Véronique HURTADO (avatar)

Véronique HURTADO

Rêveries d'un blogger solidaire

Abonné·e de Mediapart

304 Billets

0 Édition

Billet de blog 21 janvier 2014

Véronique HURTADO (avatar)

Véronique HURTADO

Rêveries d'un blogger solidaire

Abonné·e de Mediapart

De la lettre ou de l'esprit de la lettre : le travail du dimanche.

Véronique HURTADO (avatar)

Véronique HURTADO

Rêveries d'un blogger solidaire

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si Dieu a créé le monde en six jours, pour se reposer Lui-même le septième jour, ce n'est pas pour que l'homme fait à son image le sixième jour soit corvéable et taillable à merci. Non, merci !

Le message biblique est  clair :  après un travail de six jours, l'homme doit se reposer, comme Dieu.

Exode 20 : 8-11 déclare : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Eternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. »

Cependant il n'est marqué nulle part que cet arrêt de l'activité professionnelle doit se produire le dimanche. Pour les Juifs, par exemple, le jour de l'arrêt de tout travail est le jour du Sabbat, le samedi.

Comme pour le dimanche, le samedi a ses adeptes fanatiques. Jésus lui-même avait critiqué l'intransigeance religieuse et hypocrite des scribes et des pharisiens, lui interdisant de guérir un aveugle le jour du sabbat.

Evangile de Saint-Jean :

5.10

- "C'était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri: C'est le sabbat; il ne t'est pas permis d'emporter ton lit.

5.11

 Il leur répondit: Celui qui m'a guéri m'a dit: Prends ton lit, et marche. [...]

 5.16

 C'est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus, parce qu'il faisait ces choses le jour du sabbat.

Dans le récit parallèle de l'Evangile de Matthieu 12, Jésus cita Osée 6 :6 et dit : « Si vous saviez ce que signifie : Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices, vous n’auriez pas condamné des innocents. Car le Fils de l’homme est maître du sabbat » (Matthieu 12 :7-8).

 Autrement dit, thème récurrent dans tous les Evangiles, le Christ considère que les règles de Dieu ne sont pas faites contre l'homme, mais pour l'homme, pour le bonheur de tous les hommes.

Ainsi, sacraliser le septième jour, en décidant que le dimanche est jour de messe, et qu'il sera interdit de travailler ce jour-là, est aussi absurde que refuser au Christ de guérir des hommes un dimanche ou à Dieu de faire des miracles le dimanche.

 Ce qui compte est de respecter un jour de repos dans un travail hebdomadaire. Ce n'est pas le jour qui conditionne le choix du repos, c'est la nécessité du repos qui conditionne le choix du jour.

  L'humain doit toujours être supérieur à la règle édictée au nom de Dieu, nom de Dieu !

Ce qui est demandé au Chrétien par Jésus, c'est de veiller à la santé physique et morale de son prochain. Pas de l'empêcher de vivre ! De pécher, peut-être, mais qui jugera son prochain ?

Si un(e) étudiant(e) a besoin de travailler le dimanche pour pouvoir payer ses études, va-t-on le ou la priver de tout revenu et de tout moyen d'existence,  l'empêcher de vivre, au nom d'un interdit religieux ? Quelle hypocrisie !

 Là aussi le problème n'est pas tant le jour choisi pour le repos de l'étudiant(e) que le repos lui-même. Si l'étudiant(e) ne se repose jamais,  parce qu'il ou elle est dans l'obligation de travailler pour subvenir à ses besoins et payer ses études et qu'ensuite il doit étudier le reste du temps, il ou elle ne peut pas se reposer.

 Dieu condamne l'esclavage. Aucune femme, aucun homme ne doit être réduit(e) à néant, à rien, pour de l'argent,  à devenir un SDF dans la rue pour des dettes impayées. L'argent ne doit pas être supérieur à la valeur d'une vie humaine.

Donc le problème n'est pas de savoir si l'étudiant(e) doit travailler le dimanche pour se payer ses études, mais, s'il s'avère qu'elle ou qu'il n'a pas la possibilité de se reposer en semaine, le problème est de savoir comment créer une solidarité chrétienne pour permettre à l'étudiant(e) de poursuivre ses études et de se reposer au moins un jour par semaine, le dimanche ou un autre jour, peu importe. 

  La lettre chrétienne ne doit pas sacrifier l'esprit  au profit de règles cléricales séculaires et "coutumières". C'est un message, une Bonne Nouvelle, l'Evangile, pas un courrier du fisc.  La contribution attendue n'est pas un acte de contrition, mais un acte d'interaction sociale, de  "construction" d'un vivre ensemble joyeux dans un pays qui bouge et qui remue. Peut-être que nos jeunes générations ont envie d'aller à la messe un autre jour que le dimanche ?  

Personne ne peut interdire à quelqu'un de travailler tel ou tel jour, du moment qu'il peut se reposer un septième jour, mieux, un sixième et un septième jour.

Cette flexibilité moderne du temps de travail présente l'avantage de devoir parallélement ouvrir nos temples et nos églises, pas seulement le dimanche, si on veut que l'esprit habite la lettre et que Dieu s'invite dans notre monde.

Dieu se célèbre tous les jours. Il n'y a rien de plus triste et de plus offensant pour l'Esprit que ces portes fermées par des hommes d'églises qui croient à tort que la foi de leurs fidèles leur est acquise pour toujours. La foi s'entretient, comme l'amour. Un peu de présence attise le feu de la passion. Beaucoup d'absence l'épuise. Cette désertion des lieux sacrés s'accompagne de la déliquescence de l'essence divine.

La religion est un trait d'union entre tous, pas une cause de division, lorsque l'esprit est supérieur à  la lettre. Sinon la religion disparaît, lorsqu'elle ne lie plus les hommes entre eux mais les renie au nom de Dieu, un "non-sens". 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.