“Le sport ne sera pas prioritaire dans VOTRE société”
Je me penche à la fenêtre pour voir tous les jours les gens en train de faire leur jogging, seuls. C’est bien mais un peu triste. Nous ne sommes pas fait pour être seuls. Nos enfants courent, sautent, crient puis un jour on les assoit dans une salle de classe de 8H du matin à 16H30. Nous sommes des êtres sociaux avec le besoin vital de se voir, de se parler, de se toucher mais aussi de se dépenser, de se dépasser. Notre cerveau réclame de la sérotonine un peu de dopamine et beaucoup d’empathie. Nous avons le droit au sport.
“Le sport ne sera pas prioritaire dans VOTRE société”
Non n’allons pas vous laisser décider pour nous, contre nous. Mais au moins cette déclaration a le mérite d’être claire. Pas d’erreur de com ni de phrase sortie de son contexte, pourtant l’arrogance venant d’une ancienne championne qui a construit sa vie et sa réussite autour de la natation, un sport fédérateur est inquiétante.
De quel sport on parle, nous? Du sport loisir, celui du Dimanche, des petits clubs, des associations, qu’on fait pendant notre temps libre, celui qui crée du lien social, du vivre ensemble mais éloigne de la société de consommation.
“Ce sport ne sera pas prioritaire dans NOTRE société”
Ce sport là n’est pas le sport business, celui des droits télé et du fric utile pour nous abrutir. Celui qui ne se joue pas, qui ne se vit plus mais qui se regarde assis dans son canapé une pizza commandée sur Deliveroo et sa tablette connectée sur les genoux. Celui des abonnements, qu’on paye cher à la demande ou qu’on revoit en replay. Ce sport qui n’a même plus besoin ni de public ni de supporters. Ce sport, c’est celui qui se retransmet à travers la planète, qui vend des droits télé et des maillots. Celui qui enrichit une poignée d’individus… toujours les mêmes.
Ce sport mondialisé se consomme et se délocalise de nos jours (la NBA a joué cette année en Europe et le Liga s’est jouée aux US). Ce sport dont vous parlez vitrine de l’ultra-libéralisme (croissance, marchés, concurrence, évasion fiscale, corruption) la société peut s’en passer car lui peut s’effondrer un jour avec le reste et lorsqu’il s’écroulera on continuera de courir, sauter, plonger partout ou ce sera possible.
“Le sport sera prioritaire dans NOTRE société”
Notre sport se joue vraiment, dans des vrais stades, des vrais gymnases, des vraies piscines et la société s’en sert comme d’une respiration, pour s’émanciper, s’épanouir, se libérer. Nous ne sommes pas sédentaires nous avons besoin de courir sauter, bouger. Il en va de notre survie physique et mentale. Nous vivons un moment difficile, inhumain pour certains. Lors des catastrophes (tremblement de terre, guerre…pandémie) le jeu, le sport sont une des choses que l’on remet en route en priorité. Une ville, un village, c’est une église, un café et le stade. Plus que jamais le monde de demain, le notre, aura besoin de pistes cyclables, de terrain de jeu, du stade, lieux de vie, lieu de drague…
"Le sport sera prioritaire dans NOTRE société”
Michel Serres disait que faire la passe c’est se lier se relier c’est faire société.
Ce qui est essentiel pour le monde de demain, c’est de sortir de nos addictions ( à la consommation, au pétrole, aux anti-dépresseurs, aux écrans), il faut réfléchir à ce qui va nous permettre de construire cette société courageuse, généreuse et solidaire.
La natation pour l’un, le basket pour l’autre, et, pour moi, jouer au football juste pour être avec mes potes. Il m’a permis de traverser la rue et quitter le quartier de gagner de perdre, de pleurer et de rire. Il m’a permis d’être heureux.
VIKASH DHORASOO Footballeur