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Billet de blog 25 septembre 2012

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Nous, les éditeurs véritables.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après l’affaire Millet, voici poindre l’affaire Pierre-Guillaume de Roux. En effet, bien tardivement sort du bois l’éditeur de Millet pour défendre son poulain. PGDR livre dans le Monde un point de vue visiblement destiné à sauver sa maison, mais qui, hélas pour lui, ne trompera guère les auteurs, lesquels, tout de même, font en général de bons lecteurs, et n’ont pas besoin des effets de manche de M. de Roux pour savoir à quoi s’en tenir.

Pour être tout à fait franc, le point de vue de M. de Roux me fait penser à ces longues interviews de cyclistes du tour de France, exclus pour dopage, et qui parlent dans les micros que les journalistes leur tendent complaisamment, pour y dire que l’anabolisant était dans la viande qu’ils ont consommée. PGDR peut certes trouver des canaux pour continuer à brailler, mais ses cris d’éditeur blessé résonnent dans le vide.

Ainsi, selon M. de Roux, nous ne lisons pas M. Millet « en profondeur ». Ben voyons. M. de Roux invente un nouveau chapitre d’un livre à succès de Pierre Bayard (Comment parler des livres que l’on n’a pas lus) : l’éditeur qui parle des livres qu’il n’a pas lus (mais qu’il a publiés). Parce qu’en effet, à la lecture du point de vue de M. de Roux, on voit bien qu’il n’a pas lu les livres qu’il a publiés. Je rappelle tout de même à ce Monsieur, que les livres de M. Millet constituent une sorte de longue plainte habile sur la décadence de l’écriture, laquelle se réduirait aujourd’hui aux vrais auteurs de littérature, d’un côté,  (en gros M. Millet tout seul) et aux romanciers qui nouent des intrigues d’influence américaine, de l’autre (influence américaine dans le style, la construction, l’intention, le lectorat, l’édition, la préparation, les remerciements, les rééditions etc.), dont la figure emblématique serait Umberto Eco (c’est bien ça mon Coco, on a bien lu ?). Tout ce salmigondis n’est que le symptôme d’une vaste aigreur qui converge tout doucement vers le ra-da-da de M. Millet, la haine de l’islam et de l’immigration « massive », avec une coda spectaculaire conçue pour emm… tout le monde : M. Breivik, a réalisé un acte magnifique de beauté formelle, et d’ailleurs, c’est la faute aux gauchistes qui portent des pantalons ethniques si des blondinets comme Breivik finissent par tuer des gens (pas des gens : des petits bourgeois métissés, mondialisés, incultes et sociaux démocrates). Et d’ailleurs Breivik est le « signe désespéré et désespérant de la sous-estimation par l’Europe des ravages du multiculturalisme ». Breivik, nous dit Millet, nous « rappelle qu’une guerre civile est en cours en Europe », et c’est l’ »indulgence » avec laquelle on traite l’extrême gauche qui explique  « aussi » l’acte de Breivik. Je précise, tout ça est dans le livre de Millet. Et d’ailleurs encore, selon Millet Breivik ne porte pas « ces ridicules vêtements ethniques qui sont un des attributs de la jeunesse multiculturelle, avec un langage en décomposition, une inculture béate et un avachissement certain de la personne ».

RAPPEL à M. de ROUX : les jeunes qui portent des vêtements « ridicules » n’ont pas encore commis de meurtres de masse, et « nous », les « écrivaillons », en avons encore moins fait l’éloge.

[NB : Les c... sur l’indulgence c’est page 113 ; le signe désespéré des ravages du multiculturalisme, c’est page 114 : les c... sur les vêtements ethniques c’est page 107 ; les c.... sur les petits-bourgeois métissés c’est page 109, etc.]

M. de Roux prétend que les auteurs ayant approuvé la tribune d’Annie Ernaux n’ont pas dépassé un titre qu’il ne fallait pas prendre au pied de la lettre. Seulement, dès la première ligne de son Breivik, M. Millet remet une couche : « Au moment d’entreprendre ce qui pourrait être un Eloge littéraire d’Anders Behring Breivik, je voudrais qu’on garde à l’esprit que je n’approuve pas [ses] actes ». Cherchez l’ironie dans le titre, y’en a pas, désolé, puisque Millet reprend la figure sérieusement dans son incipit.

Tout ça pour dire quoi : M. de Roux voudrait à tout prix que M. Millet soit l’un des « nôtres », et même « l’un des plus grands ». Et au nom de cela, que nous nous abstenions de taper sur le pauvre bougre. Semble-t-il, toutes les idées se valent, et dans une ambiance de kermesse, nous devrions embrasser les pensées dépressives et mortifères de M. Millet, et sans doute encourager M. Gallimard à le promouvoir à la direction de sa maison (j’ironise, là ça se voit, je pense).

M. de Roux, pitié. Je n’ai rien de commun avec M. Millet, il n’est pas « des nôtres », du simple fait qu’il écrit, et d’ailleurs, M. Millet se passe lui-même la brosse à reluire, et, brillant ainsi, se met à l'écart de lui-même puisqu’il clame « nous, écrivains véritables » en parlant de lui et sans doute de quelques autres (mais lesquels?, je tremble), après avoir méthodiquement démoli Eco ; Le Clézio, Vargas LLosa, Sagan, et j’en passe (vous voyez, j’ai lu). M. Millet s’essuie les pieds sur tout ce qui bouge, conchie tous les auteurs de la francophonie (laquelle selon lui n’a jamais rien produit d’intéressant), et je ne dis pas les douceurs qu’il réserve à la « créolisation » etc.

Illustration 1

M. Millet est tout simplement vulgaire et inconvenant. Sa prose est lourde et masturbatoire. Et malgré tout cela, M. de Roux le publie, et voudrait qu’on l’apprécie, au nom de l’idée qu’il se fait de son métier. Il n’a pas dû lire les livres en question, je ne vois pas d’autre explication. En tout cas, pas avec la profondeur qu’il aurait dû. (De toute façon, il arrive toujours un moment où à vouloir trop éloigner la surface de la profondeur, on ne sait plus très bien comment il faut lire ; on voit bien que ni M. Millet ni M. de Roux ne sont à proprement parler des intellectuels, car en matière d’essai, ce n’est pas au lecteur à faire l’effort de comprendre ce que l’auteur a bien voulu dire. La tribune de M. de Roux, au fond, est celle d’un incapable).

Pour finir, M. Millet, qui semble aimer la langue française de Chardonne, de Drieu la Rochelle et de Camus-Renaud (je dis semble, mais ces noms apparaissent textuellement), ce qui fait sens, doit savoir que, pour ceux qui le comprennent en profondeur, il n’est, soit dit en bon français,  qu’un cuistre d’extrême-droite.

M. de Roux est tombé dans le panneau. Après avoir laissé passer l’orage, PGDR essaie maintenant de gratter une allumette pour rallumer le feu dans sa maison :

-mais M. de Roux, l’honneur, c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois.

Pour ceux qui veulent lire M. de Roux c'est ici :

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/21/pour-l-honneur-de-la-litterature_1763727_3232.html

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