UNE CRISE SANITAIRE ET SOCIALE D’UNE EXTRÊME GRAVITÉ
Un minuscule être vivant met en évidence, avec une effrayante virulence, les faiblesses de notre système mondialisé et inégalitaire. Si la médecine ne découvre pas rapidement de traitement thérapeutique adapté, le Covid-19 va entraîner massivement des populations entières dans son cortège de souffrances, de misères et de morts. Même dans les scénarios les plus optimistes (atténuation de la viralité en saison chaude, découverte rapide d’une thérapie limitant ou évitant les décès, mise au point d’un vaccin abordable pour le plus grand nombre...), la crise économique, déjà extrêmement avancée, va entraîner fatalement, une montée brutale du chômage, et de la misère sociale.
Face à une telle situation inédite pour les générations actuelles, il y a urgence de réagir, collectivement, solidairement, intelligemment. C’est ce que refuse de faire, en France, notre gouvernement.
Il s’agit :
- de coordonner, la réflexion et les actions de tous les acteurs compétents
- de placer l’économie entière au service de la santé et de la solidarité
- de placer l’action collective contre le Covid-19 sous contrôle démocratique
UNE ÉCONOMIE DIRIGÉE
L’urgence et la gravité de la situation imposent une action coordonnée de l’État et des forces vives du pays : entreprises, salariés, citoyens. L’économie doit être dirigée démocratiquement, toute entière tournée vers les objectifs communs : résister à l’attaque du Covid 19, réduire son impact social, construire une économie solidaire et environnementale. Dire que l’économie doit être dirigée démocratiquement, ne veut pas dire que l’État doit posséder tous les outils de production ni que ceux-ci doivent renoncer à leur gouvernance indépendante. Cela veut simplement dire que l’État doit coordonner et orienter démocratiquement l’action des entreprises, et pour cela doit être en mesure de prendre, s’il le faut, des mesures coercitives comme des réquisitions ou des nationalisations.
L’action coordonnée pour résoudre la crise sanitaire et sociale en cours aura naturellement un coût. La lauréate 2019 du prix Nobel d’économie, Esther Duflo parle de cette question en ces termes : « Il n’y a absolument pas à s’inquiéter de la facture pour l’instant, c’est le dernier de nos soucis. (...) Dépenser [aujourd'hui] plus d’argent [sert] à la fois à lutter contre le virus (…) et [à minimiser] l’impact économique. Cela fait [à terme] économiser de l’argent". Faute de quoi, ajoute-t-elle, la crise risque de devenir "plus mortelle, et d’un point de vue strictement financier, plus grave. » (SudOuest.fr avec AFP).
L’effort financier doit être équitablement réparti et financé par un impôt progressif et même confiscatoire, au-delà d’une certaine tranche, pour les très grandes fortunes. Du point de vue de la régulation du marché, notre modèle doit être Roosevelt plutôt que Thatcher. La nationalisation des banques doit être à l’ordre du jour, pour contrôler démocratiquement, le financement de la sauvegarde et de la reprise des entreprises.
UN PROGRAMME D’URGENCE SANITAIRE
La priorité est de construire en urgence un outil hospitalier et médical, décentralisé, à même d’accueillir toute personne qui en a besoin en soin intensif, tout en assurant la couverture des soins autres que ceux liés au Covid-19.
C’est pourquoi, nous nous prononçons pour :
I / Un plan de financement d’urgence pour l’hôpital public, la recherche, et les Ehpad
- 10 milliards € immédiatement pour les hôpitaux publics.
- ce chiffre correspond aux 5 milliards demandés par les personnels soignants mobilisés avant la crise et le déblocage de fonds nécessaires pour surmonter la crise proprement dite.
- 5 milliards € immédiats pour la recherche publique
- ce chiffre correspond à ce que réclament les chercheurs mobilisés.
- 8 milliards € immédiatement pour les Ehpad
- ce chiffre correspond aux besoins qu’un rapport parlementaire de mars 2018 avait chiffré sur 4 ans.
II / Produire en urgence, et localement les équipements nécessaires à la santé publique
- Mobilisation ou réquisition des entreprises, en nombre suffisant, pour :
- produire masques anti-projections (de type « chirurgical ») et de protection respiratoire individuelle (de type FFP2)
- produire surblouses et autres équipements indispensables à l’exercice des métiers de soins.
- produire respirateurs et autres équipement techniques utiles à l’accueil, les soins et la réanimation de personnes malades.
- équiper l’ensemble de la population de masques antiprojection.
- produire massivement des tests PCR et sérologiques pour la détection des personnes contagieuses et immunisées au Covid-19
- produire, ou se tenir prêt à produire des médicaments et vaccins contre le Covid-19, en nombre suffisant, pour toute la population
- Ouverture en urgence d’autant de lits d’hôpital que nécessaire pour accueillir tous les patients qui en ont besoin
:
- réquisition des cliniques privées
- réouverture des hôpitaux fermés
- construction ou aménagement de nouveaux hôpitaux
- Nationalisation des Ehpad pour ne pas laisser la fin de vie de nos anciens devenir une variable d’ajustement
III / L'embauche immédiate de personnel pour les services de santé en nombre suffisant :
- personnel médical
- personnel paramédical
- personnel de services généraux
- formation en urgence de personnel paramédical
IV / Protéger la population, ralentir la propagation du Covid-19
- fourniture gratuite de masques à toute la population et obligation de les porter dans tout lieu confiné public ou quand les distances barrières ne sont pas possibles
- garantir la gratuité des soins anti Covid-19 distinguer, en accord avec les organisations syndicales et les CHSCT, les entreprises qui relèvent d’activités essentielles ou non. Seules les premières sont tenues de continuer leur activité en période de confinement obligatoire.
