Parce que je me sentais, la plupart du temps, incapable de "collaborer" - je me suis laissé glisser, sans avoir conscience pendant longtemps du caractère irréversible de la chose, je me suis laissé glisser dans la pauvreté.
Mais une fois que tu es dedans, surprise ! c'est pratiquement impossible d'en sortir (en tout cas la tête haute et sans compromissions).
Ceci dit pour l'anecdote...
Le plus surprenant encore, c'est l'attitude que les gens développent à l'endroit de quelqu'un de pauvre. Je suppose que ça se voit sur ses vêtements, sur sa peau fatiguée, sur son corps abimé, sur ces chaussures éculées, ça ne se voit même pas, ça se perçoit inconsciemment.
L'attitude devient tout de suite au mieux "p(m)aternaliste" !
Il y a même des jours où j'ai envie de leur crier : mais j'ai un super QI, j'ai dévoré à moi toute seule une grande bibliothèque ! alors écoutez moi comme quelqu'un de normal, quelqu'un des votres, respectez moi ! (pb : le QI n'est pas reconnu par tout le monde, surtout par les bucheurs, qui tiennent à leur "mérite" ! ).
Oui, les plus pénibles sont ceux qui croient devoir tout à leur mérite. Ils ont bossé comme des malades, et ne se rendent même pas compte des coups de bols qu'ils ont eu, et qu'en général les gens de leur milieu d'origine n'ont pas rencontré. Alors, comment concevoir que quelqu'un se "laisse aller" en bas de l'échelle ?
Mais en fait, je ne suis plus des leurs : ma vision, mon angle de vision a changé, et même au départ, il n'était sans doute pas le même.
Il me semble parfois que mes premiers mots ont été : "c'est pas juste !".
Toute petite j'ai su qu'il fallait être honnête, qu'il fallait être juste, qu'il fallait être curieuse du fonctionnement de la société comme du monde physique et naturel qui m'entourait, afin de me situer le plus clairement possible dans le monde. J'ai cru que c'était ce que les autres cherchaient aussi. Et j'ai beau avoir pris des claques innombrables dans ce domaine, je n'arrive toujours pas à me taire quand je pense tenir une idée éclairante (je ne prétends pas à la vérité absolue - mais seulement à des angles de vision intéressants, à des hypothèses opérantes (ou susceptibles de l'être)...
Et ben, ça me vaut des drôles de trucs.
Exemple récent : j'adhère à une association qui se crée, et la lubie me prend de vouloir qu'elle fonctionne dans la clarté, et particulièrement dans la clarté comptable, et j'en donne les moyens : publier les comptes sur internet : facile ! facile ????? pourquoi est-ce que je me retrouve avec un jeune type que je ne connais pas qui me balance à la fin de la réunion : "vous avez l'art de vous rendre antipathique !"... et je suis rayée par la majorité des votants au moment de désigner des membres du CA auquel je me suis présentée. Serez vous surpris si le projet de publication des comptes n'a pas été repris ?
Autre exemple récent : ma discussion avec Dianne : alors que dans mon esprit, j'essaie seulement de lui faire réaliser le rôle réel que jouent les enseignants dans le maintient du favoritisme en fonction des classes riches (fric et culture) prouvé statistiquement, elle me trouve très rapidement antipathique (bon d'accord) , et même agressive (alors là ????). Je n'ai jamais menacé un enseignant même s'il m'énerve sérieusement, je sais trop le pouvoir dont il dispose et puis surtout, ce n'est pas mon style . Je ne menace jamais personne (car je n'aime pas être menacée) ! Cependant, je reconnais que je suis impressionnante : la force de ma conviction l'est parfois, et c'est ce qui permet de croire, à celui qui se sent accusé alors que je lui demande seulement de réfléchir, que je l'agresse (enfin, c'est ma dernière hypothèse sur ce phénomène).
En fait, je n'aime pas donner l'impression à quelqu'un que je l'agresse. Je n'aime pas non plus qu'il me cherche des "excuses" dans un "déséquilibre" qui trouverait sa source dans quelque "frustration" ou "jalousie" ou même plus grave, là c'est encore pire !
Bon, tant pis, je continue - je ne sais pas faire autrement, et je crois que seule la vérité (dont je sais qu'elle est relative à ma position sociale, à mes capacités cognitives, à l'histoire de ma vie) pourra nous faire progresser.
Le mensonge n'est que l'arme du faible, le déni celui du fort qui se croit faible, ils sont parfois nécessaires pour survivre, mais souvent, ils empêchent de vivre intensément, ils empêchent de progresser, et c'est juste triste !