Coup de tonnerre dans un ciel serein !
La crise économique la plus violente depuis «La grande crise» des années 30 se déploie depuis maintenant presque deux ans, ses prémisses (subprimes) remontent à 4 ou 5 ans et ses limbes à plus de 30 ans... Fort logiquement les libéraux nous disaient il y a trois ans qu'il n'y avait pas de crise à craindre, nous disent depuis deux ans que la reprise est pour l'année prochaine... Au pouvoir ils affirment cette crise économique comme s'étant sans prévenir abattue sur notre pays comme jadis les sept plaies sur l'empire d'Égypte..., sans comprendre ou plutôt en feignant de comprendre que cette crise à pour fondements les pratiques politiques qui depuis 20 ans remettent en cause systématiquement et sans discernement le rôle de l'état, modifie la répartition des richesses du travail vers le capital, prônent sur le plan idéologique l'individualisme, le consumérisme, la concurrence "libre et non faussée» du fort et du faible sans y voir le moindre paradoxe, creusent par une politique fiscale de plus en plus inéquitable des inégalités sociales de plus en plus criantes, laissent filer les déficits non pas en raison d'investissements anticipant l'avenir, mais afin de justifier une politique qu'il faut bien appeler de régression sociale : Remise en cause systématique de la protection sociale et des services publiques, recherche systématique du profit immédiat, de la baisse des coûts d'exploitation à court terme aux détriments des coûts sociaux à moyen et long terme et de l'équilibre écologique de la planète toute entière... Non , cette crise économique sans précédent de mémoire de vivants n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein... Elle est la conséquence de l'idéologie dominante qui s'est affirmé au milieu des années 80 qui a porté à son comble les valeurs matérialistes et de l'argent roi, qui s'est assise sur les spéculations, la cupidité de quelques uns au détriment de la société toute entière. L'idéologie dominante depuis maintenant 30 ans portaient en germe cette crise économique, elle a permis l'accession de «pouvoir» de la droite dans l'Europe entière mais est aussi à l'origine de beaucoup des renoncements économiques et sociaux de ce qu'il faut bien appeler le courant libéral de la social démocratie !
Comment en sortir ?
Il convient de redonner des priorités ancrés sur un état de situation réelle ainsi qu'ordonner ces priorités car c'est là que se trouve l'essence même de la Politique
Premièrement il faut redonner sens à la puissance publique parce que c'est elle qui à le plus souffert durant ces trente dernières années de la marée libérale... Il faut dans ce domaine crucial redonner du sens à l'État ! Et pas seulement à l'État régulateur l'un de ses avatars essentiel, mais aujourd'hui insuffisant car trop défensif ! Il faut un état investisseur, un état opérateur, et un état protecteur ! Sans pour cela devenir omnipotent au point d'écraser les projets et initiatives novateurs... Un Etat investisseur car l'Etat doit reprendre pied notamment en terme de politique industrielle et de recherche, mais aussi d'infrastructures de logements... Il faut redonner sens à la planification ! Ha ! le fameux commissariat général au plan ! Aussi bien en fondant et refondant des pôles publiques d'investissement si besoin par la nationalisation... État opérateur qui doit redonner sens à ses services publiques : Éducation, Santé, Justice et... Police... État protecteur en terme de sureté publique mais aussi de sécurité sociale et des retraites...
Deuxièmement une remise à plat de la fiscalité. Depuis 30 ans la répartition des richesses s'est déséquilibré du travail au profit du capital... C'est avant tout du à une politique fiscale inéquitable qui plus est théorisé par l'école de Chicago il y a 30 ans et mise en œuvre politiquement par Reagan, Bush et.... Sarkozy, Christine Lagarde et sa fameuse courbe de Laffer... Oui ! Il faut mettre en œuvre une politique confiscatoire pour les très haut revenus ! Il faut l'assumer... comme en son temps Roosevelt l'a assumé pour les États Unis durant la «Grande Crise» et comme nous l'avons assumé durant les «trentes glorieuses» ! Tiens donc ! Voir à ce propos l'excellent article de Thomas Piketty (1)... S'il faut envisager un bouclier fiscal, soyons iconoclaste (!), il faut l'envisager pour les créateurs, les entrepreneurs, les dirigeants des petites et moyennes entreprises... Et non pour les rentiers ou les spéculateurs à court terme ! Il est anormales qu'une part non négligeable des classes moyennes (nous verrons ensuite ce qu'il faut penser de ce concept...) paye plus d'impôt (directs et indirects) en pourcentage que les très hauts revenus !
