Or cette coquetterie lui confère une puissance cachée.
C’est l’ISIS des Temps modernes.
Dès le début du premier Conte c’est une voix qu’on perçoit « in petto ».
Celle des vieux Conteurs le soir autour de l’âtre.
Soudain l’émerveillement de nos souvenirs d’enfance sent battre ses
ailes et prend son envol.
Il va droit vers ce lieu secret qui seul nous appartient
comprenant l’objet qui l’a provoqué ou en revenant aux choses
« sérieuse » non !
La hauteur de pensée de l’auteur est trop grave pour être sérieuse.
La légèreté et le jeu sont plus graves et les enfants nous l’ont
appris.
Aussi ce n’est que superficiellement qu’ils sont superficiels !
Rappelez vous cette intrépide jeune fille que fut Jacqueline de
Romilly capable de nous faire connaître le grand frisson avec l’historien
de la guerre du Péloponnèse Thucydide, telle aussi l’insolence de l’esprit
rabelaisien capable de faire tomber les murs de Jéricho.
L’énorme éclat de rire qui traverse l’œuvre de Rabelais fait écho avec
l’esprit général des Contes.
Torticulis est toujours présent. Il se dresse du haut de son pouvoir
Telle la Voix de l’Oracle. La clé de la partition est encore gravée dans le
mur du Temple d’Apollon : garde la mesure. Elle est sacrée.
Face à elle Phusis sent le soufre et la terreur sacrée qu’elle dégage,
terreur aux énergies sombres des fumigations de la Sibylle résonne avec
la Pythie de Delphes, sorte de chamane ou médium
Capable d’entrer en transe tels dans les rituels bantous du Sénégal ou
de Mongolie.
La musique y est un outil essentiel.
Elle exorcise les âmes possédées par les puissances sataniques.
Dionysos est à craindre.
Et d’où tire t-elle cette puissance ?
Par la vibration !
C’est là où l’image de l’Aurige devient symbole. Aux Jeux Olympiques
il doit montrer sa force en maîtrisant son quadrige.
Il devient évident que Torticulis en conjurant les forces paniques des
Joyeux guerriers fait figure d’Aurige.
De même que la Pensée Pharaonique ne s’exprime pas en théorie, le
Pouvoir du Torticulis se fait « Œuvre » !
Profane certes. Mais…Qui sera assez téméraire pour trouver la limite ?
Et le brave chanoine Escamillo sorte d’aurige spirituel officiant
au milieu de ses cattleyas ne mesure-t-il pas parfois la fragilité de sa foi
au moment où il implore l ‘assistance du Seigneur pour ses brebis
égarées ?
Nous sommes le Champ clame la Physique. Et le principe d’intrication
Nous révèle des connexions magiques.
Ces énergies opposées trouvent leur équilibre dans le Yin Yang.
Il harmonise les contraires…
Torticulis en cela qu’il est aussi une fontaine de jouvence conjurant les
forces paniques synthonise les énergies lourdes.
Il est aussi Symboletel Yin Yang !
Son pouvoir fait de lui l’Aurige sacré.
Au décours des cinquante Contes il lèvera son voile et fera
vivre par translation un parcours initiatique à tous ceux qui l’honoreront.
Depuis les fringants Guerriers de la Joie jusqu’à Phébus à la Verge d’Or
en passant par l’exotique Jéronimo exsudant musc et poivre tellurique
chacun vient s’y ressourcer.
Fontaine de Jouvence où se brûlent les mémoires et se reprogramment
les cellules.
Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier.
Les cinquante Contes tels des perles évoquent de façon
flamboyante le « collier de perles d’Indra » des Bouddhistes et son
corollaire en Occident avec la fameuse « Catena Aurea » de St Thomas
d’Aquin en résonance harmonieuse avec la Physique quantique (théorie
du Bootstrap).
Ailleurs dans les stratosphères Satan est à la barre face à ses
multiples écrans. Ses ordinateurs quantiques surpuissants performent
les algorithmes les plus hallucinants qu’il programme.
Ouroboros est le bras armé. Cette sorte de dragon aux anneaux mobiles
couronnés d’antennes superpuissantes est la star des stratosphères.
Mais revenons aux fondamentaux.
À l’instar du roman de Laurence Sterne l’histoire commence au cœur
du texte. Le lecteur doit se perdre dans le labyrinthe de moult
circonvolutions rocambolesques qui évoluent dans un imaginaire ludique
Aux frontières du fictif, du virtuel et du merveilleux.
L’animisme génétique de l’auteur s’y fourvoie avec la fureur divine
du « Gottliche Schelm », ce fripon divin ou « Fou du Roi » que les
Ashuars d’Amazonie appellent « HEYOKA ».
Chacun des personnages va jouer sa partition. Tel le défilé de mode
fellinien ils vont lâcher prise dans une folie joyeuse.
Bref, le Torticulis est à lui seul une médecine et une médecine qui se
déploie en un Temps où les esprits sont omniprésents, infinis et
immortels. Une médecine qui nous conduit au-delà des modèles corps-
esprit car elle repose sur le potentiel curatif de la conscience non locale.
À l’instar des bols de cristal Tibétains Torticulis reconnecte à l’Énergie
Cosmique.
Torticulis représente une médecine holistique kaléidoscopique :
« À l’instar de ce robot humanoïde, ce « Transformer ou Animorph »
cher à Deleuze, il pouvait prendre toutes les formes de l’imagination. »
La multiplicité de ses vibrations (via les différents personnages
constituant son environnement social) crée une sorte de musique des
sphères conduisant vers l’ «UN ». Chacun va toucher son Essence.
Par souci d’équilibre le genre féminin s’épanouira dans un autre espace
Le « Temple des petites mains heureuses ».
Seule la Comtesse en quête d’autres formes de rédemption cherche à
travers les sagesses orientales une voie d’épanouissement échappant
ainsi aux troubles et turbulences des âmes.
La musique populaire est largement représentée comme un leit motif.
Et ce sont les accents joyeux de :
« Merrily we Roll Along »…Qui mettent un point final aux aventures
rocambolesques du Torticulis.
Linden BLOSSOM