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Billet de blog 4 juin 2023

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Parcours d'un informaticien devenu musicien

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De retour sur Médiapart,

anciennement abonné médiapart sous le pseudo Orphéelepoète, ingénieur informaticien frustré fréquemment en burnout, j'ai fini par être arrêté pour épuisement professionnel pendant 6 mois avant d'obtenir, non sans mettre la pression à mon ancienne boite, une rupture conventionnelle.

Faut dire qu'ils avaient été si bon avec le fainéant que j'étais, ils avaient pris soin de m'attribuer des missions correspondant à mon métier, ou presque... enfin dans la mesure des missions disponibles... et puis c'était pas trop loin de chez moi, seulement 2h c'est pas énorme... et ça c'est sans problèmes de RER.

Sur les quatre missions effectuées dans cette entreprise, la première (1 an) était bien dans mon métier (ingénieur image/3D), dans un secteur qui m'intéressait (l'aéronautique), mais situé à 1h30 de transports de chez moi, dans une équipe qui devenait de plus en plus difonctionnelle, la faute à un projet mal fait de l'intérieur que personne n'a voulu nettoyer, entrainant des problèmes de plus en plus gros et de plus en plus difficile à corriger. A la fin, on passait plus de temps à contourner des trous dans la raquette qu'à réellement apporter quelque chose. Plus une équipe de plus en plus difonctionnelle, j'ai fini par demander mon départ pour une autre mission, ça n'était plus gérable.

La seconde mission n'était déjà plus dans mon métier, je devais apporter des modifications dans un code que je ne comprenais pas, mais au moins l'équipe était sympa et c'était en télétravail. Ca a duré 6 mois jusqu'à ce qu'ils me virent.

La troisième mission, qui a duré 2 ans n'était pas du tout dans mon métier, mais par chance l'équipe était très sympa... sauf que je n'avais presque aucun travail à faire (10 min par jour), la plupart des taches qu'on m'assignait étaient déjà faites mais les équipes de test n'avaient pas réalisé les tests, parfois depuis plusieurs années. Mais comme le projet était abandonné, on me foutait une paix royale. C'est là que j'ai commencé à sérieusement me mettre à la musique, profitant du temps d'oisiveté contraint par le manque de travail. Ca a duré jusqu'à l'inévitable plan social. Les prestataires étant les premiers à partir dans ce cas, vous connaissez la suite.

Puis la quatrième mission et la dernière, c'était le best of. J'ai été envoyé à 2h de chez moi (hors problèmes de RER C), pour faire quelque chose à l'opposé de mon métier, dans un secteur qui ne m'intéressait pas du tout, avec une formation utilisateur en guise de formation technique (c'est comme si on me demandait de savoir fabriquer une machine à laver car j'ai lu la notice), aucun encadrement, une exigence d'être aussi performant que le reste de l'équipe malgré que je n'avais aucune connaissance du métier ni formation et pour couronner le tout un abandon total de l'équipe et une petite cheffaine de 6 ans de mois que moi qui m'appelle "mon enfant" et me parle de manière scandaleuse. J'ai évidemment alerté mon entreprise qui n'a rien voulu entendre et a défendu le client. J'ai craqué, burnout, suivi psychologique, dépression et tout ce qui va avec.

Jusqu'ici je n'avais rien dit. Je m'estimais chanceux, puisque l'entreprise dans laquelle je travaillais avant pendant deux ans était une de ces PMU sans syndiqua avec une patronne tyrannique qui pousse à la dépression voire au suicide les employés, turnover fréquent, harcèlements professionnels (harcèlements sexuels j'ai appris plus tard), j'ai vu partir l'équivalent de 4x l'effectif de l'entreprise en seulement 2 ans. Le pire étant que malgré qu'elle ai foutu une inspectrice du travail à la porte et commis de graves crimes, preuves à l'appui, la patronne s'en sort et n'a jamais été condamné. Parait qu'elle a des contacts auprès du ministère de l'intérieur...

Une fois au chômage, j'ai décidé que je changeait de métier. Impossible de coder de nouveau, mon expérience professionnelle m'a induit un rejet total de ce monde. J'ai toujours été passionné par la musique, que j'ai toujours pratiqué assidument, je suis compositeur depuis 17 ans... allez je me lance.

J'ai tenté une audition pour assister à une formation de 8 mois à la Manufacture Chanson et j'ai été pris.

Et ça a été un véritablement changement dans ma vie. Je suis passé de l'enfer au paradis en une simple décision. Un environnement de travail sain, des collègues absolument adorables avec qui j'ai envie de partager mon temps et une partie de ma vie, des professeurs bienveillants, un travail passionnant, j'ai travaillé comme jamais dans ma vie et pourtant je me sens moins fatigué. J'ai accompagné 3 collègues en plus de moi même, j'ai pris confiance en moi, j'ai retrouvé la forme et je suis enfin valorisé. On ne me dit plus que je dois faire plus d'effort, c'est moi  qui en fais naturellement et on me reconnais pour ça. Moi qui croyais être un tire au flanc, je m'avère en réalité être un gros bosseur.

J'ai sorti mon premier album solo le 17 Mars dernier, Histoire d'un Retour. Mixé entièrement seul, j'ai enregistré tous les instruments. Il a ses défauts mais faut un début à tout et je ne suis pas ingénieur du son, les prochains albums seront effectués par des pros quand j'aurai un public et des financements. Un jour je le referai.

En Novembre dernier j'ai fondé mon groupe autour de mon projet solo. Nous avons effectué une dizaine de dates. Malgré quelque désaccords et quelques restructurations, l'ambiance est bonne, nous sommes tous amis, nous avons une bonne alchimie entre nous et ça se ressent sur scène, nous aimons travailler ensemble.

Aujourd'hui, je viens de terminer ma formation. Je me lance dans le grand bain, avant je pondais des lignes de codes sur des projets inutiles, maintenant je pose des notes sur des morceaux de bois et je suis enfin à ma véritable place. En espérant que ce soit fructifiant à l'avenir.

Désolé de cette note un peu foutraque et un peu personnelle, je suis de retour sur Médiapart, je vous donnerai des nouvelles de mon parcours de musicien. En espérant vous démontrer que c'est possible de s'affranchir d'une vie qui n'est pas la notre, qu'il suffit d'oser, que si on se sent mal quelque part il faut partir, que le travail n'est pas censé être une torture et que s'il l'est, c'est que ce métier n'est pas fait pour vous.

A la revoyure

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