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Autonomie et dépendance sont-elles des notions qui s’opposent ?
Le collège des enseignants en gériatrie nous explique que ce sont des notions qui au contraire se complètent.
L’autonomie se réfère au libre choix de la personne. La dépendance est définie par le besoin d’aide humaine. Ce n’est pas si facile à définir car de multiples facteurs sont imbriqués.
Les facteurs de dépendance, retenus, sont médicaux, psychiques, psychologiques, environnementaux, sociaux, mais on peut rajouter à cette liste, des facteurs juridiques. Tout dépend d’une évaluation qui doit être excellente, refaite si des éléments nouveaux sont constatés, et intégrée au sein du plan personnalisé de santé. Cela repose notamment sur la synergie de tous les acteurs médicaux et paramédicaux, en charge de la personne, mais pas seulement, puisqu’un grand pan de la vulnérabilité est constitué par l’impossibilité de faire face aux enjeux juridiques. A l’équipe en blouse blanche ou non, il faut ajouter soit un avocat, soit un notaire, ou les deux, à condition que ces professionnels du droit soient formés et impliqués dans la protection des personnes âgées. Dans la pratique, nos aînés sont bien délaissés sur le plan de l'accompagnement juridique.
L’autonomie est la capacité à se gouverner soi-même. Elle présuppose la capacité de jugement, de prévoir, de choisir, de sélectionner, d’agir, accepter, refuser, dans le respect des règles et conventions.
La dépendance est l’impossibilité partielle ou totale pour une personne, d’effectuer, sans aide humaine, les activités de la vie quotidienne. Ces activités sont physiques, psychiques, sociales, voire professionnelles.
Ceci étant, le collège des enseignants en gériatrie conseille de plutôt choisir l’appellation de perte d’indépendance fonctionnelle.
Une des conclusions, est que l’autonomie ne peut être réduite à l’absence de dépendance.
Pour toute personne âgée, capacités cognitives altérées ou non, les soins prodigués doivent lui être expliqués. Sa volonté ou ses choix doivent l’emporter sur ceux de ses proches. Le respect de son autonomie impose aussi une négociation centrée sur ses souhaits.
Les informations à chercher dans l’observation du patient pour mettre en évidence une perte d’indépendance fonctionnelle, pouvant être difficile à objectiver, comprennent des signes directs et indirects.
Les signes directs sont des difficultés à la marche, une impossibilité de sortir de l’habitation, du fauteuil, du lit, de prendre les transports en commun. Mais il y a aussi l’impossibilité de gérer ses comptes et de régler les factures courantes. Les signes indirects sont les signalements de l’entourage, la famille, les aides à domicile, les voisins, les gardiens, les collègues. Il faut dater cette nécessité d’aide pour retranscrire l’évolution. Il faut objectiver une incapacité à se gouverner soi-même.
Il y a des outils d’évaluation.
Les échelles ADL de Katz (Activities of Daily Living, activités de la vie quotidienne, AVQ) et IADL de Lawton (Instrumental Activities of Daily Living, activités instrumentales de la vie quotidienne, AIVQ), sont validées, utilisées en pratique clinique et représentent les outils de référence.
http://www.sgca.fr/outils/adl.pdf
http://medicalcul.free.fr/iadllawton.html
La grille AGGIR (autonomie, gérontologie groupes iso ressources) n’est pas utilisée en pratique clinique mais est utilisée à des fins administratives, notamment pour la confection du dossier APA ou l’évaluation de la dépendance au sein d’un EHPAD ou d’une unité hospitalière de soins de longue durée.
Une autre forme de dépendance, cette fois, peu connue du grand public, est la dépendance iatrogène.
La dépendance liée à l'hospitalisation est la perte fonctionnelle aux activités de base de la vie quotidienne entre l'entrée et la sortie d'hospitalisation. Elle intègre la pathologie ayant justifié l’hospitalisation, l’état de base du patient à l’entrée dont son état fonctionnel, cognitif, thymique, nutritionnel, fragilité, sédentarité, comorbidités et traitements. A cela s’ajoutent les processus de soins et l’environnement hospitalier qui ne répondent pas spécifiquement aux besoins de la personne âgée.
Les six principales causes de la dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation sont précisées par la HAS. La notion de dépendance iatrogène est importante car elle permet de comprendre que l’hospitalisation peut être délétère, pour certains patients âgés vulnérables.
L’incidence de la dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation est de 10 %. La part évitable de la dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation est de 80 %.
A suivre.