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Billet de blog 28 avril 2012

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Topos de laboratoire VIII: Le suicide administratif du djeune

La France est ce pays « que tout le monde nous envie », où toute votre vie peut s’écrouler pour de futiles raisons administratives souvent inventées de toutes pièces.

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La France est ce pays « que tout le monde nous envie », où toute votre vie peut s’écrouler pour de futiles raisons administratives souvent inventées de toutes pièces. Il y a quelques années, un film dont j’ai oublié le titre racontait la descente aux enfers d’un cadre fortuné, qui ne retrouvait pas la photocopie de son baccalauréat pour je ne sais quel dossier. Plus récemment, Tom Roud racontait sur son site comment le CNRS a été incapable de changer les convocations à son concours de recrutement alors que les avions de tout l’hémisphère nord étaient cloués au sol par l’éruption du volcan islandais que-c’est-même-pas-la-peine-d’essayer-d’écrire-le-nom. Cette année-là, de très nombreux candidats de grande valeur n’ont même pas été auditionnés. « C’est le concours, c’est comme ça ».

Dans le même ordre d’idées, là où, aux Etats-Unis, un comité de sélection passera plusieurs jours à auditionner des candidats pour recruter le meilleur, le système français fera officiellement reposer les recrutements sur des oraux de 15minutes +10minutes de questions étant entendu que « l’essentiel a lieu avant », d’une façon donc, pas très claire.

Un des topos usuels de laboratoire, dans ce domaine, est le suicide administratif du djeune. Ah les jeunes ! Aujourd’hui plus qu’hier, et moins que demain, le français moyen est pris dans un réseau tentaculaire de considérations qui jouent un rôle obscur dans son avenir. Finalement, les règles pour passer à travers les mailles du filet et « réussir » son peu claires, et pour la plupart « inhumaines ». Une des conséquences de l’excès de contraintes, dates butoir, bordereau de convention, site à remplir, mot de passe etc. est une sorte de flottement mental qui conduit à des erreurs triviales (« c’était hier la date limite ») qui condamnent à une mort professionnelle immédiate et certaine le jeune impétrant. Sans parler de ceux qui ratent les concours parce qu’il y avait une grève de métro, et dont la vie est « finie ».

Donc, comme tous les ans ou presque je dois gérer le classique cas de l’étudiant qui s’est pendu avec son dossier, en oubliant de remplir le formulaire machin. Me tournant vers mon voisin de bureau, émérite professeur d’université et lui disant : un jour il faudra que j’écrive quelque chose sur le suicide administratif des jeunes, il me répond :

-Ah si tu savais… regarde lui-là (et il m’en pointe un autre dans l’open space). J’ai encore dû lui sauver la vie en M2, il n’a pas répondu à la convocation de ci ou ça, je sais plus (en fait je sais, mais si je l’écris, il va se reconnaître). Ça arrive tout le temps. Etc.

Alors oui, c’est bien un topos de laboratoire, et un symptôme de plus de la gangrène française.

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