parti pris (n.m.)
fanatisme, intolérance, obstination, œillères, partialité, passion, préjugé, prévention, volonté
Je relis avec beaucoup d’attention l’article de Laurent Mauduit sur les derniers rebondissements de l’affaire dite à Madagascar de la BNI. Comme dans tout bon feuilleton passionnant, celui de cet Été austral amène régulièrement son lot de surprise et de révélation. Ce même jour Serge Zafimahova reprenait dans une interview des informations parues dans la presse locale la veille sur une action possible des petits porteurs, sans pour autant nous apporter d’éléments nouveaux et sans commenter sa mise en accusation dans un autre journal sur son statut de « squatter » et son statut d’expulsé … limite SDF. Peux être est-ce en prévision de son expulsion prononcée par la justice qu’il cherche depuis longtemps à aménager à la Primature, sans succès à ce jour. Rien de nouveau de ce coté-là. Donc le coté local malgache et le coté Blog Mediapart stagnaient depuis les articles de Dimanche et Lundi. Enfin Laurent Mauduit, fin limier en charge du dossier à la rédaction de Mediapart nous gratifiait de sa réaction aux derniers évènements de la semaine dernière. Le temps de la réflexion et de l’enquête probablement. Et la, surprise ! non seulement le papier de Laurent ne m’apportait aucun élément nouveau puisque reprenant les Communiqués vieillissants de la Primature dans une lecture qui pouvait surprendre par son interprétation, article étonnamment à contre-courant d’un contexte déjà compliqué et qui faisait fi du dernier communiqué conjoint de l’ensemble des autorités administratives malgaches.
Laurent interpelle à la volée, Xavier Musca et son silence coupable, Laurent Fabius et Moscovici et leur inaction suspecte (on ne peut quand même pas les accuser de complicité avec Xavier Musca !) Les hasards de la mise en page de Mediapart laissait filer un article d’Edwy Plenel sur l’attitude coupable de Bercy voulant taxer les journaux en ligne à un taux de TVA de 20% et non à taux réduit, Moscovici perdait alors de sa superbe et n’apparaissait plus comme le sauveur décrit par Mauduit. Pire un autre article suivait dans la même page et nous interpellait sur la protection que Hollande accordait à un Moscovici finissant, un ministre décrié et vilipendé de toute part pour son incompétence. Il n’y avait alors que Mauduit pour sauver le soldat Moscovici en lui prêtant une capacité d’intervention dans un dossier ou personne ne comprend pourquoi on veut faire intervenir l’Etat français, pris en la personne de ces plus haut fonctionnaire, dans un dossier de vente d’un bloc d’actions d’une filiale à Madagascar dans un logique de désengagement et de nettoyage que justement les Pouvoirs Publics et Bercy appellent de leurs vœux depuis la crise grecque. Ma surprise ne s’arrêtait donc pas là ; puisque Laurent Mauduit après avoir dans un excellent ouvrage d’investigation décrit le système Tapie comme une collusion malsaine du politique et de l’économique retrouve des élans mitterrandiens de 81 pour réclamer le bon vieux retour de l’ingérence politique dans la sphère privée, qui plus est, africaine pour y retrouver des relents de colonialisme qu’il tente de critiquer dans la même phrase tout en mentionnant et là on atteint le comble du paradoxal « Il aurait suffi d’un mot du ministre français des finances, Pierre Moscovici, ou de celui des affaires étrangères, Laurent Fabius, (…) pour que la banque française rentre dans le rangs » Ouha ouh … Foccart revient …. !!!
J’avoue Laurent y perdre mon malgache ou presque … puisqu’effectivement à votre décharge je m’aperçois que votre article est classé, volontairement je pense, dans une rubrique intitulé « Parti pris » … mon dictionnaire ne fait qu’un tour … parti pris (n.m.) : fanatisme, intolérance, obstination, œillères, partialité, passion, préjugé …
On est donc bien loin du journalisme d’investigation, c’était donc bien du parti pris … Azafady comme on dit dans mon pays. A moins, mais je n’en vois aucune trace que notre journaliste, fervent supporter de la démarche initié par le Premier Ministre pour éclairer ce dossier, n’ai mené une enquête de fond en s’adressant après la fin de non-recevoir de Xavier Musca aux repreneurs lui-même pour qu’il puisse porter à notre connaissance les éléments qui nous font cruellement défaut dans ce dossier et qui semblent pourtant avoir éclairé nombre de participants de la réunion du mardi 10, à savoir le véritable plan de reprise du Consortium régional, ces investisseurs tant vilipendés qui ,bien qu’étranger au monde de la banque, ne le sont pas à celui des affaires, ils seraient même plutôt aguerris à la création de valeur, prenons le pari que l’Etat actionnaire ne s’en plaindra pas.
Il convient également de bien distinguer l’actionnariat du management d’une entreprise. Le projet est bien d’avoir un consortium régional fort dans son implantation et son savoir faire local, qui donnera très certainement les moyens financiers nécessaire au développement annoncé mais qui saura en même temps s’appuyer sur un management professionnel compétent existant mais également appuyer par des banquiers recruté sous l’œil avisé du cédant. Le Crédit agricole se faisant, semble t il fort d’accompagner, comme tout cédant qui se respecte le cessionnaire dans ce challenge. C’est aussi pour cela que contrairement aux allégations de précipitation le Crédit agricole et le Consortium ont sollicité un délai raisonnable de 3 mois pour confirmer dans un climat apaisé bien au delà du deuxième tour des élections l’ensemble des conditions et exigences posées par les autorités de tutelles. Ce que certains voudraient faire passer pour de l’hésitation ou de la tergiversation est à mon sens plus une marque d’assurance empreinte de d’une détermination à respecter chaque étape. Les raisons de la vente par le Crédit agricole étant publiques depuis plus d’un an, il nous semblait intéressant de connaitre plutôt du Projet de reprise du consortium. Probablement Laurent Mauduit nous réserve-t-il cela pour un prochain épisode de ce feuilleton austral. Un bon journalisme d’investigation n’échappera pas à son devoir d’éclairer son lecteur … même avec le soutien et le parti pris de vieux banquiers de la place ou d’ex-ténors de la micro finance en rupture de ban mais toujours prompt à rendre service.