Dans ce conflit où se meurt l’idée de l’humanité, les premières victimes sont ceux qui ne peuvent ni ne veulent se défendre. Les travailleurs humanitaires y sont en effet massacrés dans des proportions jamais connues jusque-là.
Ce ne sont pourtant pas des guerriers, pas des soldats. Ils ne sont pas partis avec une arme, dans l’idée de venger, de faire couler plus de sang pour effacer le sang. Ils ne sont partis que pour aider, pour soulager, pour consoler, pour soigner, pour éduquer, pour informer, pour laisser une autre trace dans l’histoire que celle de la guerre, pour défaire, avec leurs pauvres moyens, ce que des milliards de bombes, de fusils et de barbelés font, jour après jour.
Ce ne sont pas des guerriers, pas des soldats. Ils sont les filles et les fils naïfs et déterminés que nous avons tous souhaité voir prendre en main la destinée de l’humanité, celles et ceux avec la lumière dans les yeux, ceux qui ne se résolvent pas à voir le Monde aller le train qu’il va aujourd’hui, ceux qui pensaient, ceux qui pensent peut-être encore, qui sait ce qu’il est advenu d’eux en ce moment précis, qu’il y a déjà eu trop de place faite à la guerre, à la voracité, à la haine, aux désirs de puissance.
Ce ne sont pas des guerriers, pas des soldats et ils ne meurent pas comme tels. Ils ne meurent pas les armes à la main. Ils ne meurent pas en combattant. Ils meurent les mains tendues vers le ciel qui les tue, les yeux pleins de larmes devant leurs frères qui les broient.
Ce ne sont pas des guerriers, pas des soldats. Ce sont des gens comme vous et moi, partis là-bas pour aider, pour soulager, pour consoler, pour soigner, pour éduquer, pour informer.
Ce ne sont pas des guerriers, pas des soldats, mais ils meurent pourtant, écrasés par les bombes, les missiles, déchirés par les drones, les fusils, les canons et toutes ces choses extrêmement intelligentes mises au service de l’action la plus primitive qui soit.
Ils meurent en martyrs, comme les derniers croyants en l’espoir d’un Monde régi par le Droit, par l’humanité, par l’ultime volonté de ne pas tuer des enfants dans des affaires d’adultes.
Ce ne sont pas des guerriers, pas des soldats.
C’est sans doute pour cela qu’ils meurent sans que ceux qui en ont les moyens interviennent pour les sauver.
Ce ne sont pas des guerriers, pas des soldats et, dès lors, ils ne font peur à personne.
Ce n’est sans doute pas un hasard s’ils tombent si près de là où le christ lui-même est tombé.
Lui non plus ne faisait pas assez peur pour qu’on l’épargne.
Mais on dit qu’il a ressuscité.