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Billet de blog 16 septembre 2016

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Nicolas Sarkozy : incohérences et entrechats

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce qu’il y a de magnifique avec Nicolas Sarkozy, c’est le sublime dédain qu’il manifeste à l’égard de la cohérence qui devrait animer son propos.

Je ne parle même pas de l’absence de cohérence que manifestent ses prises de positions successives sur les sujets les plus variés et qui le font affirmer, lors d’un meeting de janvier, l’inverse de ce qu’il avait asséné, avec la même conviction, à l’occasion d’une interview de décembre (ou vice-versa).

Non, j’évoque ce talent rare qui est le sien et qui lui permet, à moins de cinq minutes d’intervalle, d’adopter deux positions contradictoires sans qu’à aucun moment cela paraisse le gêner aux entournures.

L’émission politique du 15 septembre était, à cet égard, un modèle du genre. J’en parle évidemment de mémoire, car je n’ai pas en moi les ressources de mansuétude suffisantes à me permettre, sans briser le poste, de la visionner une seconde fois.

Je crois cependant me souvenir assez bien –déformation professionnelle – du début de l’émission, qui portait sur les mesures à prendre pour lutter contre le terrorisme.

En résumant, sans déformer, les propos du candidat à la primaire (puisque, à ce stade, il n’est encore que cela) il en ressortait que, pour lutter contre le terrorisme, il conviendrait d’autoriser la rétention administrative de toute personne à l’égard de laquelle les services de renseignement auraient des doutes.

Cette faculté d’emprisonner allègrement, sans procès, toute personne innocente et seulement suspectée était justifiée, sans sourcillement aucun, par le principe de précaution, ce même principe dont Monsieur Sarkozy soutient par ailleurs qu’il faudrait s’en débarrasser lorsqu’il est appliqué à l’industrie ou au commerce.

C’est déjà en soi une contradiction mais, comme elle fait partie intégrante du corpus idéologique d’un homme politique dont la particularité essentielle est de n’en avoir aucun, nous ne nous attarderons pas sur ce point.

Non, ce qui m’a en revanche frappé, c’est la facilité avec laquelle, après avoir fusillé, pour l’ensemble de la population, la présomption d’innocence et le droit de bénéficier d’un procès équitable avant d’être privé de sa liberté, il s’est, lorsque furent abordés les multiples casseroles judiciaires qui le concernaient, réservé ces droits, mais pour son seul usage et celui de ses amis.

Ce qui était magnifique, c’était la rapidité avec laquelle, comme une danseuse étoile de la rhétorique, il a pu changer de pied en un battement de cils.

Ce changement de pied fut d’ailleurs immédiatement suivi d’un autre, puisque, après avoir vigoureusement défendu le rôle essentiel du parquet dans la lutte contre la délinquance, appelant de ses vœux le renforcement de ses prérogatives, il s’est, le temps d’un clignement d’œil et d’un haussement d’épaules, insurgé contre la position de celui-ci dans le réquisitoire de l’affaire Bygmalion, se prévalant sans frémir de la position des juges d’instruction, ceux-là même dont, il n’y a pas si longtemps, il souhaitait la suppression.

Une chose est sûre : si la souplesse dans le raisonnement et la faculté immédiate d’oubli sont des qualités présidentielles, Nicolas Sarkozy mérite d’être président.

Si ce sont l’honnêteté et la rigueur qui sont nécessaires à occuper la fonction, c’est moins certain.

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