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Billet de blog 27 novembre 2008

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PS. Une refondation possible

Martine Aubry a donc été élue première secrétaire du Parti socialiste, un résultat confirmé par le Conseil national réuni le mardi 25 novembre à la salle de la Mutualité à Paris.

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Martine Aubry a donc été élue première secrétaire du Parti socialiste, un résultat confirmé par le Conseil national réuni le mardi 25 novembre à la salle de la Mutualité à Paris. Sa victoire difficile et longtemps contestée par le camp de sa rivale Ségolène Royal constitue cependant une bonne nouvelle.

Non pas tant parce qu’un camp a gagné sur un autre. Mais parce qu’un vrai travail de refondation peut s’opérer désormais, dès lors que l’enjeu des présidentielles est repoussé. Du temps libre est donné. Mais il s’agit de passer maintenant de l’ordre du possible à celui du réel.

Martine Aubry a les moyens de lancer cette refondation du PS et au-delà du socialisme, entrainant celle de la gauche tout entière. Elle s’est d’une part engagée à le faire, et ses déclarations pourront lui être rappelées à l’occasion. Elle a obligation de réussir si elle ne veut pas rejoindre la cohorte des dirigeants que l’histoire ne retiendra pas, pour leurs promesses non tenues. Elle est portée enfin par l’énergie des militants qui, au-delà de la fracture « royalistes/aubrystes », veulent imaginer un socialisme moderne, juste et démocratique.

Les conditions pour réussir sont posées également. Et particulièrement le débat nécessaire, à l’intérieur et à l’extérieur du PS, parce qu’il n’y a pas de politique digne de ce nom sans une pensée politique. Celle-ci doit répondre à trois questions : qu’est-ce, tout simplement, que la France, et l’identité nationale choisie par Nicolas Sarkozy, couplée à l’immigration, épuise-t-elle sa définition ? Qu’est-ce que la gauche aujourd’hui en France ? A quel rôle le socialisme peut-il prétendre en son sein ?

Deux autres conditions sont requises pour la refondation du PS.

D’une part, réaliser une véritable démocratisation du PS afin de se dégager de l’emprise excessive des courants et de leurs leaders aujourd’hui questionnés (certains comme Dominique Strauss-Kahn ont bénéficié des largesses politiques de Nicolas Sarkozy, d’autres comme Laurent Fabius ont rejeté le projet européen), afin de faire monter des jeunes et des acteurs plus représentatifs de la société française, afin de permettre enfin que ce débat intellectuel critique qui a besoin de liberté, puisse se réaliser.

De l’autre, il convient d’engager le parti dans l’étude de son histoire, non pas celle de ses structures et de son pouvoir aujourd’hui vacillant, mais celle de ses dissidences, celle de ses combats à la marge et pourtant centraux à l’idée socialiste de justice et de liberté, celle de ses échecs enfin. Si les leçons du 21 avril 2002 avaient été tirées, il est probable que le parti socialiste ne serait pas dans l’état où il est aujourd’hui. Mais sans pensée politique, sans connaissance critique du passé, les socialistes sont incapables de se projeter dans l’avenir. Et cela est d’autant plus vrai que leur histoire conçue dans son ensemble épouse bien des aspirations communes des Français et que la définition politique de la nation qui en ressort est bien, précisément, ce qui définit la France.

Les ressources socialistes sont bien réelles. Il en va du devoir de Martine Aubry de les saisir. En tout cas nous observerons avec soin ce qui va se passer maintenant.

Vincent Duclert

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