Lou Reed est mort le week-end dernier à l'âge de 71 ans. Pour un homme qui a chanté en 1967 "Heroin, it's my wife, and it's my life", on peut considérer ça comme un exploit d'avoir atteint cet âge respectable en 2013. Pourtant, même si je ne suis pas un fan absolu, sa disparition m'a plongé dans un certain trouble car ma vie personnelle et familiale a rencontré celle de cet immense artiste lors de croisements … bizarres …
J'ai vraiment découvert Lou Reed par l'album Magic and Loss grâce à un article de Télérama. Au même moment, je venais de perdre un oncle et un grand-père, tous deux emportés par un cancer généralisé. Et Mr Reed parlait de son album de mort lente, de souffrance, de deuil, de perte, de vieillissement, d'héritage familiale. Exactement ce que j'étais en train de traverser. Ces morceaux m'ont marqué à jamais au point où je connais encore par cœur certaines paroles. Je me suis même mis à la basse (entre autre) pour avoir le même son que celle de Rob Wasserman qui jouait sur cet album, et j'espère y être arrivé aujourd'hui.
Quelques années plus tard, j'ai rencontré une femme qui était fan comme moi du bonhomme. Elle m'a fait découvrir le Velvet. Je me souviens exactement du moment où j'ai entendu pour la première fois Heroin (dans mon souvenir, je tremblais de la tête au pieds) ou encore The Gift dans sa chambre. Nous sommes aussi allé le voire sur scène à Grenoble. Un excellent souvenir de concert, car d'excellente qualité et partagé avec un femme que j'aimais. Le bassiste était cette fois Fernando Saunders et j'ai acquis la certitude que je jouerais de la basse fretless dans un groupe de rock !
Après la vie a suivi son cours, j'ai écouté et découvert plein d'autres choses, d'autres gens et je croisait Lou Reed de temps en temps avec quelques souvenirs marquant comme une interview où il se foutait ouvertement de la gueule de Nagui au cours d'un Taratata mémorable ou sa participation au film Brooklin Boogie.
Et puis il mourut, des suites d'une greffe de foie. Exactement l'opération qu'a subit mon père il y a cinq ans maintenant. Sauf que mon père est encore de ce monde, et plutôt en bonne santé. Encore un croisement bizarre, qui me troubla définitivement. Aujourd'hui, j'ai joué, et je joue encore du rock avec ma basse fretless. J'ai perdu de vue la femme qui m'avait fait découvrir le Velvet (et bien d'autres choses) suite à toute une série d'évènements aussi ridicules que tristes, à peine dignes d'une chanson sarcastique de Mr Reed.
Et après tout ce temps, chaque fois que je pense à lui, les vers suivants me viennent en tête :
There's a bit of magic in everything
and then some loss to even things out.