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Billet de blog 25 avril 2014

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Marche ou crève ! La marche de BB sur Paris ou son pari pascalien contre le parti pris d'une police nationale mal apprise.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Elle est partie de Lyon, Brigitte.

Toute seule, une femme handicapée, abandonnée par tous, livrée à son sort, sur la route, la longue route du désespoir.

A cinquante ans, on ne refait pas sa vie.

On la termine !

On en finit avec d'une manière ou d'une autre.

C'est la déroute de la France, la route de Brigitte, la déroute des handicapés.

Elle est partie de Lyon, Brigitte, à pied jusqu'à Paris pour rencontrer le ministre de l'intérieur, le président de la république, quelqu'un, un chef, un gouvernant qui puisse la sauver d'une fin certaine, la fin de sa vie. 

Seulement, voilà, le président de la république, il ne gouverne plus. Il a écrit à Brigitte qu'elle devait voir le ministre de l'intérieur car c'est lui qui gouverne. 

Il n'y a plus de matins, ces matins où on se lève pour saluer le soleil, parce qu'il faut partir travailler. Il n'y a plus que des soirs,  ces soirs où l'on se couche par terre, sans espoir, après avoir été couchée dans un lit, quand on n'a plus rien et qu'on se couche par terrre sur un trottoir, parce qu'on n'a plus de lit.

Perdre son travail, c'est un délit pire aujourd'hui que de voler de la nourriture chez un riche racaille. Vous êtes condamné(e) à la mort et vous n'êtes même pas à l'abri derrière les murs d'une prison et sous un toit. Sauve-toi, toi qui as encore un travail, avant que ça ne t'arrive ! Tout part à la dérive. C'est la lessive des possédants. Ils salissent tout et ils se nourrissent des ventres vides des pauvres gens.      

Vous la trouverez peut-être devant l'Assemblée Nationale, par terre sur un trottoir, Brigitte.

Peut-être.

Brigitte fait la grève de la faim.

Quand on n'a plus rien, c'est "normal" de faire la grève de la faim.

De toute façon, qui va vous nourrir ?  Autant mourir.

Parce que la police nationale aurait reçu l'ordre de disperser la foule, la seule femme qui manifestait pacifiquement pour protester contre sa mort administrative, sa fin législative, a été "dispersée". Encore une fois, Brigitte a eu le coeur percé par la froideur d'une administration dont les trahisons se suivent et se ressemblent, comme les hivers d'une vie sans envie. C'est le monde à l''envers, un monde où celui qui est immonde a tous les droits. Pour avoir des envies, il faut avoir de l'argent. Sinon, on peut terminer sa vie en prison. Ou  dans la déraison, cocufié(e) et ruiné(e)  par le système.  

Aujourd'hui, grâce à Brigitte, on sait qu'en France, il est devenu légal de faire mourir un travailleur handicapé, en le privant de son travail, donc de tout revenu, donc de son foyer, donc de son toit, donc de tout.   

Le SGAP de Lyon a jeté un sort de mort à Brigitte. Il a fermé la porte à sa réintégration, après une radiation des cadres exemplaire de cynisme dans le mutisme total d'un système in-humanitaire.

Devant l'Assemblée Nationale, deux hommes sont venus à la rencontre de Brigitte. Ils ont des visages. Ils ont des noms, ces hommes unis par le simple hasard de cette rencontre. Et surtout ils ont un coeur. Il ont du coeur, ce mot qui signifie aussi courage, le courage d'aller à la rencontre des plus démunis, sans égards pour les regards surpris.

Le premier s'appelle François FILLON. Il incarne cette droite sociale qui considère que la gauche n'a pas le monopole du coeur. Il le prouve. Il écoute Brigitte, malgré sa rage et sa rancoeur, l'encourage et prend son courrier de demande d'entretien avec un président de gauche.

Le deuxième s'appelle Frédéric MITERRAND, le neveu de François MITERRAND. Tu peux être fier, François, de ton neveu. Il prouve qu'il a compris comme toi la détresse de ton petit peuple. Frédéric MITERRAND  s'arrête pour un moment, un instant de vie, un intervalle de bonheur dans un grand malheur, pour une photographie prise  à la demande de Brigitte avec lui, tout contre son coeur, devant l'Assemblée Nationale. L'objectif caresse les deux visages et fige le sourire magnifique de Frédéric MITERRAND.

Pour voir le magnifique sourire de Frédéric MITERRAND serrant Brigitte contre son coeur, cliquez sur les liens, les liens du coeur, à la fin de cet article.

La politique, c'est une rencontre avec le peuple, avec son peuple.

Surprise : c'est la droite, un ex-ministre du gouvernement de l'ex-premier ministre, François FILLON, de l'ex-président de la république, Nicolas SARKOZY,  qui vient saluer la gauche perdue sur un trottoir, et, à partir de la caresse d'un objectif, immortaliser ce moment "populaire", rendre l'espoir à cette femme de cinquante ans, toute seule et handicapée, qui a tout perdu et qui se dresse, comme la justice, droite dans ses revendications, pour tous les handicapés de France, devant l'assemblée du peuple, l'Assemblée Nationale.   

Non, ils ne se sont pas concertés, ces deux hommes, ces deux élus du peuple qui représentent bien le peuple et ne passent pas leur chemin, sans tenir la main d'une pauvre femme, pour que demain ne soit plus un jour sans espoir et sans soleil,   comme le prouve le journal de Brigitte tenu au jour le jour et communiqué à ses amis.

Si vous voulez rejoindre Brigitte sur son trottoir, je vous invite à cliquer sur ces deux liens et  à soutenir ses revendications légitimes : retrouver son travail au sein du SGAP de Lyon et donc pouvoir éviter l'expulsion de son domicile. Le pouvoir peut tout. Il peut même tuer.

https://www.facebook.com/MarchepourlaJustice

 http://www.mesopinions.com/petition/droits-homme/droit-travail-personne-handicapee/11616

Le pouvoir politique peut tout.

Il peut même tuer, tuer l'espoir ou tuer le désespoir, en redonnant l'espoir. 

Pour Brigitte qui a entamé sa troisième grève de la faim et a failli mourir lors de sa deuxième grève de la faim qui s'est terminée à l'hôpital, service des urgences, pour lui éviter une fin tragique.

Parce que l'urgence sociale, c'est une urgence physique pour ceux qui ont faim et froid.

Parce que perdre son travail, c'est tout simplement dramatique, le drame de la vie, le drame d'une vie, de toute une vie. 

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