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Billet de blog 6 avril 2010

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« TIRE LA CHEVILLETTE ET LA BOBINETTE CHERRA! »

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette formule, quasi magique, nous renvoie à ce temps où, malgré la menace de l'intrusion du loup, aucune descendance ne concevait de sous-estimer ses aïeux et bravait tous les dangers pour servir l'amour de la filiation. Mère-Grand ne vivait pas plus avec ses enfants mais son pouvoir de rester maîtresse de son logis donnait toujours du sens à sa vie. Elle pouvait par cette clef sémantique ouvrir son intimité et la risquer. Si dans cette triste histoire le loup les mangea toutes deux (sa petite fille et elle, avec pour déclinaison leur éventuelle résurrection) aujourd'hui, sans forêt ni recours à des stratagèmes complexes on peut dire que l'appétit du vorace s'est étonnamment renforcé

Et voilà le « nouveau loup » toujours aux abois avec d'énormes projets :

La dé-liaison sociale, l'accentuation des rythmes du labeur, les coupures voire les affaissements des solidarités entre voisins, entre générations, firent que les mères et pères-grands ne purent quasiment plus séjourner chez eux correctement. L'engouement pour les conduire dans d'immenses temples coupés du monde saisit des générations « d'hyperactifs-cybernétisés » devenus incapables de baliser et de partager, dans la joie, l'ultime chemin de leurs aînés. Convenons-en c'est le cœur soulevé qu'ils rendent encore visite à leurs anciens et, une fois la porte refermée sur l'oubli quotidien, ressentent cette coupure comme une blessure qu'ils se font à eux-mêmes d'avoir laissé faire les loups. Car si l'état de santé de quelques aînés dépendants relèvent -peut-être- des maisons de retraite, quel est l'individu normalement constitué qui peut se réjouir de devoir « quitter le monde » avant le vrai départ?

Les loups qui se passionnèrent,dans l'économie capitaliste,pour les seules récoltes financières comprirent qu'il y avait, là aussi, de quoi grossir leurs fortunes en regroupant les services aux personnes âgées, en créant peu d'emplois et en réclamant une forte participation au fonctionnement de ces apartheids générationnels. Quelques fonds de pension et autres produits financiers firent « haro sur le baudet » et le filon continua de se faire passer pour un incontournable fait de société, indispensable et souhaitable ... L'expérience de ceux qui l'ont vécu de près (ou de loin) nous a renseigné qu'il n'en est rien et que c'est par défaut d'alternatives que ces temples commerciaux ont continué de sévir pour le malheur de notre dignité humaine. Quand le proverbe africain nous renseigne que « lorsque un vieux s'éteint c'est une bibliothèque qui disparaît » la vieillesse de nos pays, dits modernes, se cache, s'exile, s'entasse et se fait « honte nationale ». Pour que son improductivité relative n'irrite ni ne freine la course au profit du CAC 40, les maisons de retraite sont venus satisfaire les enjeux de ces joueurs particuliers de poker-menteur et enlaidir nos vies.

Il est plus que temps de déclarer que ces solutions n'en sont pas du coté des intérêts des citoyens, de nos besoins fondamentaux de liens, d'échanges concrets, affectifs, culturels, artistiques, poétiques, en un mot humains. La prise de conscience avance, des idées naissent de ci de là, des expériences voient le jour qui remettent au cœur des préoccupations la question du bonheur, celle des solidarités. Ainsi je découvrais il y a peu, lors d'une émission de radio, France-Inter pour ne pas la nommer, cette géniale idée active de la colocation entre personnes adultes voire entre « séniors » comme ils disent. Le but : créer une sorte de tissu solidaire afin de ne pas appréhender l'âge qui vient dans la solitude extrême ou le déracinement; préparer à poursuivre, quand on le peut encore, une vie possible chez soi, entourée d'autres concernés par les mêmes questions, celle entre-autres de résister à l'exclusion du monde que propose les mentalités ambiantes, de se rendre utile et donc de rester en lien avec la société. Bien entendu l'accent est mis sur l'idée de cooptation entre colocataires; on ne peut se lancer dans un tel projet sans une réelle détermination alliée à une conscience aigüe des changements que cela entraine.


