citation du Monde Diplomatique :
"L'intérêt d'un tel registre tient à ce qu'il nous éclaire en nous épargnant l'emphase indignée, les émollientes pleurnicheries. Car qu'il s'agisse des propriétaires fonciers irlandais, des économistes de l'école de Chicago entourant Ronald Reagan, ou de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), leur opposer une protestation morale, faire appel à leurs sentiments n'aurait guère de sens. Riches, instruits, intelligents (le plus souvent...), c'est en effet en connaissance de cause qu'ils défendent une philosophie sociale conçue à leur avantage et qui, sans qu'on la caricature trop, se résume presque toujours ainsi : les riches seraient plus entreprenants s'ils payaient moins d'impôts ; les pauvres seraient plus travailleurs s'ils recevaient moins de subsides."
Bon, ça, c'est facile à comprendre.
Mais ce que je n'arrive pas à faire comprendre, c'est que, concernant l'enseignement, beaucoup d'enseignants sont dans le même type de raisonnement. Il ne s'agit pas alors de richesse au sens monétaire, mais de richesse culturelle. Et ils n'arrivent pas à se rendre compte qu'ils sont assis sur leur trésor "culturel" comme Picsou sur ses montagnes de billets. Ils arrivent à expliquer que si leurs élèves n'arrivent pas à accumuler autant de richesses qu'eux, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas hérité du pactole, mais simplement parce que leurs parents n'ont pas fait leur métier de parents, parce qu'ils sont paresseux, et même délinquants... et que lorsqu'un élève est courageux et bien motivé (et ses parents de bons parents) , il peut toujours arriver à s'emparer de ce pactole (ce qui est statistiquement faux, même si quelques heureuses exceptions (dont il faudrait éplucher le parcours soigneusement pour connaître les véritables causes de ce miracle) .
Alors, quand les capitalistes, pour faire travailler les pauvres, estiment que la meilleure motivation, c'est la pauvreté encore plus grande, beaucoup d'enseignants, dans notre système français en tout cas, distribuent les mauvaises notes persuadés (????) que cela va rendre les élèves meilleurs !
J'aimerais un jour tenir en stage quelques enseignants à qui je ferais passer des "épreuves" pendant seulement une semaine, où ils seraient toujours en situation d'échec, et ne comprendraient pas vraiment pourquoi... j'ai tendance à penser qu'à la fin de la semaine, ils auraient une meilleures idées de ce que peut subir un élève qui du CP à la troisième (avec quelquefois des redoublements, cerises sur le gâteau) collectionne les mauvaises notes, partout, tout le temps... Quand on a compris ça, on peut même s'étonner que si peu d'entre eux deviennent violents !
Est-ce que les profs font cela "en connaissance de cause" ? pour certains, c'est un deni profond qui les protège, pour d'autre le "j'en ai maté d'autres" leur vient facilement au lèvres... Pourquoi ne peuvent-ils pas m'entendre quand j'essaie de le leur faire comprendre ?