauvage qui tape dur sur les têtes des "Cata-pas-marrants" et frappe les arbres sectionnés, tandis que sont ovationnés des élus imbéciles.
Il fait soif, il fait chaud, il fait aride et torride.
Oui, ils ont tout compris aux changements climatiques, les élus de Perpignan. A part la plage pour les estivants, plus rien n'arrête le vent et la pluie qui ruisselle sur un sol bitumé, imperméable et donc impénétrable.
Quand la nuit tombe, des squelettes décharnés offrent leurs os à des promeneurs qui les fuient. Images de cadavres exhumés, leurs ombres pitoyables renvoient les citoyens "verts" vers leurs bourreaux, ces libéraux à droite qui en ont fait leurs proies. Les arbres broient du noir, écorchés vif. Les oiseaux se vengent de cette cochonnerie humaine, en mangeant la chair d'une terre qui les tue et qui meurt elle aussi.
Plus d'oiseaux, plus d'étourneaux, ni de corbeaux, ni de chats, ni de chiens. Une ville sans bruit, une ville sans vie, une ville sans nids d'amour. Presqu'un cimetière où la seule volaille qui pialle, ce sont les vieux qui ne supportent plus la vie mobile et volubile. Seule l'automobile rugit, nulle part et partout à la fois, dans Perpignan.
Ah si ! J'oubliais les rats d'égoûts qui prolifèrent, ces bêtes porteuses de la peste qui envahissent les rues et surgissent des poubelles, au grand dam de citoyens, ces chiens fous qui n'aiment pas les chats. Parce qu'à Perpignan, un chat est considéré comme une espèce nuisible. Si, si. C'est marqué dans le Règlement Sanitaire du Département, contrôlé par des vétérinaires, que les chats sont une cible. Permis de tuer ! Interdit de les nourrir. Il faut les laisser mourir. C'est une espèce en voie de disparition et menacée d'extinction, à coups de poisons et de frictions avec les quelques misérables associations qui tentent de les protéger. A moins que, comme pour les arbres, les vétérinaires qui ont validé ce règlement sanitaire ne soient d'abord des bouchers. Mais qui a donné son accord à ces "pandore" de la mort ?
Je vais aller promener mon chien, chemin de Fosseille, parce que moi, je ne suis pas "raciste". J'aime les oiseaux, les chats et les chiens. J'aime aussi les arbres qui abritent les oiseaux. Le canal coule presque sec, sans roseaux sur ses bords mis à nu, les arbres ont été coupés et les plantes ont été rongées par un herbicide puissant. Des abeilles jonchent le sol. Elle sont encore un peu vivantes, traînantes et suintantes. Elles se meurent à petits feux, sous le soleil qui tape dur, sans fleurs et sans peur. Elles n'en peuvent plus. J'essaie de ne pas les écraser, le coeur serré. C'est trop tard. Un peu plus loin, ils vont couper mon chêne centenaire abattre tous les arbres de l'allée. Les feuilles ont noirci et les branches sèchent. L'herbicide a eu raison de ces géants vénérables. Ou la sécheresse. Certains ont déjà subi des coupes sauvages, branches cassées plus que coupées, troncs éviscérés aux entailles profondes pour que leurs entrailles pourrissent.
Tuer les arbres qui nourrissent les oiseaux et qui fournissent de l'oxygène, c'est vraiment être trop con. Réserve de chasse ? Tu parles. Réserve de crasse humaine. Même les lièvres ne laissent plus de traces, parce qu'ils sont morts, à cause de cette fièvre humaine. Prosternation devant Mère Culture ! Mais quelle culture ? Consternation pour Mère Nature.
C'est se tuer soi-même, pour quelques quignons de bois et économiser du pognon sur l'entretien des espaces verts. Même de "vrais" chiens seraient plus intelligents que ces crétins-là. Et puis, crotte ! De chien(ne).