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Billet de blog 20 août 2013

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Réflexions sur le prurit « voile islamique » de l’été.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

1-Manuel Valls et d’autres lancent un débat sur le port du voile à l’université. Personnellement, ça ne me pose aucun problème de débattre de cela ; le port du voile à l’université  pose beaucoup d’excellentes questions, culturelles et sociétales.

2-J’ai rencontré des femmes portant le voile à l’université, je n’ai jamais vu que cela pose un quelconque problème.  N’oubliez pas que dans l’enseignement supérieur, on est censé rencontrer des adultes intelligents et non des enfants poussés par papa et maman.

3-Accessoirement le port du voile est interdit à l’université lors de la pratique d’activités impliquant la manipulation de produits inflammables.

4-L’université a énormément de problèmes, les deux principaux étant les moyens financiers et l’absence de sélection à l’entrée. Ce serait mieux de débattre des vrais problèmes.

5-Le classement de Shangaï vient de sortir, c’est sûr quand on voit le classement des universités et grandes écoles françaises (d’ailleurs plutôt plus mauvais pour les grrrrandes écoles que pour les universités) que c’est le meilleur moment pour se tortiller avec la question du voile.

6-On parle de voile « à l’université », mais on ne peut pas débattre de l’université sans débattre de l’enseignement supérieur en général, donc si l’on parle d’interdire le voile « à l’université », il faut l’interdire dans tout l’enseignement, grandes écoles comprises,  or de nombreuses écoles supérieures sont privées, sans même parler de l’enseignement supérieur confessionnel.

7-On parle du voile, mais si on propose d’interdire le voile, il faudra interdire aussi la kippa, le turban sikh et tout autre signe religieux vestimentaire.  A moins de reconnaître que c’est spécifiquement la religion musulmane qui est visée…

8-On peut éventuellement interdire le voile à l’université et dans les grandes écoles, mais il faut que chacun soit conscient qu’il s’agit d’une déclaration d’hostilité à l’égard de tous les musulmans pratiquant qui envisagent de faire des études en France. Compte tenu du manque d’attractivité de la France ça ne paraît pas une idée géniale.

9-L’université est censée véhiculer un message universel. Accepter les différences doit être une des composantes de ce message. Dans le même esprit, si un élève refuse d’être en binôme avec une fille non musulmane (ou juive, ou blanche ou n’importe quoi d’autre), il doit être exclu sur le champ.

10-Les femmes qui portent le voile à l’université savent très bien que ça emmerde la majorité des Français ; depuis le temps qu’on émet des messages islamophobes dans ce pays, ça a bien fini par arriver jusqu’à leurs oreilles (même sous le voile). Elles le portent pour des raisons culturelles, elles ne comprennent pas pourquoi on fait autant d’histoires avec ça.

11-A mon humble avis, ce n’est pas une bonne idée d’interdire le voile ; ce qu’il faut interdire c’est l’espionnage des pratiques religieuses d’autrui, et l’intimidation. Quand j’étais interne en prépa au Lycée Henri IV en 1982, il y avait un élève musulman qui faisait le tour des tables pour vérifier que ses coreligionnaires ne prenaient pas de porc au self. C’était il y a plus de trente ans. Je pense que ce type de comportement doit être purement et simplement interdit. Donc, AMHA, si on veut mettre la pression sur l’intégrisme religieux,  il faut créer une peine pour un délit de surveillance des pratiques religieuses d’autrui, et non interdire le voile à des jeunes filles qui pour la plupart n’ont rien d’intégriste.

12-Le voile islamique est globalement et pour faire court, considéré dans ce pays comme un symptôme de sous-développement (mental, économique, éducatif, égalitariste etc.). ça vient difficilement à l’idée des français(e)s que certaines personnes le portent sans état d’âme avec une forme d’authenticité culturelle.

13-Interdire le voile en France, c’est implicitement penser que la société française ne suffit pas à elle seule pour éveiller ces jeunes filles et leur faire prendre conscience (si l’on est dans l’état d’esprit 12) de l’aliénation que représente(rait) le voile. Interdire le voile est donc une manifestation de faiblesse de la société, un aveu que les valeurs de la société française sont fragiles, et donc que le port du voile fait sens.

14-Le point 13 constitue la différence avec un pays comme la Turquie, où le voile est interdit à l’université, pour la raison profonde que ce pays est aux premières loges en matière de frottement avec les intégrismes religieux.

15-Il est assez amusant de constater qu’il est parfois question d’interdire le voile à l’université dans ce beau pays de France, le même qui fait signer à des boursiers étrangers des engagements de retour immédiat dans leur pays dès leurs études finies, et qui, également, empêche les jeunes diplômés étrangers de poursuivre leur séjour en travaillant en France. Par conséquent, les jeunes étrangères, voilées, qui viennent en France, ne seront pas invitées à y rester et à profiter des joies de l’éveil intellectuel dans ce pays où l’islam est minoritaire et où l’anticléricalisme a une longue histoire. Elles devront retourner dans leur pays ; il est donc tout à fait normal qu’elles restent attachées à leurs racines. Il s’agit dans ce cas d’une simple question d’intérêt, sachant qu’elles devront retourner postuler dans leur pays d’origine, ce n’est pas dans leur intérêt d’abandonner leurs pratiques religieuses (à une époque où des pays arabes très riches construisent de nouvelles universités parfois plus jolies que les nôtres etc.).

16-L’analyse complète des ressorts du port du voile demanderait de la longueur ; un blog demande de la courtitude. Donc je m’arrête là, mais je n’en pense pas moins.

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