Rue de Solférino, François Hollande a réagi à sa victoire aux primaires socialistes par une longue déclaration qui se rattache à ses premiers discours quand, en juin 2009, à Lorient, il décida de créer les conditions de l’alternance. Trois ans avant 2012. C’est un « long chemin », comme lui-même vient de l'évoquer.
Il a choisi, après son départ de la direction du parti socialiste, de s’investir, avec une petite équipe, dans ce combat de la présidentielle. Peu, y compris à gauche, ont imaginé à ce moment qu’il puisse tenir un tel pari et devenir le candidat des socialistes avant d’être celui de toute la gauche.
La force de la campagne qu’il a su mener tient dans l’alliance entre deux paroles, celle qui s’adresse à un « peuple de gauche » qu’on disait disparu et que les primaires citoyennes ont ramené au devant de la scène politique, et puis une autre parole s’adressant à l’ensemble du pays inquiet devant la perte de futur, de destin collectif. Ce souci de ne jamais séparer les deux, la gauche et les Français, le présent et l'avenir, a été l’une des clefs de la réussite.
François Hollande doit désormais, avec le parti socialiste qu’il a longtemps incarné, construire un programme, bâtir une équipe, inventer une campagne. Les défis qui l’attendent sont considérables. Nous y reviendrons. Mais le chemin déjà parcouru, l’incontestable réussite des primaires, la légitimité qu’elle donne au candidat ainsi choisi, et la raison personnelle de François Hollande, constituent autant d’atouts pour le chemin qui reste à accomplir. Le « rêve français » qui a coloré tous les premiers temps de sa campagne, et qu’il a déclaré ce soir vouloir « réenchanter », est un but aussi rassembleur qu’exigeant, pour lui, pour les autres. En d'autres termes, il s'agit maintenant d'aller de la mystique à la politique, selon la célèbre formule de Charles Péguy, mais en l'inversant pour aujourd'hui et pour demain. Remettre de la politique dans la société, et de la société dans la politique, c'est précisément cela, le « rêve français ».
Vincent Duclert
NB. Ce blog a témoigné à son niveau du « long chemin » de François Hollande. Il suffit de relire certains des articles de la fin 2010 et du début 2011 pour s'en convaincre.