
La Fanny est serveuse au café des Platanes
Elle a de ces rondeurs que les dévots condamnent
Mais que les jouisseurs lorgnent avec désir
Tant elles sont promesses de joies et de plaisir.
Elle ondule parmi les joueurs de pétanque,
Ces acteurs naturels, ces presque saltimbanques,
Perturbe les tireurs, énerve les pointeurs,
Prive de leurs moyens ces superbes menteurs.
Sous l’effet ravageur de ses hanches qui roulent
Tous restent bouche bée et en perdent la boule
Parmi les équipiers, voilà la zizanie :
On s’insulte, on se crie, pour un point on s’encagne
On joue contre son camp, on joue à Qui-perd-gagne
Tous rêvent du Zéro… et de baiser Fanny
Victor ! Tes pétanqueurs qui rêvent d’embrassades
En matant les rondeurs de la belle Fanny,
Ils devraient s’entraîner à faire la brandade,
Ca calmerait un peu leur érotomanie !
Voici comment la font, pour leur table éponyme
Serge, et Wladimir, restaurateurs à Nîmes.
Pour réussir ton plat, éloigne les intrus,
Une nuit, à l’eau fraîche, dessale ta morue,
En six coups de hachoir frappés sur une planche,
Sans enlever la peau, en portions tu la tranches.
Tu la mets, à l’eau froide, dans un large faitout
Que tu lèves du feu quand le liquide bout,
Et tu laisses tremper dix minutes environ,
Le temps de te verser quelques petits canons.
Puis égoutte, essore, et lève les arêtes,
Dans une casserole, met ta morue défaite,
Dès lors, tu vas chauffer l’ensemble au bain-marie.
A la cuillère en bois, à tour de bras, manie,
Ecrase la morue d’une main combative
En ajoutant du lait et de l’huile d’olive,
L’un et l’autre, tiédis, de façon mesurée
Pour obtenir enfin une lisse purée.
Cette crème doit être onctueuse et épaisse
Pour cela, il te faut branler fort, sans faiblesse.
Lorsque tu en est là, prend le temps de souffler,
Décontracte ton bras, laisse-le dégonfler,
Verse-toi volontiers un vin blanc des Costières
Et va faire un câlin avec la cuisinière.
Reprend ton appareil, oublie la rigolade
Si tu veux, comme un chef, réussir ta brandade.
Il faut la parfumer, la monter en saveur.
Elle doit embaumer pour chavirer les cœurs.
Ecrase, au mortier, une gousse d’ail blanc,
Râpe un peu de muscade – excellent stimulant ! -
Un zeste de citron que finement tu haches,
Un peu de poivre blanc, un soupçon de pistache,
Du sel si nécessaire, mais reste circonspect,
Enfin, lorsque tu sers, une truffe râpée.
Ce plat emblématique de Nîmes la Romaine
Incitera Fanny, à la dernière mène,
A laisser les vainqueurs autant que les vaincus,
Selon la tradition, lui embrasser le cul !
A nous, belles conquêtes ! Le vin vous embellit.
Continuons la fête, ouvrez-nous votre lit.
Chantons, rions, mangeons et trinquons nuit et jour
A la beauté des femmes, au vin et à l’amour !
Illustration X – Droits réservés
Ecoute ! Ecoute !
C’est deux anciens qui discutent sur le banc des sénateurs, près du jeu de boule. L’un dit à l’autre :
- Tu crois qu’on joue à la pétanque dans l’au-delà ?
- J’en sais rien, répond l’autre, mais on va se faire une promesse : celui qui partira le premier devra prévenir l’autre par tous les moyens…
Et un jour, hélas mais c’est la nature, l’un d’eux meurt.
Quelque temps après, une nuit, il apparait à son ami qui lui demande :
- Alors, c’est comment là-haut, ou là-bas ? On joue aux boules ?
L’autre répond :
- Eh bien, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi.
- Ah bon !
- La bonne c’est qu’on joue à la pétanque ici, la mauvaise, c’est que tu es inscrit au concours de samedi prochain.