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Billet de blog 16 mars 2018

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Auschwitz: les industriels esclavagistes

400 entreprises allemandes s'installèrent à Auschwitz: IG Farben, Agfa, Basf, Bayer, Siemens, Degesch, l'Union Werke, Daw,...De très grandes entreprises ont utilisé la main d’œuvre gratuite et renouvelable des déportés.

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Illustration 1

Si l’histoire des trois principaux camps situés dans ce que les nazis appelaient la « zone d’intérêt », d’une superficie d’environ 40 km2, est connue. Au-delà de la zone d’intérêt qui, outre les trois camps, comprenait aussi des fermes, des usines, des mines, des centres de recherche, le complexe industriel d’Auschwitz se prolongeait à l’extérieur, sur une soixantaine de kilomètres est bien moins connue.

De très grandes entreprises ont utiliser la main d’œuvre gratuite et renouvelable des déportés. KRUPP, SIEMENS, UNION, DEUTSCHE AUSRÜSUNGSWERKE seront ainsi représentés à Auschwitz. Mais la plus célèbre des entreprises allemandes mêlée à l'exploitation des déportés est IG FARBEN qui décida d'implanter à Buna, 3ème camp d'Auschwitz, une importante usine de caoutchouc synthétique travaillant pour l'armée allemande.

Illustration 2

Loin d'être protégés parce qu'ils travaillaient pour Buna, les détenus mouraient à la tâche. Même pendant la phase de construction, les contremaîtres d'IG-Farben adoptèrent le « rythme de travail » S.S. — par exemple transporter le ciment au pas de course. Un jour de 1944, un groupe important de nouveaux détenus fut accueilli par un discours où on leur dit qu'ils venaient d'arriver au camp de concentration de l'IG-Farbenindustrie. Ils n'étaient pas là pour vivre, mais pour « périr dans le béton ». Ce discours de bienvenue faisait référence, selon un survivant, à une pratique d'IG-Farben, qui consistait à jeter les cadavres des détenus dans des tranchées creusées pour les câbles. Comme ceux des anciens enfants d'Israël, ces cadavres étaient ensuite recouverts par le ciment qu'on déversait sur eux.

Voici un extrait du règlement concernant le travail:

« 4. Le commandant du camp est seul responsable de la main-d'œuvre. Cette exploitation doit être épuisante dans le vrai sens du mot (muss im wahren Sinn desWortes erschöpfend sein), afin que le travail puisse atteindre le plus grand rendement.

5. La durée du travail est illimitée. Cette durée dépend de la structure et de la nature du travail; elle est fixée par le commandant seul.

6. Toutes les circonstances qui peuvent limiter la durée du travail (repas, appels, etc.) sont donc à réduire à un strict minimum. Les longues marches et les pauses pour les repas de midi sont interdites...

Une anecdote montre à quel point même les directeurs d'IG-Farben avaient assimilé la mentalité de la SS. Un jour, deux détenus de Buna, le docteur Raymond van den Straaten et le docteur Fritz Löhner-Beda, accomplissaient leur tâche, lorsque vint à passer un groupe de dignitaires d'IG-Farben en visite à l'usine. Un des directeurs désigna d'un geste le docteur Löhner-Beda et dit à son compagnon SS : « Ce cochon de Juif pourrait travailler un peu plus vite (Diese Judensau konnte auch rascher arbeiten). » Un autre directeur entendit cette remarque : « S'ils sont incapables de travailler, expédiez-les à la chambre à gaz (Wenn die nicht mehr arbeiten konnen, sollen sie in der Gaskammer verrecken) ! » L'inspection finie, le docteur Löhner-Beda fut extrait de l'équipe de travail, battu et bourré de coups de pied jusqu'au moment où, mourant, il fut abandonné à un de ses camarades pour périr à IG-Auschwitz.
Environ 35000 détenus passèrent par Buna ; 25000 au moins moururent.

La zone de mort se double d’une zone de travail intense, où se déroulent de perpétuels chantiers. Entre 1940 et 1944, on y construit des laboratoires de recherche, des fermes, des usines. A la périphérie de la ville d’Auschwitz, on créé des quartiers ultramodernes destinés à héberger une population aryenne. Car, il s’agit, à partir de cette zone géographique, de mener à bien un vaste projet de germanisation de l’Europe orientale.

En louant les services d’une main-d’œuvre esclave aux grandes entreprises allemandes installées sur place (Agfa, Bayer, BASF, Hoechst, Siemens, pour neciter qu’elles), les SS se remplissent les poches. Et les industriels aussi, avec ces milliers d’ouvriers ou de cobayes de laboratoire qui ne coûtent presque rien. On estime que la main-d’œuvre concentrationnaire louée aux entreprises a rapporté à la SS quelque 20 millions de reichsmarks en 1943 et le double en 1944, soit l’équivalent d’environ 130 millions d’euros.

Voici un documentaire d'Emil Weiss, qui nous permet d’appréhender le projet nazi dans sa globalité.

Documentaire 39 45, Auschwitz Projekt © DOCS HD

Quelques liens:

Volkswagen choisissait sa main d’oeuvre à Auschwitz 

Ces entreprises qui ont collaboré avec les nazis

Le passé nazi de Ferdinand Porsche

Monsanto-Bayer… "Quand Bayer achetait des lots de femmes à Auschwitz" ?

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