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Billet de blog 26 décembre 2013

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La vénus est-il misogyne?

Ecartons d’emblée un fait évident : Roman Polanski aime sa femme, Emmanuelle Seigner. Elle est très belle, et il la filme avec talent, sans aucune vulgarité. Il l’aime et c’est gentil à lui de nous le (la) montrer.

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Ecartons d’emblée un fait évident : Roman Polanski aime sa femme, Emmanuelle Seigner. Elle est très belle, et il la filme avec talent, sans aucune vulgarité. Il l’aime et c’est gentil à lui de nous le (la) montrer.

Ceci étant dit, il n’en demeure pas moins que La Vénus à la fourrure est peut-être un film misogyne.

La Vénus à la fourrure est un huis-clos théâtral montrant l’audition d’une actrice par un metteur en scène, pour le rôle principal dans la pièce « La vénus à la fourrure » adaptée de l’œuvre de Sacher Masoch. Le scénario de ce huis-clos est tiré d’une pièce de théâtre qui fonctionne, ou est censée fonctionner, sur le principe de la mise en abîme, l’audition de l’actrice par le metteur en scène se transformant progressivement en figure du masochisme. Vers le milieu du film, le jeu des acteurs, sur scène, est censé s’imbriquer dans le rapport hors scène actrice-metteur en scène, et plus simplement, homme-femme. Ça marche moyennement.

Cependant, le sous-texte de ce film est ambigu. L’homme y est représenté comme un être torturé mais simple, dont les névroses se résument soit au désir ardent de la femme, soit, au pire, au désir d’être esclave de la femme (masochisme). Finalement, un homme ce n’est pas si compliqué, il recherche une femme qui assouvisse son désir, et quand cela est trop compliqué, il offre à la femme d’être sa maîtresse dominatrice. Pareil cadeau ne devrait pas lui poser de problème, l’homme étant alors l’esclave. Néanmoins cette figure de l’homme esclave de la femme, pose également problème puisque, soit l’homme recherche la femme-objet de son désir, soit l’homme recherche la femme pour qu’elle soit l’acteur de sa servitude volontaire : l’homme masochiste a encore besoin de la femme comme instrument de sa servitude, comme maître-objet. La femme est donc soit l’objet du désir, soit l’instrument de la servitude. Ce n’est évidemment pas bien, on espèrerait un peu plus de richesse dans la relation homme-femme. Mais il est rare que le sexe enrichisse les relations.

C’est pourquoi, dans le film, le metteur en scène un peu falot et névrosé (Mathieu Amalric), qui aspire à l’esclavitud, se retrouve progressivement puni par la femme. Cette dernière, simple actrice sur le retour, venue auditionner pour un rôle, est en principe entièrement dans son pouvoir, dépendante de lui pour l’obtention du rôle, mais peu à peu la situation se retourne, et tandis qu’il aspire à jouir de  la femme, ou à jouir de la servitude, le metteur en scène n’aura ni  l’une ni l’autre, mais une sorte de punition divine.

Ce qui peut passer pour un film moral, au premier degré, est ambigu pour au moins deux raisons, la première est que le film semble démontrer que, quels que soient les désirs de l’homme, pourtant si simples, et presque enfantins, la femme est toujours la plus forte, et l’homme toujours perdant. En second lieu, cette suprématie de la femme est obtenue par l’exhibition de ses charmes, et par un double discours mensonger et pervers. Bref, les femmes sont les plus fortes, et de fieffées menteuses, exhibitionnistes de surcroît, gare à celle qui se présente à vous en guêpière; certes, Amalric aurait dû se méfier, en tout cas dans la salle, on l'a vue venir.  En conclusion, le film est un peu misogyne, en ce qu’il montre un homme manipulateur, battu par une femme, LA femme, encore plus manipulatrice que lui.

Une façon de sauver la morale du film, et de laver cette misogynie,  est de simplement penser qu’il montre la supériorité de la femme sur l’homme. Pour l’homme les choses sont simples, ou plutôt « la chose » est simple : sois ma chose ou laisse moi être la tienne (de chose). Pour les femmes, mieux vaut en rire : homme, tu es déjà ma chose, depuis toujours et pour toujours.

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