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Billet de blog 22 novembre 2013

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La voix des préfets, la voie de la France républicaine.

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Le 27 septembre 2013, le ministre de l'intérieur avait  rédigé la synthèse mensuelle des notes confidentielles  adressées par les préfets à leur autorité de tutelle, une synthèse de l'état d'une France à la veille d'insurrections populaires.

Aujourd'hui, le 23 novembre 2013, force est de constater que les préfets avaient raison. Ils avaient fait entendre la voix de la France, en faisant entendre leur voix.

Il reste à ouvrir une voie française qui soit la résonance de ces voix, un écho politique

- qui ne soit pas la seule répétition inefficace des cris d'une tension sociale qui, entendue, devrait s'apaiser, il paraît dans ce seul jeu des apparences,

- mais une voie française qui offre des solutions concrètes contre l'oppression des plus riches impavides puisqu'apatrides à l'encontre des plus pauvres patriotes qui eux, ont les "chocottes" face à ces coyottes.

Un signe fort doit être envoyé au peuple français, un  peuple qui est mieux représenté par ses préfets, ces hauts serviteurs de l'Etat qui sont devenus serviteurs du peuple de France, que par des élus politiques siégeant dans une noble Assemblée, si noble qu'elle semble accorder à ces mandatés du peuple autant de privilèges que les courtisans du Roi-Soleil, sous le régime de la monarchie absolue, au XVIIème siècle.

Le premier signe qui pourrait marquer les esprits et le siècle français du XXIème siècle serait de débuter enfin la réforme de cet Etat républicain.

Il serait temps de reconnaître la place des préfets de la République, ces hauts serviteurs de l'Etat, devenus l'interface unique d'un état qui se délabre au sein d'un peuple français qui se cabre. Pour redonner de la légitimité à l'action de l'Etat, il faut placer les préfets sous l'autorité directe du Premier Ministre.

Un passé récent et récurrent vient de nous apprendre qu'être ministre de l'intérieur, c'est tenir la France. Il suffit de lire et relire l'histoire politique de notre pays. Pourquoi ? Parce qu'être ministre de l'intérieur, c'est être le chef de tous les hauts serviteurs de l'Etat, la tête à la tête de tous les pouvoirs locaux, départementaux et régionaux, donc du pouvoir national.

Un passé récent et récurrent vient de nous apprendre qu'il est facile de "fachiser" un état républicain. Il suffit de le "policiariser" et, sous le prétexte fallacieux d'une fusion gendarmerie/police nationale, obtenir que des policiers deviennent des préfets. 

La culture de l'ENSP n'est pas celle de l'ENA. La culture d'un policier n'est pas celle d'un préfet de l'Etat. J'ose l'écrire car il faut sortir de l'hypocrisie institutionnelle actuelle. Par "culture" il faut comprendre cet  humanisme qui est la marque des préfets. Humanisme, comme dirait Bernard DE CLAIRVAUX, c'est à dire  faire ses lettres d'humanité.

Dans une économie dominante et totalitaire, la culture des préfets n'est pas la culture des technocrates du mondialisme libéral apatride. C'est une erreur de confondre les technocrates de l'économie et de l'industrie avec les préfets de l'Etat. Tout simplement parce que sans Etat, les préfets n'existeraient plus.

Dans un Etat de plus en plus affaibli, les préfets seront avilis et finalement leur statut unique, très "français", sera aboli au profit des privilèges d'une caste financière bancaire qui veut un Etat précaire et grégaire, des "moutons" soumis aux "tontons", aux trésoriers. 

Les Banksters veulent une dérégulation mondiale, prônant la disparition des Etats/nation. Les préfets sont l'incarnation de l'Etat, un Etat représenté au  plus près d'une population dont ils sont devenus la voix intime, une sorte de légitime défense face au crime organisé, non pas seulement la cessation de paiement d'un Etat voulu par des voyous, des voleurs, mais la fin de la Loi républicaine, la fin de l'Etat français.

Par conséquent, il serait grand temps, enfin temps, de placer officiellement les préfets dans la position qu'ils occupent officieusement : gestionnaires de l'interministérialité dans les territorialités complexes d'un Etat qui ne s'y retrouve plus.

Pour gérer l'interministérialité, il faut être positionné au-dessus de tous les ministères. Sinon la légitimité de l'action de l'Etat est contestable et contestée dans les départements et les régions.  Le ministère de l'intérieur est un ministère parmi d'autres dont il faut bien reconnaître qu'il est devenu la seule vitrine des chiffres de la sécurité intérieure.

Cette démarche de simplication administrative et de lisibilité des actes politiques serait un premier pas vers une réforme de l'Etat indispensable en France. Elle permettrait au gouvernement actuel, un gouvernement de gauche, donc un gouvernement censé renforcer le rôle de l'Etat, de s'allier les préfets de l'Etat, de précieux collaborateurs républicains, en les élevant au niveau qu'ils occupent actuellement de fait, celui de représentants d'une politique interministérielle animée et gérée par le Premier Ministre.

