Dans l'entretien avec Mediapart, M. Braouezec termine avec les propos suivants :
"Entre la réaction de Mohamed Belkacemi et de Francis Smerecki (le participant qui proteste et interpelle Laurent Blanc), on n'est pas sur le même registre. Il y a, de la part de Mohamed Belkacemi, une réaction très passionnée, passionnelle, parce qu'il est à fleur de peau, parce qu'il est directement visé; Francis Smerecki, qui a le recul nécessaire, qui n'est pas touché de la même façon, argumente. On voit bien la différence entre quelqu'un qui fait marcher ses tripes et quelqu'un qui fait marcher sa tête. Je crois profondément au fait que Mohamed Belkacemi a été très affecté par ce qu'il a entendu. Et qui l'amène à se dire: si ça se reproduit, autant que la Fédération sache et qu'elle prenne des dispositions."
Ce que vous dites est inacceptable. De cette façon, M. le député, vous reprenez le discours des racistes. Oui, vous reprochez à M. Belkacemi d'avoir agi avec "ses tripes et non avec sa tête". Pour vous, M. Belkacemi n'est qu'un maghrébin et étant touché par ce qu'il venait d'entendre, il ne peut réfléchir et répond forcément avec ses tripes. C'est cela qui est regretable dans vos propos... Pourquoi ? Je n'ai même pas besoin d'argumenter.
M. Belkacemi n'avait pas voix au chapitre ni pendant la réunion, ni après. Il a essayé d'alerter ses supérieurs de la dérive que prenait la DTN ; est-ce que quelqu'un a entendu ses alertes ? Nous savons que non... Alors, comment pouvez-vous dire qu'il n'a pas réfléchi, qu'il a agi avec émotion et seulement avec émotion...
Vous nous servez un discours que j'entends tous les jours sur la prétendue émotion avec laquelle on peut réagir sur certains sujets quand on est directement concerné. Cette infantilisation vous permet d'écarter les maghrébins et leurs descendants de certaines questions sociales et de légitimer certains discours issus directement du darwinisme social.
Oui, on peut être concerné par un sujet et réagir avec sa tête et seulement sa tête, même si vous en doutez...
M. Braouezec, votre discours confirme mes doutes et mon engagement hors de la gauche à laquelle vous appartenez. Cette gauche qui nous enferme, qui nous méprise et continue à nous assigner à des rôles de "bons sauvages" qui ne peuvent que réagir avec leurs "tripes". M. Braouezec, attention à l'avenir à ne pas supposer des pseudo-affects comme vous le faites pour M. Belkacemi. Certes, il est maghrébin mais il a peut-être agi de cette façon car son humanité s'est sentie ébranlée, et non sa maghrébinité... Tout citoyen peut, à un moment donné, réagir. Ici, M. Belkacemi a alerté ses supérieurs et donc il a fait ce qu'il avait à faire... Imaginez si Mediapart avait eu vent des propos de cette réunion mais qu'il n'avait pas eu l'enregistrement, on aurait dit à M. Belkacemi : "Ah, encore un maghrébin de plus qui se met dans une posture de victime sans aucune preuve...".
M. Belkacemi a enregistré car contrairement à ce que vous pensez de lui, il a fait marcher sa tête, et il a compris que des preuves étaient nécessaires pour être écouté.
M. Braouezec, vous me décevez, mais soyez tranquille, je ne voterai pas pour votre gauche même si mon coeur reste à gauche.
Quand les poules auront des dents... (merci Jay Gould)
Une maghrébine en colère