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Billet de blog 12 janvier 2016

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De l’avantage d’une nouvelle définition du statut juridique du suspect décédé.

La libération des forces vives de nos représentants de l'ordre est proche! Tremblez, margoulins!

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Depuis si longtemps qu’on ne se souvenait même plus qu’il put en être autrement, la mort d’un être humain, même délinquant, même criminel, n’était pas vue d’un bon oeil et les foudres de la Loi s’abattaient - ou, à tout le moins, menaçaient de s’abattre - sur celui qui en était la cause.
La crainte, compréhensible, que faisait régner cette épée de damoclès judiciaire sur l’usage de la force physique dans des proportions plus définitives, a longtemps constitué un frein inadmissible à l’action de nos policiers, de nos gendarmes, de nos douaniers et de nos militaires en vue d’une élimination systématique du criminel poursuivi.
Heureusement, les choses changent et il semble qu’enfin, l’élimination, punitive ou préventive (ou les deux) ne soit plus affligée des même suspicions que par le passé. Enfin, on voit du malandrin justement frappé à mort par les balles de la maréchaussée. Enfin, il y a du raisiné de voyou coulant à flots sur l’asphalte républicain. Enfin, le gouvernement semble prendre conscience des nécessités et tente, encore trop timidement sans doute, d’encourager ce mouvement de fond.
Certes, l’on pourrait regretter que, pour l’heure, la démarche consistant, en éliminant physiquement le malfaiteur, à résoudre les deux éternels problèmes de la justice - sa lenteur et son coût -  soit réservée au seul usage des terroristes.
La rapidité et l’économie du processus sont en effet porteurs de si belles promesses que l’on ne voit guère pour quelles raisons son champ d’application devrait être matériellement si limité.
Cela dit, qu’on se rassure, il est un principe immuable en matière judiciaire qui veut que toute initiative de nature à amoindrir les droits des justiciables, quand bien même elle serait initialement cantonnée à un domaine précis, ne tarde guère à s’étendre à l’ensemble de la matière.
On ne peut dès lors sérieusement douter que ce qui, aujourd’hui, devient furieusement tendance en matière terroriste, sera demain du dernier cri pour toutes les infractions.
Progressivement, on peut ainsi espérer voir l’exécution in limite litis devenir la norme en matière, d’abord, de trafic d’êtres humains, puis de trafic de stupéfiants, puis d’homicide volontaire, puis de fausse monnaie, puis de participation à une manifestation non autorisée et, enfin, pinacle de l’évolution, de stationnement gênant et d’ivresse sur la voie publique.
Ainsi, sera résolu le problème du manque de moyens de la justice, de l’encombrement des tribunaux et des commissariats, ainsi que de la terrifiante gabegie que constitue le système pénitentiaire, où le malhonnête homme se goberge aux frais du bon citoyen dans l’oisiveté la plus complète, partageant sa vie entre vidéos pornographiques et lecture des versets du Coran.
Il est cependant regrettable, compte tenu de la situation actuelle, où l’urgence est quotidienne de devoir attendre l’écoulement incertain du temps avant de voir enfin adoptée des décisions si cruciales pour l’avenir de nos enfants.
Il convient dès lors de porter devant l’assemblée, devant le congrès si besoin, des Lois qui permettront de traduire dans les textes un besoin unanimement ressenti par nos concitoyens.
Notamment, devrait être présenté un projet de Loi visant à modifier la qualification juridique donnée au suspect décédé dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre afin que les opérateurs de cette opération puissent être autorisés à condamner le suspect au moment où ils l’exécutent.
Une telle initiative ne peut, compte tenu de son évident intérêt pratique, qu’être promue et je sais que nos gouvernants, qui ont à coeur d’employer de la meilleure façon les deniers publics, ne manqueront pas de s’y employer.
Elle aura également pour effet de mettre fin à une terrible incohérence de notre système pénal, qui veut que, nonobstant la certitude que le corps social a pu se faire de leur culpabilité, les gens demeurent innocents jusqu’à ce qu’on ait judiciairement démontré le contraire.
Comment, mais comment pouvons-nous tolérer que des gens qui ont assassiné d’autres gens, ce qui est nécessairement vrai, puisque tout le monde le dit, puissent encore être juridiquement considérés comme innocents?
Certes, heureusement, personne ne prend plus guère de précautions, puisque nous savons que le gouvernement ne peut pas nous mentir, ne nous ment jamais et ne nous a jamais menti et que, dès lors, s’il nous présente quelqu’un comme coupable, nous n’allons pas aller nous embarrasser de la présomption d’innocence, surtout s’il est déjà mort.
Les médias, dans leur grande sagesse, nous ont, sur ce point, montré la voie.
Cependant, il n’en reste pas moins que nous sommes encore tenus de respecter ce principe stupide qui veut qu’un homme désigné comme coupable puisse encore être, juridiquement, considéré comme innocent.
C’est scandaleux et il apparaît que le gouvernement devrait soutenir avec la dernière énergie un projet de loi qui consisterait, pour combler ce vide juridique flagrant, à instaurer une procédure allégée d’instruction, de jugement et d’exécution, laquelle serait confiée à tout agent de l’Etat chargé du maintien de l’ordre, et ne serait soumise qu’à à sa seule appréciation, sur justification de l’existence d’une vox populi favorable.
Car, enfin, qu’avons nous besoin d’un processus judiciaire pour déclarer les gens coupables?
Pourquoi aurions-nous besoin qu’un juge indépendant vienne confirmer les accusations portées par l’Etat et confirmées par la presse majoritaire?
Est-ce que le signe manifeste de défiance à l’égard de nos gouvernants et de leurs représentants que constitue le fait de questionner leurs actions devant un juge ne devrait d’ailleurs pas, en soi, être considéré comme une preuve de radicalisation et de dangerosité?
Quel bon citoyen, n’ayant rien à se reprocher, pourrait tenir rigueur à un agent de l’Etat d’économiser ses sous en assurant, de surcroit, de façon définitive, sa sécurité future?
Naîtrait alors le prototype du nouvel auxiliaire de justice.
Choisi indifféremment dans les rangs des douanes, de l’armée, de la gendarmerie ou de la police, il enquêterait, jugerait et exécuterait la sentence dans un même trait de temps, épargnant ainsi au citoyen le coût inutile d’une procédure.
La principale innovation du système serait de permettre de qualifier juridiquement de coupable toute personne désignée comme telle.
Celui qui, aujourd’hui, profite de son décès pour demeurer un éternel simple suspect, donc, un innocent, serait, demain, un coupable mort.
On pourrait enfin qualifier, sans arrière pensée juridique, tous ces pelés, ces galeux de coupables, d’assassins, de fanatiques, de monstres sanguinaires, toutes choses que nous ne faisons aujourd’hui qu’à notre corps défendant, sans que la Loi nous protège, en résistants que nous sommes.
La France, aujourd’hui, a encore peur d’accuser, de montrer du doigt de sa propre initiative, de détruire, sans y être autorisée, tous ses ennemis intérieurs.
Il faut la libérer de cette anxiété, de cette entrave, la laisser s’ébrouer sur le chemin de la dénonciation, de la vengeance et de l’exécution sommaire.
Il faut faire de la France ce pays où un gouvernement fort peut enfin bénéficier d’un soutien populaire juridiquement assuré.
Comme dirait Eric Zemmour, ce grand poète, la femme a besoin de se faire prendre sur l’évier de la cuisine. Elle en a besoin. Or la France est une femme. Prenons-là dans la cuisine.
Il faut juste éviter de laisser cramer le repas.

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