Quoi de neuf … ?
Au 10 Avril 2020 nous sommes officiellement confinés depuis le 17 mars. Nous entrons donc dans notre 4è semaine de vie de Geek ! Et il semble que nous ne soyons pas près d’en sortir ! C’est hallucinant. Je n’aurais jamais pensé que nos pays soient vulnérables à ce point. L’Europe je veux dire. Ces puissances économiques terrassées par un truc microscopique. Si ce n’était dramatique ce serait drôle.
Ce que nous ressentons, ce que nous vivons, ce à quoi nous rêvons, ce que nous pouvons espérer occupent tout l’espace. On peut lire tout sur tout. Et pour le moment c’est assez, comment dire, désespérant ?
Ceci dit j’admire les journalistes qui ont toujours un truc à raconter. Bon ok quelquefois certains feraient mieux de faire autre chose. Mais quand même : ils ont toujours un sujet de derrière les fagots. En ce 25è jour de confinement, les titres du Monde par exemple : Coronavirus : en Italie, l’épidémie donne des signes de ralentissement, Coronavirus : pourquoi les établissements de soins privés sont restés en deuxième ligne, Journal de crise des blouses blanches, Coronavirus : immunité, traitement, tests, incubation, les réponses aux questions que vous nous avez posées, Confinement : comment réparer les objets cassés si vous n’y connaissez rien. Bref tout ceci pour dire que pour ma part je n’ai pas autant d’idées. Et de toute façon si je me mets à vous expliquer comment réparer un objet cassé, heuh, comment dire, ça ne vous aiderait pas forcément …
Autre sujet qui aurait pu nous réjouir en ces temps suspendus : la pollution. Fin mars 2020, plus de deux milliards d’êtres humains sont confinés. Je me disais que puisque Venise voyait son eau s’éclaircir faute d’activité humaine, que des rorquals se sont baladés dans les Calanques, au moins la planète pourrait respirer le temps du confinement. Qu’elle reprendrait du poil de la bête ! Et bien pas du tout. J’ai lu dans Futura Sciences du 24 mars : «Les émissions ont toujours tendance à rebondir après une crise. » Ces mots sont ceux de François Gemenne, directeur du The Hugo Observatory et spécialiste en géopolitique de l'environnement, chercheur en science politique à l'université de Liège (Cedem) et à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (Cearc), et chercheur associé au Ceri au Médialab de Sciences Po. En Chine, le confinement prend fin et on constate déjà que les émissions reviennent de plus belle. Dès lors, François Gemenne nous rappelle que « le climat a besoin d'une baisse soutenue et régulière des émissions de gaz à effet de serre, pas d'une année blanche ». (Julien Hernandez – Rédacteur scientifique).
Autrement dit la planète respire … mais pas pour longtemps. Ce fut donc une bonne nouvelle … mais de courte durée. De ce côté-là donc pas de rêve insensé.
Quant au reste, alors là rien ne fait illusion. Les chacals de tous poils ne nous déçoivent pas : ils nous promettent la pire récession depuis l’après-guerre. Pour le moment nous avons peur, mais après nous n’aurons plus le temps d’avoir peur parce que Google, BlackRock et leurs potes sont en train de nous concocter une économie digne du temps de l’esclavage. Le Medef et consorts sont en train de nous distiller l’idée qu’il faudra renoncer aux congés payés, aux jours fériés. Ouvrez les guillemets « L'important, c'est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d'effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020. » (Geoffroy Roux de Bézieux – Patron du Medef le 11 avril 2020). En dehors du fait que l’on peut éventuellement ricaner du nom à coucher dehors du Monsieur en question, ce qu’il prône nous fait largement moins rire ! Evidemment la question d’embaucher en masse ne semble pas se poser et d’un. Et de deux, Ducon, ça sert à quoi de produire de la richesse en masse si des gens dorment toujours dans la rue ? Je vais vous dire : le Medef et tous les financiers me font drôlement peur. Peut-être plus que le virus. En tout état de cause le Covid-19 représente -me semble-t-il - une sacrée belle opportunité pour les financiers. Sans aller jusqu’à avancer que tout fut programmé, je me dis juste que le Coronavirus est arrivé à point nommé. Et qu’il n’a pas fini de nous gâcher l’existence ! Mieux que les LBD, le virus. Et nous on fait moins les malins là … Très sérieusement je pense qu’il faudra prendre les armes. Mais je ne me sens pas très prête à aller castagner dans la rue … ou à tout faire exploser ! Alors quelle attitude avoir après ? Aurais-je le courage de m’engager dans une vraie révolte ?
Sinon au quotidien c’est quoi le confinement : on reste chez soi, on ne sort pas ou très peu, on bouffe pleins de trucs qui nous font du bien et on cogite, ou on s’occupe ou les deux. On lit, on regarde des trucs, des films, des documentaires, des vidéos – pas forcément à la con d’ailleurs. Il y a quand même des internautes très très inventifs. Pour ma part, si ce n’était l’état de catastrophe planétaire, ça me va assez bien ! Je dois être née confinée je pense. Bref je ne m’ennuie pas, je prends le temps de faire ce qu’il y a à faire, et je profite du temps qui m’est donné. Mais il y a toujours un arrière fonds qui m’angoisse. De temps en temps, j’arrive même à oublier cette situation surréaliste. Je me dis que l’on va se réveiller … Et puis non. Le décompte des décès ne s’arrête pas. Et on est toujours confiné.
Au début j’ai vraiment pris ça à la légère. Et puis plus ça va moins je relativise. Les masques ? Je me disais bon ok c’est pas vraiment utile quand même. Aujourd’hui je suis allée en récupérer chez ma couturière. A chaque geste, on se demande si on n’est pas en train d’ouvrir une autoroute au virus. Je me lave les mains vingt cinq fois par jour, je passe tout à l’eau de javel, je réfléchis à l’endroit où je pourrais poser tel ou tel objet pour limiter la contamination au cas où la bestiole serait dessus. Bref ça devient très très sportif ! Et on peut vite devenir dingo ! Et j’ai tellement intégré le virus que j’en ai rêvé. Et ça c’est comme une langue étrangère : quand tu commences à rêver dans une langue étrangère, c’est que tu intègres ce qui au départ t’était étranger. Pour le virus je pense que c’est pareil : t’en rêves et ça y est, tu vis avec ! Franchement si on pouvait trouver celui ou celle qui le tout premier ou la toute première, nous a empoisonné la vie à ce point, je pense qu’il ou elle passerait un très très mauvais moment !!!
A mon sens, la présence de cette chose microscopique a au moins le mérite de révéler que nos mondes n’ont pas fait les bons choix politiques, économiques. Bien évidemment cela n’engage que moi. Ces sociétés ultra libérales qui ont piétiné l’humain depuis des décennies font maintenant l’apologie du partage, de l’entraide, de la solidarité, de la compassion. Evidemment ce sont des postures, des mots creux. N’empêche : si nous sortons du contexte certaines déclarations faites actuellement, nous pourrions croire à l’appel d’un Martin Luther King bis qui nous proposerait un nouveau modèle de société. Bien évidemment nous ne sommes pas dupes mais ça laisse rêveur.
Autre chose : je n’applaudis plus le personnel médical à 20h à ma fenêtre. D’abord parce que dans le quartier, je suis toute seule et que du coup je me sens un peu … seule justement. En plus, je me dis que c’est un peu s’acheter une bonne conscience à bas prix. Par contre à la première manif des infirmières, j’y serai ! Et j’ose croire que ce sera plus efficace. Et je me prends à rêver que tous ceux qui applaudissent, seront aussi dans la rue. Ça c’est moins sûr.