Dans l’œuvre de Darwin, il est question « d’archétype » : une sorte de forme idéale, de forme de principe, sur laquelle chaque animal, à l’intérieur de sa classe, est bâti. Il existerait des archétypes pour chaque grand « patron » animal (les radiés, les arthropodes, etc.). De l’ordre de 4 ou 5 archétypes, selon Darwin (c’est dire si, en réalité, le nombre de plans est limité). Il existerait ainsi un archétype de vertébré. Cette idée, un peu obsolète, est présente dans Darwin. Elle est néanmoins contestable, puisque sur la base de la génétique, on s’attend plutôt à des animaux pratiquement arbitraires, n’obéissant donc pas à des plans « archétypiques ». La chose, en quelque sorte, n’est même pas définie.
Cependant, on peut se demander : existe-t-il un champ de force « de base » dont la forme « vertébré » serait l’attracteur dynamique, archétypique. C’est une question simple, mais qui cache nombre de chausses-trappe, la première est que les forces ça n’existe pas, ou, en tout cas : elles sont immatérielles, impalpables, invisibles C’est un fait connu seulement des physiciens professionnels, et qu’on évite d’ébruiter, qu’on ne peut pas voir les forces, dont nous avons pourtant bassiné nos contemporains depuis toujours. En réalité, les physiciens ne voient que des positions, et des temps. A partir des positions et des temps, on fabrique des représentations de mouvements, et à partir des mouvements, on fait une interprétation intellectuelle des variations de mouvements. Cette interprétation intellectuelle découle d’une théorie grâce à laquelle on attribue ces variations, depuis Newton, à l’existence d’un objet intellectuel appelé force, dont l’hypothèse permet de résoudre les problèmes (exemple : les planètes tournent, ah ben elles tournent comme qui dirait qu’y’aurait une force exercée par le Soleil. Mais personne n’a jamais vu cette force, on ne voit que les mouvements).
J’ai montré il y a un temps le mouvement qui crée un embryon :
On a l’impression que ça tire vers l’arrière (arrière à gauche), pour créer l’embryon, en tout cas l’archétype ( à ce stade, tous les embryons de vertébrés se ressemblent, ils sont même pratiquement indistinguables pour les non-spécialistes). Si vous avez l’impression que ça tire vers la gauche dans ce film, vous êtes déjà du côté des contestataires : pour beaucoup (j’ai les noms des meneurs) « ça » ne tire pas, « ça » pousse de l’intérieur. Voici un plus gros plan du moment où ça commence à tirer ; en réalité, le film concatène un grossissement 10X puis un grossissement 20X, puis un grossissement 10X.
Ben, on dirait bien que ça tire aux deux bouts. Le résultat de cette traction est un animal, de même que lorsqu’on tire sur du caoutchouc, ça plie ; la force de l’hypnose est de vous faire avaler le « de même ». Donc, si vous êtes d’accord que lorsqu’on tire sur du caoutchouc ça fait ça (à droite, le caoutchouc, à gauche l’équivalent dans un embryon, la partie étirée est la moitié du haut; il y a évidemment une différence, le caoutchouc est une masse homogène, pas le tissue embryonnaire) :
alors vous avez compris l’origine des animaux, à condition quand même que l’on vous montre la cause de la traction. Qu’est-ce qui tire ? C’est quoi la force "animalifiante" ? C’est-à-dire, celle qui crée des animaux ?
Alors voilà, c’est très simple : il y a peu je vous ai montré que les cellules rentrent dans le futur anus (il y avait un billet de blog très visité à ce sujet ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/vincent-fleury/170413/de-linteret-de-la-chose-anale NB: vu qu'il y a le mot "anale" dans le titre, ça doit drainer vers Mediapart un trafic que je n'imagine même pas ); le principal film, montrant les cellules rentrant dans l’anus donnait ça :
Ayant passé un long moment à décortiquer des embryons, je me suis aperçu qu’on pouvait regarder dedans en les retournant (l’autre côté c’est passionnant comme disait Brel, euh non, Salvador, euh non je vais y arriver, Boris Vian, voilà c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=ojY1Sj1-E0Q ).
Quand on regarde ce que font les cellules rentrées à l’intérieur de l’embryon (qui n’existe pas encore, c’est elles qui vont le créer), on voit ça :
Ah ben on dirait bien qu’elles bougent et avancent en tirant sur la surface. Est-ce que je pourrais voir alors la force animalifiante ? Il n’y a qu’à superposer les images du film, sur la fin, au moment où commence la traction et l’on voit apparaître les trajets des cellules rentrées sous la surface de l’embryon (les flèches indiquent le mouvement; les petits poils blancs qui apparaissent quand on superpose sont les trajectoires des cellules : elles donnent un point blanc dans chaque plan, quand on superpose les plans, ça fait un trait) :
En faisant simplement l’hypothèse que ce mouvement est causé par la force que les cellules exercent pour avancer, et puisque les cellules avancent sur la surface de l’embryon en tirant dessus, on en déduit que cette image est l’image de la force qui crée les animaux.
D’accord, c’est pas très net. Mais qu’est-ce que vous espériez ? En fait, vous espériez que la force qui crée les animaux soit un truc sensationnel, fascinant, grandiose. Ben oui, ça doit, ça devrait, être très beau et compliqué, la force animalifiante, celle qui est la cause même de l’existence du jardin terrestre. Désolé, c’est simple, et plutôt moche. Très décevant. Ch'suis snob.