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Billet de blog 30 décembre 2010

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Comment aider le photovoltaïque ? (réaction aux débats suscités par l'article du journal du 25 décembre)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ah, mais pourquoi faut-il donc qu'un article sur le solaire (Photovotaïque : le moratoire brise l'élan de la filière, 25 décembre 2010, http://www.mediapart.fr/journal/france/251210/photovoltaique-le-moratoire-brise-lelan-de-la-filiere) ramène tous nos amis lecteurs de Médiapart sur la querelle nucléaire ?!

Il y a pourtant de quoi réfléchir sur le photovoltaïque. Il est "facile" d'imposer à EDF un tarif de rachat, et ensuite de laisser faire le marché... En effet se sont surtout engraissés dans cette affaire les importateurs, les installateurs... et les industriels français n'en ont bénéficié que de façon modérée. On peut également craindre pour certains acheteurs qui, dans 5 ou 10 ans, verront leurs panneaux bien dégradés, leur production chuter, donc leurs revenus, alors qu'ils auront encore des emprunts à rembourser...

Alors oui les panneaux chinois sont moins cher. Leur fabrication a en passant émis beaucoup de CO2 (l'électricité chinoise est essentiellement produite par du charbon), leur transport vers l'Europe aussi.

Le prix des cellules et modules PV va baisser, grâce aux progrès technologiques d'une part (mais pour cela encore faut-il financer la R&D), grâce aux effets d'échelle sur les usines d'autre part. Pour cela, il faut un marché.

Créer d'abord un marché est donc un préalable intelligent. Mais cela ne suffit pas. En aidant à l'installation de panneaux, on aide en France les industriels les plus en avance à réduire leurs coûts par l'effet d'échelle, et on n'aide pas à l'émergence d'une filière industrielle innovante et compétitive.

Alors on peut s'en moquer, et se dire qu'il est trop tard, qu'on continuera à acheter toutes nos technologies en Asie, aux Etats-Unis où dans quelques pays européens qui ont maintenu une politique industrielle intelligente et la culture, surtout qui va avec. Culture de l'innovation, de la prise de risque, du soutien aux PME et non seulement aux grands groupes (dirigés par les camarades de promotion des grands comis de l'état qui proposent les règles du jeu...), grands groupes qui trouvent beaucoup plus facile de racheter des technologies à droite ou à gauche plutôt que d'investir pour en développer une.

La gauche parviendra-t-elle à proposer pour 2012 une politique industrielle intelligente sur les énergies nouvelles ? Qui allie :

- aide économique par tarif de rachat aux filières qui offrent une réelle espérance de coût raisonnable par rapport à la référence actuelle (ce ne doit pas être une affaire de sentiment personnel, mais de véritable plan de progrès des technologies sur 10-15 ans, plan partagé par les scientifiques, les industriels, les élus et les citoyens qui voudront s'y intéresser, plan qui peut être associé à des objectifs de coûts revus tous les 3 ou 4 ans par exemple)

- soutien à la recherche et au développement et à l'industrialisation en France de technologies innovantes

- politique industrielle intelligente, on n'ose dire protectionniste, afin que toutes les solutions d'énergies nouvelles ne dépendent pas, dans 10 ou 20 ans, d'importations. Il suffirait peut-être de prélever sur nos importations une taxe représentative des émissions de CO2 générées par la fabrication et le transport des produits achetés, et déjà l'écart de prix serait moins grand.

Une chose est sure, écologie et libéralisme ne font et ne feront jamais bon ménage. Les Français semblent prêts à payer un peu plus cher leur électricité afin qu'elle soit durable. Mais si l'on veut que tout le monde soit gagnant, il faudrait que la manne offerte au photovoltaïque via le tarif de rachat se réinvestisse dans l'innovation afin que dans une dizaine d'années les aides puissent être arrêtées et le photovoltaïque rentable sans béquille.

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