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Billet de blog 17 janvier 2010

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Ouiquinde érotico-gastronomique !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Elle virevoltait, la jolie Bohémienne

Dans un rai de lumière, presque nue, aérienne,

Elle fendait les airs de son corps gracieux,

Ignorait les humains et s’approchait des dieux.

Moi, perdu tout en bas parmi les spectateurs,

Ignoré de la belle, je souffrais mille peurs.

Je découvrais l’Amour, ses affres hédonistes,

Sous l’aspect flamboyant de cette trapéziste.

Mon tout premier amour, Yolande, avait sept ans,

Moi, si je me souviens, j’en avais presque autant…

— Eh, petit ! Les amours d’enfants sont précieux,

Ils sont une fenêtre ouverte sur les cieux,

Les joies de leur avers sont sans équivalence,

Mais leur revers caché n’est que larme et souffrance…

Tandis que je rêvais, dans mon lit, à Yolande,

Les Bohémiens pressés décrochaient les guirlandes,

Eteignaient les lampions, démontaient les gradins

Et le cirque était loin lorsque vint le matin…

La belle a dû laisser, dans mon âme, un message :

« Si tu veux me trouver, entreprends le Voyage »,

Peut-être que si j’ai vécu en bourlinguant,

C’était, au fond de moi, pour relever le gant

Que jeta en mon cœur la petite princesse

Qui a, sans le savoir, mis ma vie en liesse.

— Les Bohémiens, Victor, sont de rudes gaillards

Qui n’ont pas, tous les jours, droit à la soupe au lard.

Quand on est sur les routes, en verdine, en voiture,

Pour se remplir le ventre, tout corps fait nourriture,

Une poule empruntée, un grillé d’escargots,

Mais leur plat préféré, leur must, c’est le niglo.

Ils appellent ainsi, dans leur idiome étrange

Le hérisson commun, qu’ils préparent, et qu’ils mangent.

Angélo-le-Boumian, un ami de mon père,

Nous a souvent montré comment il faut le faire.

Tu prends un hérisson de grosseur convenable,

Aux piquants acérés, bien dodu, gras du râble.

Tu lui perces la gorge et tu en bois le sang,

C’est un aphrodisiaque remarquable et puissant.

Pour cuire un hérisson, la méthode est facile,

Il faut un feu de bois, de l’eau et de l’argile.

Avec la terre glaise bien assouplie à l’eau,

Enrobe entièrement tout le corps du niglo,

Sur trois doigts d’épaisseur et pas d’endroits manquants,

Tu fais bien pénétrer pour couvrir les piquants.

Au bord du feu de camp tu creuses un nid de cendre

Où tu vas déposer ton niglo, bien au centre,

Tu recouvres le tout de cendre et de brandons,

Fais chanter la guitare en buvant des litrons

Et, deux heures plus tard tu sors la terre cuite

Enrobant ton niglo. Casse-là tout de suite,

Les piquants et la peau s’enlèvent avec la gangue

Et tu humes un parfum qui réveille ta langue.

Tu saupoudres de thym, de sel et de piment

Et manges avec les doigts ce repas de gourmands !

À nous, belles conquêtes ! Le vin vous embellit.

Continuons la fête, ouvrez-nous votre lit.

Chantons, rions, mangeons, et trinquons nuit et jour

À la beauté des femmes, au vin et à l’amour !

Ingrédients et proportions pour six personnes :

- 3 hérissons de grosseur convenable, - 1 seau de terre glaise (1'argile grossière suffit), - eau, - feu de camp avec braise et cendre, - thym, - sel, - piment d'Espelette.

Les vins conseillés:

Ce plat de feu de camp s'accompagne de vins de large soif, qui préparent la voix pour les goualantes flamencas. Les vins rosés de Tavel, Lirac, Chusclan, Sainte-Cécile-les-Vignes, Valréas, Camaret, les rosés des Côtes-du-Ventoux, les vins gris d'Aigues-Mortes, les rosés de Palette, de Pierrefeu font parfaitement l'affaire.

in: Le bonheur grâce à la cuisine de l'Amour

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