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Billet de blog 1 janvier 2022

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LA RECONSTRUCTION CONVIVIALE : L'autre possibilité, une structure conviviale...

Ivan Illich auteur du livre "La convivialité" veut qu'on tienne ses pages (en l'occurrence les pages 43-46) pour inachevé, modifiable par l'expérience à venir.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un société conviviale est une société qui donne à l'homme la possibilité d'exercer l'action la plus autonome et la plus créative, à l'aide d'outils moins contrôlables par autrui.

La productivité se conjugue en termes d'avoir, la convivialité en termes d'être.

Tandis que al croissance de l'outillage au-delà des seuils critiques produit toujours plus d'uniformisation réglementée, de dépendance, d'exploitation et d'impuissance, le respect des limites garantirait un libre épanouissement de l'autonom.ie et de la créativité humaines.

Il est bien clair que j'emploie le terme d'outil au sens le plus large possible d'instrument ou de moyen, soit qu'il né de l'activité fabricatrice, organisatrice ou rationalisante de l'homme, soit que, tel le silex préhistorique, il soit simplement approprié par la main pour réaliser une tâche spécifique, c'est à dire mis au service d'une intentionnalité.

Un balai, un crayon à bille, un tournevis, une seringue, une brique, un moteur sont des outils au même titre qu'une automobile ou un  téléviseur.

Une usine de cassoulet ou une centrale électrique, qui sont des institutions productrices de biens, entrent aussi dans la catégorie de l'outil.

IL faut également ranger dans l'outillage les institutions productrices de services comme l'école, l'organisation Médicale, la recherche, les moyens de communication ou les centres de planification.

Les lois du mariage ou les programmes scolaires façonnent la vie sociale au même titre que le réseau routier.

La catégorie de l'outil englobe tous les instruments raisonnés de l'action humaine, la machine et son mode d'emploi, le code et son opérateur, le pain et les jeux du cirque.

On voit que le champ couvert par le concept d'outil varie de culture à culture.

Il dépend de la prise qu'une autre société donnée exerce sur sa structure et son environnement.

Tout objet pris comme moyen d'une fin devient outil.

L'outil est inhérent à la relation sociale. Lorsque j'agis en tant qu'homme, je me sers d'outils. Suivant que je le maîtrise ou qu'il  me domine,

l'OUTIL ME RELIE AU CORPS SOCIAL !!!

Pour autant que je maîtrise l'outil, je charge le monde de mon sens ; pour autant que l'outil me domine, sa structure me façonne et informe la représentation que j'ai de moi même.

L'outil convivial et celui qui me laisse la plus grande latitude et le plus grand pouvoir de modifier le monde au gré de mon intention.

L'outil industriel me dénie ce pouvoir ; bien plus, à travers lui, un autre que moi détermine ma demande, rétrécit ma marge de contrôle et régit mon sens.

La plu part des outils qui m'environnent aujourd'hui ne sauraient être utilisés de façon conviviale.

L'outil est à la fois instrument de contrôle et transmetteur d'énergie.

L'homme dispose, on le sait, de deux types d'énergie celle qu'il tire de lui-même (ou énergie métabolique) et celle qu'il puise à l'extérieur.

Il manie la première, il manipule la seconde.

C'est pourquoi je distinguerai de même entre l'outil maniable et l'outil manipulable.

L'outil maniable adapte l'énergie métabolique à une tâche spécifique.

Il est multivalent, comme le silex originel, le simple marteau ou le couteau de poche.

Il est univalent, et hautement élaboré, comme le tour de potier, le métier à tisser, la machine à coudre à pédale ou la fraise du dentiste.

L'outil maniable peut atteindre à la complexité d'une organisation de transports qui tire de l'énergie humaine le maximum de mobilité - tel un système de vélos et de tricycles auquel correspondrait un réseau de pistes cyclables peut-être couvertes et de stations d'entretien.

L'outil maniable est conducteur d'énergie métabolique ; la main, le pied ont prise sur lui.