Troisièmement : Une politique sociale tournée vers les classes médianes et défavorisées. Tout d'abord, il faut en finir avec le concept fumeux de classe moyenne sur lequel s'est littéralement explosé la gauche française... Il faut appréhender la réalité de face... Que pèse le salaire médian (environ 1550 euros par mois en France) face à la répartition des revenus dans notre pays... alors que la moyenne des revenus est de 1850 euros... Ceci veut dire que la répartition des revenus ne suit pas une courbe gaussienne (ou moyenne et médiane sont égales). En clair les 10 % les plus riches reçoivent un quart des revenus d'activité déclarés, près des deux tiers des revenus du patrimoine et plus de quatre cinquièmes des revenus exceptionnels, constitués à près de 90 % par des plus-values de valeurs mobilières et à environ 10 % de gains de levée d'option perçus majoritairement par des cadres dirigeants. En résumé la grande masse des revenus en France se concentre autour du revenu médian... et la moitié de nos concitoyens disposent de moins de 1550 euros par mois... Si l'on veut aborder concrètement et correctement la réalité du mode de vie en France c'est à cela qu'il faut faire référence et non au sempiternelle débat sur la classe moyenne ! Il faut donc tourner l'ensemble de notre projet politique vers les classes médianes et leur faire saisir qu'elles partagent de nombreux intérêts communs... Il faut encore tordre le cou à ce canard de l'idéologie libérale qui consiste à rejeter l'assistanat de manière systématique... Il faut prendre en compte que certains de nos concitoyens ont la nécessité d'être assisté et peut être définir un revenu minimum d'existence... Si les Hommes naissent libres et égaux en droits, ils ne naissent ni libre ni égaux... Les droits à la nourriture suffisante, au logement décent, à l'éducation, à la santé, à la justice et à la sureté devraient être des droits fondamentaux et universels de l'Homme... Cela à un coût qui devrait être clairement évalué... Dans ces domaines, il est possible de porter de nombreux projets et de mutualiser de nombreux services collectifs !
Quatrièmement : Une politique budgétaire rigoureuse est nécessaire ! Non pas parce que le déficit est en soi une tare en soi quand il porte un investissement pour l'avenir, mais surtout parce qu'à force de défiscalisation, une grande parti du déficit sert à justifié des politiques sociales régressives... Il faut donc exposer clairement à nos concitoyens la structure du déficit budgétaire. Ce qui est de l'ordre de l'investissement d'avenir, de l'ordre de pertes de recettes et de sa ventilation et de l'ordre du gaspillage...
Quadrature du cercle et primes européennes !
Alors direz vous tout ceci est bien beau face à la mondialisation, face à la concurrence internationale... Quel modèle de société voulons nous... Voulons nous devenir concurrent aux pays pratiquant le dumping social, voulons nous devenirs concurrents aux salariés du sud est asiatique et des pays en voie de développement... C'est cette politique que mène depuis 30 ans le libéralisme économique... L'on voit aujourd'hui ou cela nous conduit.... A la perte de notre appareil productif, aux creusement des inégalités, à la paupérisation de pans entiers de la population... Il est entendu que la mondialisation est aujourd'hui à l'œuvre et que pour en corriger ses effets les plus néfastes il faut se saisir des outils pertinents pour la maitriser. L'Europe en est un, mais ou est l'Europe des pères fondateurs, l'Europe des Jean Monnet et Jacques Delors... L'Europe tend à devenir une vaste zone de libre échange ou règne la concurrence libre et non faussée... Quel perte d'énergie, quelle inefficacité... Il faut mettre en place de nouveaux mécanismes, l'Europe des 25, peut être demain des 30 ne peut fonctionner comme l'Europe des 6, il faut réorienter la donne vers des politiques de coopération bilatérales ou mieux multilatérales et mettre en place des mécanismes de primes européennes à ces politiques de coopération... En finir avec cette loi paralysante de l'unanimité... Un champ immense pourrait s'ouvrir pour des projets européens d'envergures et d'autres plus adaptés aux espaces régionaux...
Vincent Audet
1 http://www.salairemaximum.net/Roosevelt-n-epargnait-pas-les-riches,-par-Thomas-Piketty_a7.html
Billet de blog 31 mai 2010
Quatre priorités ordonnées contre la crise économique !
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