
Trois semaines plus tôt « ils » ont poignardé deux journalistes devant les anciens locaux de Charlie hebdo. Et voilà la Nation qui s’émeut, qui s’offusque, qui crie sa colère derrière ses masques. Et voila nos dirigeants qui semblent, enfin, prendre conscience des ravages et des risques pour notre république inhérents à la guerre insidieuse, larvée, sournoise que nous mène une idéologie mortifère se rêvant conquérante : l’islamisme. Et voila qu’on semble découvrir le crétinisme nuisible des islamo-gauchistes, cette gauche dévoyée devenue la putain des islamistes.
Au mois de novembre de l’an dernier, les ci-devant Mélenchon, Coquerel, Besancenot et autres fossoyeurs de la gauche avec la complicité de tous les petits Trissotin qui se pavanent sur les plateaux de télé et radio et bavassent dans les journaux des milliardaires, ont défilé à Paris, bras dessus bras dessous avec les islamistes au cours d’une honteuse « Marche contre l’islamophobie » en reprenant en chœur le cri de guerre des tueurs d’allah : « Allahou akbar ! ».
Comment devient-on collabo ? Par peur, par lâcheté, par calcul. Lorsque les gens ont peur, ils sont dans le déni, et alors ils en viennent à excuser les criminels… Staline disait d’eux : « Ce sont mes idiots utiles ! » Ils attaquent en meute qui n’est pas de leur bord. Ils se couchent devant toutes les dictatures, toujours prêts à trahir pour quelques épluchures d’écoute ou de pouvoir. Ayant peur des violents ils leur lèchent les bottes pour intégrer leur clan. Ils étaient zélateurs de Staline sans trop se chagriner des millions de morts, des enfers de souffrance que ceux qu’ils révéraient créaient en abondance. Leurs maîtres maintenant ce sont les islamistes. Ouvrir les frontières, se laisser envahir, promouvoir le communautarisme, privilégier les minorités, s’asseoir sur la volonté générale exprimée par le peuple, jusqu’où ira leur délire ? Si la diversité est bénéfique à dose homéopathique, elle peut, lorsqu’elle prend une ampleur démesurée, mettre irrévocablement fin à la société que nous connaissons.
Souvenons-nous : en France, suite aux agressions sexuelles de Cologne, l’immense écrivain et penseur algérien Kamel Daoud a publié avec franchise un article où il abordait sans ménagement ces agressions. En conséquence de quoi il a été critiqué par une cohorte de sociologues, d’historiens et d’autres, l’accusant d’être « islamophobe » et de parler comme « l’extrême droite européenne ». La bave fielleuse des collabos…
Dans « Souvenirs de la guerre d’Algérie » - pas celle contre la colonisation, je n’étais pas né, précise-t-il, mais celle contre les islamistes dans les terribles années 90, il décrit des horreurs qui, aujourd'hui, ont traversé la Méditerranée. En dix ans, cela a donné en Algérie un pays détruit, des centaines de milliers de morts, des « disparus », des torturés et 1 million de déplacés.
« L’islamiste, dit Kamel Daoud, se nourrit d’une idée simple et partagée : la vie est une guerre qu’on prépare contre l’infidélité universelle. La guerre est le moyen de restaurer la souveraineté de Dieu, c’est-à-dire celle des islamistes. La guerre n’est pas un accident, c’est un désir profond, une vision du monde, la preuve de la foi véritable. Ce n’est pas une rhétorique, mais un cheminement originel de l’acte de croire : il faut « réparer » le monde, c’est-à-dire tuer les infidèles, les juifs, les apostats.
