Les cris des enfants sont là, chaque jour plus déchirants,
Au rythme de leurs âmes qui s’envolent des cratères laissés par les bombes.
Leur présence, chaque jour plus puissante,
Nous accompagne dans chacun de nos petits gestes
Ces petits gestes si faciles ici, si difficiles là-bas.
Les cris des enfants sont là, chaque jours plus évidents dans leur atrocité
Comme est plus évident aussi le mensonge que l’on nous déverse,
Le mensonge dans lequel on se vautre, celui dont on nous nourrit,
Le mensonge avec lequel nous gavent ceux qui prospèrent sur l’ignominie.
Les cris des enfants sont là, tout le temps, si faibles de l’autre côté des décombres, l’autre versant de la vie,
Ils viennent d’un enfer où on espère, chaque fois que l’on ferme les yeux,
Que ce ne sera pas la mort qui les ouvrira.
Ils portent dans les cieux notre crime, notre fardeau notre châtiment.
Les cris des enfants sont là, avec les rires, aussi.
Car les enfants rient, partout, tout le temps,
Aussi dure soit la vie, les enfants trouvent en eux l’énergie de rire.
Il y a leurs rires entre les cris.
Qu’est ce qui fait le plus mal?
D’imaginer les enfants crier ou de les savoir encore capables de rire?
Les cris des enfants sont là, plus ténus chaque jour en même temps que les enfants se meurent.
Ils se gravent et renforcent pourtant dans nos esprits, dans nos souvenirs, nos tristesses et notre impuissance.
Les cris des enfants sont là, pour longtemps.