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Billet de blog 12 juin 2024

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Macron a-t-il eu peur des JO ?

Malgré les explications réitérées le 12 juin par E Macron, le mystère de sa motivation à dissoudre l’Assemblée Nationale reste entier. Et s'il avait choisi de perdre le pouvoir pour sauver l'honneur?

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Malgré les explications réitérées le 12 juin par E Macron, le mystère de sa motivation à dissoudre l’Assemblée Nationale reste entier. Les explications fournies jusque là invoquent l’irrationalité (une « dissolution d’orgueil », pour Patrick Cohen), et/ou un calcul politique particulièrement mauvais, car conduisant à l’ingouvernabilité de la France ou à une cohabitation, et donc à une perte de pouvoir pour lui.

Sur les plateaux la classe politique déplore ce geste, et certains commentateurs soulignent qu’à un mois et demi des Jeux Olympiques, on  risque de confier la gestion des Jeux et leur sécurité à un tout nouveau gouvernement, peut-être totalement inexpérimenté, et cela à la dernière minute. Or « les questions de sécurité sont écrasantes, personne n’a le droit à l’erreur », soulignait Michel Aphatie dans "Quotidien" (TMC).

Et si ce transfert de responsabilité vers un gouvernement de cohabitation était précisément l’effet recherché ?

Rappelons qu’il est logique pour E. Macron de craindre plus que tout le ridicule et la déconsidération vis-à-vis des autres chefs d’Etat et des grands chefs d’entreprise mondiaux qu’il aime recevoir en grande pompe, à Versailles ou ailleurs.

Le risque de terrorisme

Or le chemin des JO est semé d’embûches, comme le détaille La face cachée des JO, de Sébastien Chesbeuf, Thierry Vildary et Jean-François Laville. Ce livre souligne l’extraordinaire vulnérabilité à des actes de terrorisme que constitue l’évènement, et notamment la cérémonie d’ouverture des JO sur la Seine, au cœur de Paris.

Il y a quelques mois, des chômeurs de toute profession étaient sollicités en masse pour sécuriser les JO, tellement le manque de main d’œuvre était criant, et des effectifs polonais et de « plusieurs nations étrangères » étaient invités en renfort.

Cela au moment où les décisions d’Emmanuel Macron sur l’envoi de formateurs français en Ukraine ont ulcéré le Kremlin, qui a d’ailleurs envoyé plusieurs gestes d’avertissement. Sans compter le risque accru de terrorisme en lien avec la situation au Moyen-Orient.

Les autres risques

Les grèves des transports et une défection des bénévoles sont aussi à craindre, au moment où ces derniers ont reçu des mails tendant à les décourager, en pointant le risque juridique de « travail dissimulé » qu’ils encourraient. A l’occasion du projet de loi sur la réforme des retraites, une simple grève des éboueurs avait suffi à entacher l’image de Paris et de la France. Sans compter l’incertitude sur la qualité de l’eau de la Seine, avec les plaisanteries que cette situation a déjà commencé à susciter, ou les risques de collision entre les 150 embarcations remplies de plus de 10 000 athlètes : quel symbole si l’une d’entre elles venait à couler… dans la ville du « Fluctuat Nec Mergitur » !

 « Attention, jeux dangereux », titrait, dès le mois de janvier, un hebdomadaire italien, qui illustrait sa couverture d’une Tour Eiffel en Tour de Pise et précisait que pour Emmanuel Macron, « les rêves de grandeur sont accompagnés des peurs d’une débâcle. »

Ajoutons à cela tous les risques qui n’ont pas filtré dans la presse, et on peut légitimement se demander si la dissolution n’était pas, pour E Macron, une façon de perdre le pouvoir, mais de sauver l’honneur.

Quelques indices

L’opinion avait été quelque peu préparée en amont par des indiscrétions dans la presse, notamment dans le Canard Enchaîné du 29 mai 2024, qui écrivait : « A dix jours des européennes, certains pontes de la Macronie fantasment sur une dissolution de l’Assemblée Nationale » car « la situation la plus formidable pour un président, c’est la cohabitation. »

Parmi la poignée de proches conseillers qui avaient été missionnés pour réfléchir à cette hypothèse, on trouve … Gérald Darmanin, pourtant loin de faire partie du « premier cercle » des intimes, mais particulièrement bien renseigné, en tant que Ministre de l’Intérieur, sur les risques sécuritaires posés par les JO.

Et si l’éventuel Premier Ministre de la cohabitation était de la « chair à canon », au même titre que l’a peut-être été Valérie Hayer lors de ces élections européennes ?

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