L'énergie qu'il réclame est productible par quiconque mange et respire.

L'outil manipulable est mû, au moins en partie, par l'énergie extérieure.

Il peut servir à multiplier l'énergie humaine : les bœufs tirent la charrue, mais pour la guider il faut un laboureur 😎 !!!

De même un monte-charge ou une scie électrique conjugue l'énergie métabolique avec l'énergie exogène.

Cependant l'outil manipulable peut dépasser l'échelle humaine.

L'énergie fournie par le pilote d'un avion supersonique ne représente plus une part significative de l'énergie consommée en vol.

Le pilote est un simple opérateur, dont l'action est régie par les données qu'un ordinateur digère pour lui.

Il y a encore quelqu'un dans le cockpit parce que l'ordinateur est imparfait, ou parce que le syndicat des pilotes de ligne est puissant et organisé.

L'outil est convivial dans la mesure où chacun peut l'utiliser, sans difficulté, aussi souvent ou aussi rarement qu'il le désire, à des fins qu'il détermine lui-même.

L'usage que chacun en fait n'empiète pas sur la liberté d'autrui d'en faire autant.

Personne n'a besoin d'un diplôme pour avoir droit de s'en servie ; on peut le prendre ou non.

Entre l'homme et le monde, il est conducteur de sens, traducteur d'intentionnalité.

Certaines institutions sont, structurellement, des outils conviviaux et ce, indépendamment de leur niveau technologique.

Le téléphone en est un  exemple.

A la seule condition de pouvoir acheter un jeton, chacun peut appeler le correspondant de sn choix, pour lui dire ce qu'il veut : les dernières informations boursières, des injures ou des paroles d'amour.

Aucun bureaucrate ne pourra fixer d'avance le contenu d'une communication ; tout au plus, pourra t-il en violer le secret ou au contraire le protéger.

Quand des ordinateurs infatigables gardent occupées plus de la moitié des lignes californiennes et, de ce fait, restreignent la liberté de communications personnelles, c'est la compagnie téléphonique qui est fautive car elle détourne l'exploitation d'une licence concédée à l'origine pour donner la parole aux personnes.

Quand une population entière se laisse intoxiquer par un usage abusif du téléphone et perd ainsi l'habitude d'échanger des lettres ou des visites, l'erreur tient à ce recours immodéré à un nouvel outil, convivial par essence, mais dont la fonction est dénaturée par une fausse extension de son champ d'action. 

L'outil maniable appelle l'usage convivial.

S'il ne s'y prête pas, c'est que l'institution en réserve l'usage au monopole d'une profession, comme on le fiat par exemple en plaçant les bibliothèques dans l'enceinte de l'école ou en décrétant que l'extraction des dents et autres simples interventions sont des actes médicaux réalisables par les seuls spécialistes. 

Mais l'outil peut aussi être l'objet d'une sorte de ségrégation ; c'est le cas lorsque des moteurs sont conçus de telle sorte qu'on ne puisse y faire soi-même de menues réparations avec u e pince et un tournevis. 

Le monopole de l'institution sur ce type d'outils maniables est un abus, il pervertit l'usage de l'outil, mais celui-ci n'en est pas dénaturé pour autant, pas plus que le couteau du meurtrier ne cesse d'être un couteau.

Le caractère convivial ou on de l'outil ne dépend pas en principe de son niveau de complexité.   

Ce qui vient d'être dit au téléphone pourrait être répété point par point au sujet du système des postes, ou de celui des transports fluviaux en Indochine.

Chacun de ces systèmes es une structure institutionnelle qui maximise la liberté de la personne, même s'il peut être détourné de sa fin et perverti dan son usage.

Le téléphone est le produit d'une technique avancée ; les postes peuvent fonctionner  à divers niveaux techniques, mais elles exigent toujours beaucoup d'organisation ; le réseau des canaux et des pirogues intègre une programmation minimale, dans le cadre d'une technique coutumière.    

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