Il y a une expérience de chimie toute aussi amusante que dangereuse, contre laquelle on s’évertue à mettre en garde les enfants, qui consiste à frotter un glaçon contre la peau, puis à y verser du sel. Le résultat, garanti par la science, est une brûlure au 2ème degré.
Pourquoi, ce que l’on interdit à nos enfants menace-t-il aujourd’hui de devenir un mode de vie, un système politique ?
Pourquoi, lorsqu’un officier de police torture un adolescent en lui enfonçant sa matraque dans l’anus, entend-on, à la place de la sanction ferme qu’un tel comportement devrait, dans une démocratie saine, emporter immédiatement, un discours étatique et judiciaire aussi malicieux qu’indécent, qui tente de faire passer cela pour un accident ?
Pourquoi, le soir suivant les faits, au lieu d’une visite gouvernementale sur les lieux où ils se sont produits, visite qui serait l’occasion de dire, de façon claire, que la République ne peut, ne doit et ne saurait tolérer cela, assiste-t-on à une opération de nature militaire, mettant les habitants du quartier sous coupe réglée et au cours de laquelle on voit ces mêmes forces de police insulter, brutaliser voire tirer à balles réelles sur ces habitants qui ne demandent qu’une chose, que justice soit faite et qu’on les respecte, pour une fois ?
Pourquoi, sur ces chaines d’info si promptes à qualifier de terroriste le moindre malade qui se jette avec une machette contre plusieurs militaires armés, entend-on l’événement recevoir toutes les qualifications possibles, à l’exception de celle qu’il devrait effectivement recevoir ?
Comment peut-on tolérer de voir, sur les réseaux sociaux, des commentaires odieux émanant de policiers, qui viennent justifier ce qui n’est rien d’autre que l’acte de torture émanant d’un esprit malade et n’entendre, de la part de leur hiérarchie, venir aucune sanction, aucun avertissement, aucune mise en garde ?
Qui, un jour, a décidé que la meilleure manière de gouverner un pays était de susciter la haine, de mettre en place tous les éléments d’une brûlure à laquelle personne n’échappera ?
Sans doute, sauf à taxer d’imbécillité ceux qui nous gouvernent, y-a-t-il un plan derrière tout cela ?
Peut-être suis-je trop stupide pour le discerner ?
Peut-être suis-je trop bête, trop dépourvu de vision pour comprendre qu’il y a un avenir dans l’humiliation d’une partie de ce qui nous constitue, trop débile pour assimiler que le futur est dans le mépris, dans la honte et dans la haine, trop idiot pour ne pas saisir que l’empathie, le respect et la justice sont des valeurs dépassées ?
Peut-être suis-je, dans cet aveuglement qui est le mien, définitivement un homme du passé ?
Si c’est le cas, je préfère y rester. J’y suis mieux qu’au cœur de ce présent qui, chaque jour, apparaît n’être plus rien d’autre qu’une brûlure permanente que l’on se plaît à aggraver.