Avec une méthode : se préparer, convertir, structurer la clandestinité et attendre l’heure de la confrontation. « La guerre est une ruse », enseigne la Tradition. Mais en cas de guerre ? Il faut procéder par élimination, terreur et encerclement. On tue les intellectuels, les médecins, on décapite les élites. »
Journaliste de terrain à cette époque cauchemardesque pour son pays, Daoud « se souvient de l’effet spongieux des morceaux de chair sous la chaussure lorsqu’on arrive sur les lieux d’un attentat à la bombe. Du regard à angle cassé des têtes des décapités jetées dans la rue. Leur bouche ouverte sur une muette voyelle imaginaire. Et de l’étrange imitation du sommeil qui déteint sur leur visage posé sur une corolle de sang et de vertèbres nues. On les jetait à l’époque dans les poubelles. Ou devant les murs des prochains sur la liste. On se souvient tous de ces listes, d’ailleurs : celles qu’on accrochait aux portes des mosquées, à l’aube. Celles des futurs assassinés. Écrites par le comité de Dieu. »
« Voilà la guerre algérienne, écrit Kamel Daoud. Celle qu’on ignore aujourd’hui. Qui peut servir de leçon, d’expérience, de résumé et de contre-exemple au regard de ce qui se passe en France ou ailleurs.
C’est qu’on ne tira jamais la leçon de la guerre d’Algérie, la seconde.
Ou peut-être seuls les islamistes le firent-ils.
Maquiller l’acte prémédité en acte isolé. Aujourd’hui, longtemps après cette guerre effacée, les islamistes ont compris. Il faut changer de méthode, se faire patient. Les intellectuels, on ne les égorge pas, on sous-traite le contrat avec un jeune halluciné, on maquille l’acte prémédité en acte isolé. On prépare, on souffle à l’oreille par d’intenses propagandes, on prend en charge les associations, on investit Internet et les réseaux, on joue sur le récit familial ou le manque de sens et on désigne du menton la cible. En un mot : on invente et réinvente le crime d’islamophobie, puis les inculpés pour islamophobie. L’intellectuel est poussé à faire sa valise, à se taire, à se rétracter, à s’amender, à offrir ses excuses aux tribunaux des réseaux sociaux. On le culpabilise. On tue avec plus d’efficacité. Le policier ? C’est un agent du régime adverse, un traître. La communauté ? On ne la menace pas avec des armes, non, on lui rappelle son devoir de loyauté, la nécessité du repli communautaire pour assurer la survie, la mémoire coloniale pour l’obliger à l’adhésion ou l’accuser de traîtrise. Les islamistes, aujourd’hui, isolent les populations ciblées par leur propagande, leurs procès en fidélité (face aux infidèles), leur injonction au nom de l’identité. Puisque tu n’es pas français, tu es musulman, et le seul moyen d’être un vrai musulman, c’est d’être islamiste, et un vrai islamiste est celui qui défend son prophète, sa croyance, sa communauté. Du coup, le pays de tous devient les morceaux de chacun. Tuer n’est plus assassiner, mais venger.
Infiltrer, convertir, contrôler, s’enrichir et prêcher. Des années après la guerre civile algérienne, les islamistes ont conclu qu’il fallait soutenir l’école, l’investir, la contrôler. Comme on le fait du ventre des femmes. Car c’est à l’école qu’on fabrique l’avenir, qui, dans ce cas, est le passé mythique. En Algérie (mais aussi en Égypte, en Tunisie, au Maroc…), l’obsession islamiste pour le contrôle de l’école est hallucinante : entrisme syndical, contrôle des manuels et des comités pédagogiques, prosélytisme et guerre de propagande. L’école, c’est l’avenir du califat. Il ne faut plus faire l’erreur de vouloir la présidence d’un pays, instaurer un califat avant l’heure. Non, il faut attendre que grandissent les enfants de l’école, la leur.
L’islamiste a appris. Aujourd’hui, il faut infiltrer, convertir, contrôler, s’enrichir et prêcher. Tuer l’esprit rapporte plus que tuer la chair, et tuer le corps, de temps à autre, rappelle qui est le plus fort. On n’attaque plus les femmes à l’acide pour les obliger à se voiler, mais on les culpabilise, on fait appel au machisme de leurs parents hommes (« Si tu es un vrai homme, voile ta femme » est un slogan dans des médias).
Désormais les islamistes qui connaissent bien la taqiya s’arment (aussi) de patience, pratiquent l’entrisme, le contrôle des institutions et du caritatif, l’évitement des confrontations et la terreur médiatique exercée contre les voix opposantes. Avec la complicité des « idiots utiles » islamo-gauchistes…
Dans cette guerre, la culpabilité ou la culpabilisation sont des lâchetés déguisées en exercices de bonne conscience.
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