J'ai voté, ma compagne aussi, ainsi que les voisins, les amis. On s'estdéplacé de nos grottes disséminés dans la cambrousse jusqu'au village principal(400 habitants !) ou – malgré les manoeuvres du préfet interdisant la mise enplace de la votation dans les mairies ! - des militants avaient installé unbureau devant la boulangerie. Manifestement, nous n'étions pas seuls.
La participation atteint au moins les deux millions et le « non »recueille une majorité écrasante. Les Français refusent le changement de statutde La Poste auquel le gouvernement veut procéder en loucedé. Faut pas nous prendrepour plus con qu'on est: nul n’ignore en effet que le projet gouvernemental estle prélude à une privatisation, à l’avènement de déserts postaux et à ladisparition de sa fonction de service public. Adieu usagers, bonjourclients ! Aux chiottes les petits comptes chèques, bonjour les opérationsfinancières. Le scénario est rodé. GDF, pour lequel Sarko avait juré sur sesgrands dieux qu’il ne serait pas privatisé, France Télécom et les ravagessociaux que connaît l’entreprise ont déjà fait les frais du même procédé…
Les Sarko-trafiquants –présents dans toutes les lucarnes à décerveler, dans toutes les boites àmensonges - s'obstinent lamentablement à nous faire croire que la privatisationde la poste est un leurre (écoutez le consternant Estrosi...) et pourtant leschangements de dénominations en sont les témoins : PTT, PTE, scission de LaPoste et France Télécom, La Banque Postale aujourd'hui et demain ? Bref, ilfaudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que les petits bureauxferment les uns après les autres et que les services rendus seront de plus enplus chers. Pourtant La Poste dans le cœur des Français – malgré ses faiblesses- est l’un des fondements du contrat social, un pilier du système à lafrançaise. Le facteur n'est pas un fonctionnaire comme les autres. Dans lescambrousses, il est souvent le seul lien social qui demeure. C’est pourquoielle focalise l’acharnement des rapaces ultralibéraux qui convoitent en elle unnouvel espace de profits où se goinfrer sur le dos du Peuple.
Bon. Et maintenant qu'est-cequ'on fait? Cette consultation n’a pas seulement valeur symbolique. Elle testeen grandeur nature la réforme constitutionnelle de juillet 2008 qui prévoit unréférendum d’initiative populaire si un cinquième des parlementaires le demandentet si un dixième du corps électoral le réclame. Nous y sommes ! Mais ilfaut une loi organique pour qu'il puisse être mis en application. Or pourl'instant aucun projet de texte en ce sens n'est inscrit à l'ordre du jour duParlement. C'est ça la démocratie en Sarkoland: on fait voter des lois biendémagos mais on se garde de les rendre opérationnelles en ne publiant pas lesdécrets d'application. Référendum? Tè! Fumes!
Une lutte forte empêchera,peut-être, le changement de statut. Toutefois, sauf à aller à l'échec, il fautaussi restaurer le monopole public sur le courrier (comme dans les télécoms).Car le service public ne peut assurer ses missions qu'en faisant unepéréquation entre les activités rentables et celles qui ne le sont pas. S'il estconcurrencé sur les secteurs rentables, il sera déficitaire et ce sera unejustification pour le mettre à mort. Enfin, n'oublions pas que la remise encause de la concurrence suppose d'entrer en conflit ouvert avec l'UE. Nosgouvernants en auront-ils la volonté? Et les couilles?