Tout reste à faire maintenant pour François Hollande. Mais la victoire qu'il enregistre aux élections cantonales en Corrèze, lui assurant sa réélection à la tête du conseil général, lui permet de se consacrer à sa candidature aux primaires socialistes, c'est-à-dire sa candidature aux élections présidentielles de 2012. Sa force en effet sera d'assumer dès maintenant la logique de ce scrutin, lui garantissant une possible victoire et la capacité alors de modifier ce système présidentiel au profit d'une démocratie mieux partagée, plus parlementaire et délibérative.
La conquête de la magistrature suprême exige aussi bien un programme - que les partis de gauche travaillent actuellement - qu'une philosophie du pouvoir, de la République et de la France (qui ne se confond pas avec le programme ou projet), et qu'une personnalité à même de les porter dans l'opinion et auprès de chaque électeur. C'est l'équation de la victoire.
On peut imaginer un leader « naturel » dont la suractivité comme figure publique ou l'immense notoriété finissent par donner l'illusion qu'existe bien avec lui ou elle cette pensée nécessaire. On peut concevoir aussi que la définition même de cette pensée du politique et son expression publique construisent décisivement cette personnalité présidentielle, la fassent émerger dans l'espace-temps que constitue la nation, et contribuent à la refondation du lien politique, du lien civique.
Contrairement aux préjugés, l'énonciation des idées républicaines ne freine pas les adhésions populaires, à condition toutefois d'accepter de les travailler, de les critiquer, et d'en faire le ressort d'un engagement un collectif.
Le travail intellectuel de formulation des valeurs et des principes, et la capacité de prouver qu'un homme ou une femme puissent les défendre et les incarner - sans les oublier ou les renier, constituent un pari exigeant mais gagnant. Il permettra de redonner du sens à l'action politique, de réveiller chez les Français la conviction de la démocratie, et de marginaliser les seules idéologies du repli ou de la rupture.
C'est le pari que François Hollande devrait suivre et qui dépasse de loin les seuls enjeux de la présidentielle. Et c'est le seul qui présente un peu de vertu par les temps chargés qui courent. On observera cela de très près.
Vincent Duclert