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Billet de blog 23 avril 2014

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Le médiateur de la police nationale, un "beau gosse" qui réfléchit et qui agit contre les coups de crosses donnés par des rosses

Le médiateur de la police nationale, couvert d'épines, mais sans les roses, vient de publier son rapport annuel d'activité pour l'année 2013.

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Le médiateur de la police nationale, couvert d'épines, mais sans les roses, vient de publier son rapport annuel d'activité pour l'année 2013.

J'avoue que j'attendais avec impatience de lire cette synthèse "médiatique" et de découvrir si, oui ou non, le médiateur de la police nationale avait le pouvoir politique de dire "oui ou non", d'être tolérant avec les agents et indépendant par rapport à  des chefs de service vitupérants et malentendants.  

Au cours des pages, j'ai découvert avec surprise et plaisir un rapport écrit sans condescendance aucune ni outrecuidance excessive, par un homme qui ne méprise pas l'importance des saisines des agents et de leur désir de justice manifeste, principalement dans la gestion de leurs carrières indigeste (octroi des avancements et  des mutations).

Le courage moral du médiateur apparaît sans conteste dans sa volonté de traiter toutes les saisines, d'entendre l'agent, qu'importent son grade et sa fonction, en sorte que le rapport du médiateur lance un appel sans équivoque à la transparence et à l'équité qui porte dans un milieu "court-circuité" par les "copinages", où l'attribution des postes s'effectue dans une ambigüité dépréciative qui tue le bon fonctionnement des services, puisque la reconnaissance du mérite professionnel y est très relative, sinon "spéculative". Souvent l'omerta est de mise et ces situations réelles d'injustice sont tues. Est gagnant, comme à la Bourse, non pas celle ou celui qui travaille, mais celle ou celui qui sait placer ses actions de cirage de pompes au bon moment et sur la bonne paire de... pompes !  

L'auteur, inspecteur général, accentue cette volonté de ne pas tomber dans un élitisme rédhibitoire qui pourrait être vu comme une forme de favoritisme dans l'exercice difficile et fort délicat d'une médiation au sein de services gérés par des rosses à coups de crosses. Il reste à découvrir ce rapport écrit de manière alerte, dans un style accessible à tous, première victoire qui nous est offerte par l'Etat.

Cependant, le médiateur de la police nationale, qui ne pêche pas par excès de confiance,  ne se cache pas de sa manifeste répugnance à se saisir des problèmes funestes de harcèlement moral. Il s'en explique avec quelques esquives de style qui permettent aux lecteurs de se rappeler que ce rapport reste écrit par un haut fonctionnaire de l'Etat français, à l'intelligence vive mais à l'indulgence récessive. Même si la plume est leste, l'embarras est réel. Cette belle tache, intervenir dans un service où des agents expriment leur souffrance au travail à cause d'agissements pouvant s'apparenter à du harcèlement moral (pas de saisine pour harcèlement sexuel, sauf erreur de ma part),   qui est une tache pouvant nuire à l'honneur et la réputation de la police nationale, l'indispose. Il la transpose dans le domaine post-juridique, c'est à dire que le médiateur semble préférer s'abstenir, sauf si une décision négative a été formalisée (ou devrais-je écrire "formolisée", certains agents hagards étant réduits à l'état de corps conservés dans des bocaux ou des placards) par des chefs de service locaux.

Néanmoins, le médiateur souligne les pratiques "suspectes" de suppressions de postes dans le cadre de réorganisations de services voulues par des têtes dont le but n'était manifestement pas de servir l'intérêt général du service, mais semble-t-il de sacrifer aux intérêts particuliers, les leurs et les leurres,  certains agents pourtant compétents, ou devrais-je écrire, parce que compétents.  Nous savons tous que certains chefs et leurs sbires font leur beurre avec l'argent des contribuables, en occupant indûment des postes dans la fonction publique,  comme d'autres volent des marchandises dans les grandes surfaces, sans mérite, le mérite qui est cet argent avec lequel les fonctionnaires paient l'Etat qui les rétribue, toute honte bue, au sus et au vu de tous !  Le pire est que ces réorganisations de services dites réformettes d'organigramme sont des promotions ouvertes pour les copains, hommes de main desdits chefs, couvertes par des CAP qui ne sont plus que des chambres d'enregistrement. La musique est connue d'avance et le chef d'orchestre qui tient la baguette ne fait que de la représentation théâtrale. 

