PREMIER AMOUR,
Des dieux, l‘excès de volupté agaçait l’air marin…
Au port, t’en souviens-tu ?
Les tamarins
Mollement s’entre berçaient sous l’or acide des
citronniers. Moi, flèche ivre et folle, vers toi
volais….
T’en souviens-tu ?
Traversée des feux d ‘ insoutenable attente, je
brûlais.
Matière vibrante, écoutant fondre des rêves. Des
rêves qui venaient de cette rive obscure,
Où,
Coulées dans le bronze, sommeillaient les ivresses
à venir…
Bientôt tu t’annonçais,
Splendide,
dans l’étoilé vertige des jasmins.
Loin du rivage placide, l’âpre sentier étonné
d’asphodèles soutenait notre envol.
Au cloître secret nous confiions nos folies…
Souviens-t’en !
L’ arcade byzantine, ouvrant son cœur de pierre au
myrte ensorcelé,
A des amours divines élevait nos langueurs.
O comme il m’en souvient t !…
Nulle âcreté dans le reflux du Temps.
On se donnait trop vite.
Serpentins légers, ou cabotins délires,
Nous passions de nous-mêmes à ce que voulions
être,
Dans l’innocence nue d’une brise d’été…
Quand parfois je m’en vais au jardin de la grâce,
J’ y retrouve ton âme,
Et l’entends bruire à mes côtés….
LINDEN BLOSSOM