- respect obligatoire des gestes barrières et des distances de sécurité en entreprise (en cas de dérogation, les travailleurs doivent bénéficier automatiquement de primes de risque)
- équipement obligatoire en masques de protection respiratoire individuelle (de type FFP2) des travailleurs dont les conditions de travail ne permettent pas les gestes de sécurité.
- régularisation des sans-papiers pour leur permettre de se soigner et du même coup ralentir la propagation du virus
- fermeture des centres de rétention et libération de leurs occupants
- libération des prisonniers purgeant de courtes peines
V / Réduire les restrictions des libertés publiques au strict minimum sanitaire
- sensibilisation et information de la population
- tests massifs de la population
- restreindre le confinement, dès que possible aux personnes fragiles ou malades
- réouverture des parcs et jardins publics
- autorisation des sports permettant de respecter les gestes barrières
- suppression du système d’attestations de sortie
UN PROGRAMME D’URGENCE SOCIALE
La population subit le confinement, la mise au chômage partiel ou total, l’impossibilité de travailler. Il est indispensable d’empêcher toute une partie de la population de tomber dans la misère. D’abord pour des raisons humanistes, ensuite pour des raisons sanitaires, la misère entraînant fatalement le développement des maladies, enfin pour des raisons économiques : c’est la consommation qui fait tourner les entreprises, pas le contraire.
C’est pourquoi nous nous prononçons pour les mesures rétroactives d’urgence suivantes :
- abrogation immédiate des ordonnances non conformes au droit du travail
- indexation immédiate des salaires et des pensions sur les prix
- augmentation des salaires immédiate de 300 €
- contrôle des prix des denrées et produits de première nécessité
- rendre gratuits les produits d’extrême nécessité (papiers et serviette hygiénique, savon, préservatifs…)
- distribution gratuite et immédiate de repas pour les plus démunis
- ouverture de centre d'accueil pour tous les sans-abris
- suspension des loyers et du paiement des échéances logement pour les plus démunis
- geler le remboursement des prêts pour les plus démunis
- suspension des loyers pour les étudiants
- suspension des coupures d'électricité, de gaz et d'eau
- interdiction des expulsions de logements
- interdiction des licenciements
- garantir les salaires de tous ceux qui ne peuvent pas travailler, y compris les précaires, les stagiaires, les intérimaires, les autoentrepreneurs, les pigistes et les intermittents du spectacle.
- maintien des indemnités chômage pour la durée du confinement
- abolir la loi chômage mise en oeuvre le 1er novembre dernier
- garantir les revenus professionnels jusqu’à hauteur de 2,5 fois le SMIC (y compris pour les indépendants : petits commerçants, artisans, autoentrepreneurs, ubérisés...).
- reconnaître le statut d’accidenté du travail de ceux qui contractent le Covid-19 lors de leur activité professionnelle
- ouverture immédiate de centres d'accueil pour femmes et enfants battus
DÉMOCRATIE !
Tant que le virus menacera, si les conditions de confinement ne changent pas, l’exercice démocratique, sous les formes qu’il prenait avant la crise sanitaire, ne sera pas possible, pour la simple raison qu’il n’est pas possible d’organiser d’élections et de consultations physiques.
La démocratie est pourtant l’élément déterminant de la réussite de ce plan d’urgence.
C'est également une poussée démocratique qui transformera notre société inégalitaire en une société solidaire, des femmes et des hommes entre eux, et des femmes et des hommes avec leur environnement.
Pour être vivante la démocratie, doit commencer à s’exercer à une échelle humaine. C'est aussi le message que nous adresse la nature durant cette crise. Le gros des échanges commerciaux doit être limité géographiquement pour être contrôlé démocratiquement.
C'est pourquoi il est urgent de :
- abolir toutes les mesures d’exception politiques et sociales prises par le gouvernement et rétablir le parlement dans ses droits
- toute mesure sanitaire de privation de liberté doit être décidée et acceptée démocratiquement pour être efficace
- rendre publics le débat médical, et le partage d'expérience thérapeutique
- associer au débat thérapeutique l'ensemble du personnel soignant (médecins, infirmières, aide-soignants)
- garantir la liberté de prescription des médecins
- placer l'approvisionnement en denrées, en produit de première nécessité et en matériel de protection médicale sous responsabilité locale, en lien avec l'État
municipalités- agglomérations
- départements
- régions
- placer l'organisation des marchés sous responsabilité des municipalités et des associations de paysans, de commerçants et de consommateurs
- rouvrir immédiatement les petits commerces dans le respect des gestes barrières