S'étonnera-t-on ensuite que l'Etat français hérite de la gestion d'une police nationale qui repose sur une usurpation d'autorité exercée à coups d'abus de pouvoir, les coups de crosse donnés par des rosses qui veulent qu'on flatte leur bosse, ce dont s'irritent les agents ? Flatter le boss vénal, c'est flatter la bosse d'un déformé du cerveau, la colonne vertébrale d'un intellectuel "con-formé". Sauf à être un insecte, une fourmi ouvrière pouvant porter dix mille fois son poids,  le prolétaire ainsi transformé en fourmi légionnaire ne peut que mourir, tandis que le tortionnaire continue, lui, à sévir maintes fois.

Dans une période de restrictions budgétaires où la viande humaine se fait rare, certains chefs de service peu amènes vont devoir revoir à la baisse leurs noires et notoires prétentions de vouloir tuer d'un seul coup de dard des agents réfractaires, pour avoir le lard et le gras du cochon payant.  La seule mesure à prendre serait de  faire passer ces chefs et leurs "couvre-chefs" à la caisse chaque fois qu'ils "cassent" leurs jouets, ou  leurs sujets, ou encore leurs ressources humaines. Sinon les gestionnaires de finances trépassent et les contribuables réactionnaires  se lassent d'être fiancés à  des chefs effroyables qui font rayer des effectifs des agents compétents pour les remplacer par des impétrants. Certains chefs aiment faire saigner le cochon payant, dans des services qui ressemblent à des boucheries-charcuteries avec friteries garanties.

[Friterie : néologisme issu du verbe "se friter" sachant que ce sont les sardines et les "maquereaux" qui se fritent le mieux dans les friteries. ]

[Maquereau : Celui qui fait travailler ses "putes" sur la voie publique, autrefois désigné sous le qualificatif avantageux de "grosse pute", c'est à dire le plus gros poisson de la friterie connu pour ses coups de pute.]

Il faut lire le rapport du médiateur de la police nationale pour ne pas mourir "idiot".

Sauf à avoir peur de lui et raviver les terreurs d'une hiérarchie policière régnant sur la "médiocratie" ambiante et médisante, le médiateur de la police nationale devrait être rattaché directement au ministre de l'intérieur, ses avis non arbitraires n'étant qu'à moitié respectés, ce qui n'est pas aujourd'hui acceptable ni honorable pour l'institution. Le respect de sa fonction de médiateur, d'homme d'équilibre et en équilibre au milieu des forces contraires, doit se prouver  par un lien de rattachement direct au ministre de l'intérieur, un rattachement plus que symbolique qui, sans être hyperbolique, nécessite obligatoirement ce réajustement nécessaire.

S'il y a bien une réorganisation qui devrait servir l'intérêt général des services, pour une fois, ce serait d'élever à son juste niveau hiérarchique le médiateur de la police nationale, aujourd'hui sous-placé sous l'autorité du DRCPN, lui-même sous-placé sous l'autorité  du DGPN lui-même dépendant du ministre de l'intérieur. Cette exception  remarquable dans le paysage gouvernemental  confirme les règles locales d'une "firme", celle de la police nationale, qui privilégie les copinages et où la fraternité des loges régit en coulisses l'institution et y déloge les "vrais" gestionnaires, surtout s'ils sont contestataires. Donc il serait sage et urgent de revoir le placement du médiateur dans l'organigramme du ministère de l'intérieur, pour prévoir son déplacement sur un  poste à un plus haut niveau hiérarchique,  quitte à faire tomber les murs sans mystère maçonnique, ce qui lui garantira une indépendance opérationnelle et offrira aux agents une impartialité fonctionnelle. Chez tous les autres ministères du gouvernement, les médiateurs sont directement rattachés à leur ministre de tutelle. Cherchez l'erreur !  

 Est-ce "normal" qu'encore une fois, sinon toujours, la  norme, dans la police nationale,  soit renversée, sinon inversée  ?  

Qui peut s'étonner ensuite que les avis du médiateur de la police nationale soient respectés pour moitié seulement par des chefs de service dont les amis des amis de mes amis, sinon les frères, sont mieux placés que le médiateur de la police nationale auprès du ministre de l'intérieur  ?

S'il y a bien quelqu'un à déplacer pour faire le bien, et pour le faire bien, de toute urgence, c'est bien le médiateur de la police nationale, sauf à y voir la vengeance d'une "médiocratie" ambiante et médisante.

Mettez un peu de roses et de pétales sur la couronne d'épines du médiateur de la police nationale, mettez de  l'ordre dans la hiérarchie policière du ministère de l'intérieur  !

Le maintien de l'ordre public passe par une revendication populaire et légitime : être exemplaire dans la gestion de cette institution, la police nationale, pour que les agents et les contribuables ne soient plus les victimes d'une incurie abyssale, l'incapacité doctrinale à nettoyer les écuries d'Augias.

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