Surtout, cette réforme des têtes de l'Etat qui devraient retrouver leur place au sommet des corps de l'Etat devrait permettre de corriger une "policiarisation" rampante et galopante de la Fonction publique d'Etat.  

La voix des préfets :

(excellent article de François BAZIN à retrouver sur le site du Nouvel Observateur) :

http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20131018.OBS1755/pourquoi-les-francais-sont-en-colere-le-rapport-secret-des-prefets.html

[ Pourquoi les Français sont "en colère" : le rapport secret des préfets

Publié le 19-10-2013 à 07h45 - Mis à jour à 08h59

Par François Bazin

Un rapport confidentiel des préfets montre les racines d'une exaspération qui peine à s'exprimer sur le terrain social, mais qui menace de tout emporter dans les urnes.

Des salariés de l'abattoir Gad, menacé de fermeture, le 10 octobre à Lampaul-Guimiliau. (Sophie Prévost/Maxppp)

C'est une note de quatre pages, classée "confidentiel" et rédigée par le ministère de l'Intérieur. Chaque mois, les services de Manuel Valls, sur la foi des rapports que leur adressent les préfets, rédigent une "synthèse", qui est une manière de plonger dans les méandres de l'opinion publique. Elle dit l'esprit du temps, le moral des élus et l'humeur des Français, ceux que l'on entend peu dans les grands médias et qui représentent ce que certains appellent "le pays profond".

La dernière en date de ces synthèses a été publiée le 27 septembre dernier. Elle est remontée illico jusqu'au sommet de l'Etat et a été jugée suffisamment inquiétante à l'Elysée et à Matignon, pour que, cette fois-ci, elle soit communiquée aux principaux dirigeants de la majorité.

La France gronde, les Français sont en "colère ". Ce mot-là, François Hollande, en déplacement la semaine dernière en Haute-Loire, l'a d'ailleurs prononcé publiquement. Dans la synthèse des préfets, il ne figure pas de façon explicite. Mais c'est tout comme ! Les casquettes de la République n'ont pas l'habitude d'employer les formules chocs et les phrases qui claquent. C'est ce qui fait tout l'intérêt de la note du 27 septembre.

Il faut savoir la décoder pour mesurer son caractère alarmiste. Tout est écrit par petites touches qui signalent, une à une, les sources d'un mécontentement qui monte, qui tourne, qui s'alimente parfois à de petits riens dont on mesure toutefois combien ils pourraient devenir explosifs si demain ils devaient se cristalliser dans un même mouvement. On n'en est pas encore là. C'est ce qui explique, au bout du compte, un climat insaisissable fait d'aigreurs accumulées, sur fond de ressentiment à l'égard de ce qui vient d'en haut, du pouvoir parisien, de ceux qui gouvernent l'Etat.

"Un sentiment d'abandon"

Le premier point mis en exergue par les préfets porte sur le monde rural. Celui-ci "s'organise pour revendiquer une spécificité de traitement dans les réformes en cours". A quelques mois des municipales, il n'y a rien là de secondaire.

Si le redécoupage cantonal "ne suscite guère de réactions dans l'opinion, il fait parfois l'objet de débats enflammés dans les exécutifs locaux". Plus que "des accusations partisanes", les préfets notent ainsi "les inquiétudes sur les conséquences d'un tel redécoupage sur le maillage territorial des services publics et l'éligibilité à certaines subventions ou projets d'équipements".

Le discours qui monte est tout entier dirigé "contre l'hégémonie des métropoles" que le gouvernement serait en train d'organiser à travers la loi Lebranchu. Chez les petits élus, tout fait désormais sens : les restructurations liées au vote de la loi de programmation militaire aussi bien que la réforme Peillon des rythmes scolaires. Le sentiment qui domine est "un sentiment d'abandon".

Le deuxième point abordé par les préfets a davantage fait les gros titres des médias."Inquiets du discours antifiscal qui pourrait favoriser les extrêmes, écrivent-ils, les élus considèrent que les limites du consentement à l'impôt sont atteintes."

Là encore tout converge : "Dans les esprits où domine la hantise du chômage et de la baisse du pouvoir d'achat, la hausse de la fiscalité devient un élément anxiogène de plus." L'expression utilisée est celle de "choc psychologique" pour "des foyers jusque-là non imposables". A preuve, " l'afflux record dans certains centres de finances publiques de contribuables à la recherche d'informations ".

Dans ce contexte, "les élus confient avoir constaté la radicalisation des propos de leurs administrés qui fustigent 'un matraquage fiscal' et 'une hausse insupportable d'impôts qui financent un système trop généreux'." Et les préfets de conclure : "La menace de désobéissance fiscale est clairement brandie."

