A dire vrai, il ne s'agit pas à proprement d'éléments de langage sur un moment médiatique, mais bien d'une stratégie de long terme, à l'oeuvre depuis au moins 2017 et qui vise à diaboliser la gauche tout en normalisant l'extrême droite.
Une stratégie à laquelle l'ensemble de la Presse bourgeoise, c'est à dire appartenant notamment à des milliardaires, arrosée de subventions, adhère massivement, y compris des journaux de référence comme Le Monde.
On a ainsi pu voir ces derniers jours, l'exemple type de cette stratégie de communication ; d'un côté Le Monde publie un édito au vitriol concernant la France Insoumise, reprenant toujours les termes du "bruit et la fureur" et dénonçant "l'obstruction et agressivité à l’égard du gouvernement' d'un parti d'opposition qui jouerait un "jeu dangereux" (https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/02/15/reforme-des-retraites-le-jeu-dangereux-de-lfi_6161885_3232.html), de l'autre, Le Monde promeut la respectabilité supposée du RN et tient à nous dire que "Jordan Bardella est un jeune homme poli" et qu'il écrit son 1er livre : https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/02/14/rassemblement-national-a-la-recherche-de-la-marque-bardella_6161723_823448.html
La différence de traitement entre la FI et le RN est tout à fait éloquente. Elle n'a pas trait aux faits, mais bien à leur sélection et à leur présentation, jusqu'au choix des mots. Un deux poids deux mesures typique de la stratégie bourgeoise pour éviter à tout prix le partage des richesses qu'entraînerait une victoire électorale de la gauche, celle qui n'a pas (encore) trahi le peuple sur l'autel du capitalisme néolibéral
Le but est, sur le modèle de 2017 et 2022, expérimenté en 2002, d'établir un perpétuel duel droite/extrême droite, un duel entre amis qui ne risquent pas de remettre en cause le pouvoir des très riches, des multinationales, du monde de la finance, de leur logique de prédation et d'accumulation quel qu'en soit le prix.
AJOUT TARDIF : Il est à noter que Françoise Fressoz, éditorialiste au Monde, a participé au fameux déjeuner des éditorialistes avec Macron qui a défrayé la chronique (très peu de temps) en Janvier. Ceci n'est peut-être pas déconnecté de la ligne éditoriale que j'évoque ici.