L'association COCON http://www.cocon3s.fr/ s'est faite entendre dans « interception » la très intéressante émission de Lionel Thompson et Pascal Dervieux , le dimanche matin 7 février 2010: ttp://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/interception/index.php?id=87952 ( vous pourrez réécouter cette émission en téléchargeant le logiciel real-player ou mieux encore real-alternative avec média- player-classique.) au passage, profitez aussi pour découvrir cette autre solidarité que sont les AMAP (association pour le maintien de l'agriculture paysanne)et qui ont été abordées le 28 février, dans cette même émission.

Sur le site de F.Inter vous trouverez des liens sur d'autres associations qui rivalisent d'ingéniosités pour ré-humaniser les projets de vie concernant les aînés. je cite un extrait du propos : « A l’heure de la retraite, ces femmes et ces hommes encore en parfaite santé se retrouvent de plus en plus souvent seuls. Par choix, parce qu’ils ont divorcé ou qu’ils sont veufs, parce que leurs enfants habitent loin....... la maison de retraite, un peu trop synonyme de fin de vie, n’est pas une solution adaptée. »

Ces personnes nous parlent de fraternité et, en un temps où le pragmatisme matérialiste a pris le haut du pavé, il est encourageant de croiser ces volontés. On ne sera pas étonnés de s'apercevoir que http://www.lamaisondesbabayagas.fr/ est partenaire de l'initiative ainsi qu'attac, les SELS…etc

Il y va de l'imagination de chacun d'entre-nous pour que nous sortions des dédales maussades et désespérés de ces camps d'isolement générationnels auxquels les politiques publiques nous ont condamnés jusqu'ici. Les conséquences en termes de privation, tant sur le plan des transmissions entre les générations que sur celuides échanges affectifs, devraient nous inciter à réfléchir et à construire pourquoi pas aussi chez nous ce type d'alternative à l'enfermement de la vieillesse. Les mots se sont maquillés de fard pour essayer de nous convaincre qu'il y avait un besoin urgent de maison de retraite mais pour qui et pour quoi? N'avons-nous pas intérêt aujourd'hui même de commencer à regrouper nos inventivités, nos propositions pour penser notre avenir commun? En prenant en compte la configuration géographique, urbanistique et relationnelle de chacune de nos cités. Dans le village où je vis : quelques petits îlots de 4 à 8 logements conçus pour séniors à échelle humaine non-concentrationnaires ne pourraient-ils pas voir le jour, essaimés dans la ville et sous-tendus par les valeurs républicaines ? de -je cite COCON- :

« - Liberté :Chacun éprouve le besoin de rester libre, sans entrave imposée autre que celle qu’il choisit, vis-à-vis du groupe de vie comme de sa famille.

- Egalité : Chacun doit se sentir à sa place, important et reconnu dans le groupe de vie, quelle que soit sa situation économique et son état de santé.

- Fraternité : L’accueil à l’autre, le respect de l’autre, le soutien, le partage des idées, des projets, des joies, comme celui des peines, des problèmes ou des tâches. »

Nous ne sommes qu'au début d'une bien nécessaire réappropriation des problèmes concernant « les administrés », celui-ci en est un. Pour que chaque citoyen concerné, aujourd'hui mais aussi demain, ne soit pas en reste par rapport à la vague porteuse qui commence à enfler, et pour que les projets soient au plus près de nos désirs, suscitons des débats démocratiques et l'amorce de solutions à l'échelle de chaque commune. Le premier personnage de chaque mairie et son conseil doivent être à l'écoute de ce que vous aurez mûrement imaginé... Louise Fessard, dans son article du jour sur les futures co-locs à lyon, m'a donné des ailes pour que je vous invite à vous mobiliser.

Violette M_C

Les livres cités par la rédaction d'interception :

Marthe Marandola et Geneviève Lefebvre : Cohabiter pour vivre mieux

Un ouvrage sur le cohabitat ou cohousing, qui permet d'habiter chacun chez soi mais de gérer ensemble des espaces communs (jardins, salles de jeux, chambres d'amis...). Que l'on soit jeune parent, célibataire ou retraité, ce mode de vie offre une solution pour échapper à la surcharge de travail, à l'endettement ou à l'isolement. Ce guide explique le concept et donne des conseils pratiques. éditeur : Lattès; parution : 14 octobre 2009

Frédéric de Bourguet et Vincent Guilloux : La colocation : mode d'emploi pratique et juridique

Guide pratique et juridique destiné aux colocataires, aux sous-locataires et aux propriétaires : étapes à suivre pour trouver une colocation et des colocataires, cadre administratif et juridique, organisation pratique et financière au quotidien...

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