Le troisième point abordé par les casquettes de la République porte sur "l'évolution des modes de délinquance". "Médiatisation croissante des faits divers par les médias locaux [...] dans des régions qui s'en croyaient indemnes" ; "cambriolages, délinquance de proximité, incivilités" : la formule choisie pour résumer le sentiment des Français se passe de commentaire.

Tout cela "inquiète autant que cela exaspère". C'est ce qui conduit les préfets à souligner que "la population semble désormais prête à s'impliquer davantage dans la lutte contre la délinquance à travers des opérations comme 'voisins vigilants' ou 'alertes commerce'".

Enfin, sur un mode un peu plus positif au regard des mesures prises récemment par le gouvernement avec notamment la baisse de la TVA sur la rénovation de logements, les préfets soulignent "la situation de détresse" qui est aujourd'hui celle des professionnels du bâtiment.

Loin du discours convenu sur les bienfaits supposés du statut d'auto-entrepreneur, ils rappellent ainsi que "dans certains départements, près de 70% des créations d'entreprises artisanales" relèvent de ce dit statut. Ce qui, ajouté à "la concurrence d'entreprises étrangères qualifiée de low cost", entretient un discours récurrent sur la "concurrence déloyale".

Ras-le-bol fiscal

Faut-il dès lors s'étonner que le Front national monte dans les sondages ? Sentiment d'abandon des zones rurales, ras-le-bol fiscal, augmentation de la petite délinquance, détresse du monde artisanal : on retrouve là tous les ingrédients qui, mis bout à bout, nourrissent le programme lepéniste dans ce qu'il a de plus tristement classique. Durant l'été dernier, Hollande confiait volontiers son inquiétude de voir la réforme des retraites "unifier" un mécontentement latent.

"Si ça prend, disait-il en privé, toutes les catégories qui grognent oublieront leurs antagonismes pour se retrouver derrière la première manif venue." Le danger n'est plus là. La réforme des retraites, bouclée fin août avec un sens achevé de l'équilibre hollandais, a étouffé dans l'oeuf le mouvement social et du même coup mes projets assassins de la gauche Mélenchon, en lien avec les secteurs les plus durs de la CGT ou de FO.

Sur le front de l'emploi qui s'améliore doucement, les plans sociaux qui tombent provoquent plus de ressentiments que de mobilisations. De même qu'il existe des grèves perlées, on voit s'installer une colère diffuse qui entretient dans le pays ce curieux climat où l'insatisfaction domine sans que jamais elle ne s'exprime de manière unifiée dans la rue.

"Ne comptez plus sur notre bulletin de vote"

Aujourd'hui, on en est là. Les sondages le disent. Les préfets le confirment. Les plus expérimentés des élus de gauche confient, la peur au ventre, que cette situation leur rappelle celle qui prédominait avant leur déroute des législatives de 1993. "Les gens se taisent. Bien sûr, sur les marchés, nos sympathisants viennent râler. Mais tous les autres ont le visage fermé, témoigne un député d'Ile-de-France. Ils se contentent d'un 'C'est dur, hein !' dont on sent bien qu'il veut dire 'Ne comptez plus sur notre bulletin de vote'. "

L'abstention, voilà l'ennemi. Celui qui fait trembler les candidats de l'actuelle majorité, à l'approche des municipales. Avec, en toile de fond, une attention croissante au discours lepéniste, perçu comme la dernière manifestation possible de ce refus du "système" qui fait désormais florès.

Dans ce climat délétère, tout est désormais fléché pour que la colère qui monte se porte sur le seul terrain électoral. Quand Jean-François Copé répète à tout-va que la seule manière de "sanctionner le pouvoir" est de favoriser une "vague bleue" aux prochaines municipales, mesure-t-il qu'il ne se trompe sur rien, sauf sur la couleur exacte d'un vote qui s'annonce essentiellement "bleu Marine" ? Face à cela, la majorité ne peut compter que sur l'implantation de ses élus sortants. Elle tente de faire souffler sur le pays un air d'optimisme, encouragé par la croissance qui revient et la courbe du chômage qui devrait s'inverser à la fin de l'année.

C'est peu et beaucoup à la fois. C'est un peu tard surtout pour espérer que le courant qui enfle, dans les profondeurs du pays, puisse être freiné dans les mois à venir. En 2014, immanquablement, tombera la facture. Pour Hollande, comme pour la droite républicaine, il n'y a guère de raison de penser qu'à la colère qui gronde, ne succédera pas, demain, une de ces sanctions dont on ne pourra pas dire qu'elle est venue par surprise. ]

  Les préfets font mieux et plus fort que les syndicalistes, sans se tromper et tromper le peuple.

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